Aéroport : Piste glissante pour les collectivités

Aéroport : Piste glissante pour les collectivités

S'abonner
L'aéroport de Saint-Étienne Bouthéon a toujours été une problématique pour les collectivités locales. Si la fréquentation a augmenté grâce au low-cost en 2010, faut-il poursuivre cette stratégie de développement? Une question à trancher par le futur syndicat mixte.
— Photo : Le Journal des Entreprises

Après la CCIT de Saint-Étienne/Montbrison et le conseil général de la Loire, Saint-Étienne Métropole a approuvé, le 10janvier, le principe de création d'un syndicat mixte pour assurer la gestion de l'aéroport de Saint-Étienne Bouthéon. Les communautés de communes de Loire Forez et du Pays de Saint-Galmier devraient leur emboîter le pas dans les semaines à venir.




Les collectivités s'engagent

Réclamé depuis plusieurs années par la CCIT, gestionnaire de l'équipement, ce syndicat mixte va conduire les collectivités à s'impliquer davantage dans le développement futur de l'aéroport. «Les acteurs publics auront la possibilité de faire valoir leurs voix sur les orientations stratégiques, et sur la manière dont est dépensé l'argent public», explique Saint-Étienne Métropole dans un communiqué. Outre l'acquisition du site et des infrastructures pour un montant de 6,5M€, les collectivités s'engageront, chacune dans leur proportion (40% CG, 23% SEM, 22% CCIT, 9% Pays de Saint-Galmier et 6% Loire Forez), à couvrir le déficit de fonctionnement de l'aéroport. Un engagement financier qui risque de rendre les débats sur les orientations stratégiques à suivre particulièrement houleux. En effet, si les collectivités semblent aujourd'hui toutes d'accord pour dire que l'aéroport est un équipement structurant pour l'attractivité économique de l'agglomération et un formidable outil de gestion pour des entreprises comme Casino, Zannier ou l'ASSE, reste à savoir dans quelles proportions elles comptent le développer dans les années à venir.




Fréquentation en hausse

Depuis 2008, la CCIT s'est attachée à développer les charters et le low-cost pour permettre à l'aéroport de retrouver une fréquentation digne de ce nom. Tombée à moins de 10.000 passagers en 2008 (après la fermeture de la liaison vers Paris), cette dernière est remontée à 24.500 en 2009 avec la mise en place de la ligne Ryanair à destination de Porto (3 vols hebdomadaires aujourd'hui). Au mois de septembre dernier, l'arrivée de Pegasus airlines sur le tarmac stéphanois (4 vols hebdomadaires vers Istanbul) est venue conforter cette stratégie puisque l'aéroport a franchi en 2010 la barre des 64.000 passagers. «Le pari des charters et des low-cost sont deux démarches qui ont porté leurs fruits. Pour 2011, on vise les 100.000 passagers», indiquait récemment André Mounier. Un objectif qui pourrait facilement être dépassé si les «contacts avancés», évoqués par le président de la CCIT, avec Wizz Air pour des liaisons vers la Pologne et l'Ukraine, et Tunisair pour la Tunisie venaient à se concrétiser dès cette année.




Le low-cost coûte cher

Le problème de cette stratégie, c'est qu'elle a un coût non négligeable pour les collectivités. Pour s'attirer les faveurs des compagnies low-cost, habituées à faire jouer la concurrence entre les aéroports, ces dernières sont contraintes d'octroyer des subventions qui ressemblent de plus en plus à des ponts d'or. Au final, miser sur les low-cost pour augmenter la fréquentation de l'aéroport revient aussi à creuser son déficit d'exploitation. Le rapport du cabinet Inéair commandé par Saint-Étienne Métropole met très bien en évidence le mécanisme. Pour un volume annuel de passagers compris entre 170 et 180.000, le déficit atteindrait 2,2 à 2,3M€, contre 1,5 à 1,6M€ pour un trafic compris entre 40 et 50.000 passagers.




Risque de dumping

Ce déficit pourrait d'ailleurs s'accroître dans la mesure où l'aéroport de Saint-Étienne Bouthéon et celui de Saint-Exupéry ont mis un terme à leur accord de partenariat en 2009. La mise en place de la ligne Ryanair vers Porto, déjà proposé par Easy Jet à Lyon, n'est sans doute pas étrangère à cette décision. Désormais en concurrence frontale, les deux aéroports risquent d'être de plus en plus soumis aux dictats des compagnies low-cost en matière d'aides financières. Dans ce contexte, on peut se demander si nos collectivités ont intérêt à poursuivre le développement des low-cost au risque d'y laisser leur chemise. Du côté de Saint-Étienne Métropole, Maurice Vincent a déjà prévenu que la contribution au déficit d'exploitation sera plafonnée à 400.000€ par an.