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Sysark : un robot pour préparer des seringues radioactives
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Sysark : un robot pour préparer des seringues radioactives

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Ancien manipulateur en radiologie médicale, Guénolé Mathias-Laot a développé un robot pour limiter les risques liés à l’exposition des soignants lors de la préparation de médicament radioactif et renforcer la sécurité des patients. Pour s’imposer sur ce marché de niche, Sysark s’apprête à boucler une levée de fonds.

« Ce robot permet de gagner sur tous les tableaux : radioprotection, productivité et sécurité », assure Guénolé Mathias-Laot — Photo : © Jean-François Michel

Le créateur

Diplômé d’un master en ingénierie biomédicale de la faculté de médecine de Nancy et d’un master d’administration des entreprises de l’IAE de Nancy, Guénolé Mathias-Laot, né en 1991, a exercé dans des services de radiothérapie et de médecine nucléaire en tant que manipulateur en radiologie médicale. Une première partie de carrière qui l’amène à constater que les soignants, dans ces services, sont souvent exposés à des risques liés à la manipulation de produits radioactifs. « Ces produits servent pour des examens très courants, comme des scintigraphies », précise Guénolé Mathias-Laot. « Une des tâches du manipulateur radio consiste à préparer la seringue qui sera utilisée, en réalisant à la main le dosage de la quantité de radioactivité qui sera injectée au patient. » Déficit de traçabilité, exposition pour le soignant, risque d’erreur pour le patient, Guénolé Mathias-Laot comprend qu’il y a là une « situation qui n’est satisfaisante pour personne ».

Le concept

La société Sysark, présidée par Guénolé Mathias-Laot, a mis au point un robot de préparation de seringue contenant un vecteur biologique et du produit radioactif : concrètement, le manipulateur n’a plus qu’à déposer les produits dans un réceptacle, et le robot livre la seringue toute prête, au bon dosage. « On y gagne sur tous les tableaux », assure le dirigeant. « Radioprotection, productivité et sécurité. » Pour arriver à ce résultat, qui a demandé 4 années de développement, Guénolé Mathias-Laot a su s’entourer. D’un associé pour commencer, avec Quentin Thomas, ingénieur spécialisé en conception, mais aussi de l’ensemble des ressources disponibles dans l’écosystème de l’innovation lorrain : l’incubateur lorrain, la SATT Sayens, le Centre de recherche en automatique de Nancy, le Pôle entrepreneuriat étudiant de Lorraine, ainsi que le CHU de Nancy. Créée officiellement en juin 2018, Sysark pourra s’appuyer sur une étude clinique financée par le CHU de Nancy, visant à mesurer l’impact de l’utilisation du robot sur la dosimétrie des utilisateurs.

Les développements

Pour arriver à mettre le robot sur le marché, Sysark a dû rassembler 500 000 €, dont 250 000 € financés par la SATT pour maturer le projet. La start-up, qui emploie aujourd’hui 7 personnes, s’apprête maintenant à boucler une levée de fonds pour un montant qui devrait approcher le million d’euros, dont la moitié en dette et l’autre moitié en capital investissement. Un premier tour de table qui sera bouclé grâce à des investisseurs locaux, comme Yeast, un réseau de business angels, mais aussi des médecins intéressés par le projet, ainsi que le fonds dédié à l’amorçage, Finovam. « Concrètement, nous achetons du temps. On a l’appétence marché, maintenant, il faut structurer le réseau commercial pour vendre », précise Guénolé Mathias-Laot. Présenté à un prix catalogue de 80 000 €, le robot intéresse déjà plus d’une dizaine de centres de médecine nucléaire en France. « Nous serons rentables l’année prochaine », assure le dirigeant de Sysark, qui veut aussi surveiller de prêt l’impact carbone de sa société, en investissant par exemple dans une flotte électrique pour assurer les livraisons.

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