Les entreprises vent debout contre l'abandon de l'A45
# Transport # Infrastructures

Les entreprises vent debout contre l'abandon de l'A45

S'abonner

Confirmée par la ministre des Transports Elisabeth Borne, l'annonce de l'abandon du projet d'autoroute A45 entre Saint-Etienne et Lyon a fait l'effet d'une bombe auprès des milieux économiques.

Photo : DR

C'est désormais officiel ! Dans une interview parue ce jeudi 18 octobre dans Le Progrès, la ministre des Transports Elisabeth Borne a confirmé l'abandon du projet d'autoroute A45 entre Saint-Etienne et Lyon. Une nouvelle qui, même si elle était pressentie depuis plusieurs semaines, a fait l'effet d'une bombe auprès des milieux économiques.

"Une erreur historique"

Dans un communiqué, le Collectif A45 (CCI, CMA, Medef, CPME, organisations patronales du BTP, de l'Industrie, des transports…), porte-parole des 120 000 entreprises que compte le bassin économique constitué par les Métropoles de Saint-Etienne et Lyon, dénonce "une erreur historique".

"Trahi" par l'Etat qui "ne respecte pas les engagements pris par trois présidents de la République", le Collectif A45 évoque une décision "scandaleuse pour les entreprises, dont la compétitivité est pénalisée par des centaines de milliers d'heures de travail perdues sur une A47 paralysée".

« Le problème, ce n'est pas tellement pour les patrons. Nous avons la chance de pouvoir choisir plus ou moins nos horaires. Mais je pense à tous les salariés, qui subissent les bouchons au quotidien, arrivent en retard au boulot, à leurs rendez-vous professionnels ou sur des chantiers. Hier, mes enfants ont mis 2h40 pour faire Lyon-Saint-Etienne. J'ai mis presque le même temps depuis Lyon pour descendre à Marseille », illustre le Stéphanois Eric Digonnet, dirigeant associé de Flyin'Lyon (4 M€ de CA), la franchise lyonnaise du spécialiste de la chute libre indoor iFly.

Une catastrophe pour l'image et l'attractivité

Directeur général de la société appelouse Clextral (62 M€ de CA), Georges Hallary s'inquiète également des retombées en termes d'image et d'attractivité d'une telle annonce. « C'est une très grosse déception. Quelle image je donne de la région à mes visiteurs internationaux, clients ou prospects, qui débarquent à Saint-Exupéry pour venir à Firminy ? Et je ne vous parle pas de la difficulté en termes de recrutement pour attirer des talents nationaux dans notre usine », peste le spécialiste de l'extrusion bivis.

« Il n'y a aucune alternative crédible. En abandonnant l'A45, on casse la dynamique entre Lyon et Saint-Etienne. »

« C'est une vraie catastrophe pour l'attractivité du territoire. Je ne comprends d'ailleurs pas que les élus lyonnais n'y soient pas plus sensibles. On sait très bien que le développement de la métropole lyonnaise au sein d'Auvergne-Rhône-Alpes se trouve à l'ouest, avec la Loire et la Haute-Loire. En abandonnant l'A45, on se coupe de ce développement et on casse la dynamique entre Lyon et Saint-Etienne. Surtout qu'en face, il n'y a aucune alternative crédible », estime Eric Digonnet.

Pas d'alternatives crédibles

Et ce n'est pas la rénovation de l'A47 et l'amélioration de la liaison ferroviaire entre Saint-Etienne et Lyon, envisagées par la ministre des Transports, qui risquent de faire changer d'avis les entreprises. « Ce n'est pas parce que l'on va multiplier par deux le nombre de trains que l'on réduira le trafic sur l'A47, s'insurge Pascal Tardy, dirigeant de Sicam (2,2 M€ de CA), une PME spécialisée dans la climatisation pour les bâtiments modulaires. On ne peut pas obliger les gens à prendre le train. Et puis les arguments écologiques sont de la foutaise. L'impact des voitures qui circulent en étant quasiment à l'arrêt sur l'A47 est bien plus important que celui de l'A45. Quant à la rénovation de l'A47, s'il s'agissait d'une alternative crédible, pourquoi cela n'a pas été fait avant ? »

Une question qui trouve sans doute un début de réponse dans un rapport commandé par la Région en avril 2016. Rapport qui indique qu'une rénovation partielle de l'A47 nécessiterait la coquette somme de 950 M€ et pas moins de dix ans de travaux, sans aucune garantie de résoudre les événements à l'origine du blocage du trafic... comme les 400 accidents par an !

Loire Rhône Saint-Étienne Lyon # Transport # Infrastructures