Comme la majorité des commerçants de proximité nancéiens, la PME Davy Dao a dû fermer sa boutique de vêtements dès le premier jour du deuxième confinement. En revanche, les lignes de production continuent de tourner. Jeans, vestes, pulls et chaussettes : la fabrication se poursuit chez son fournisseur de Troyes et dans son nouvel atelier de 540 m² à Maxéville, près de Nancy.
Une solidarité économique et sanitaire
Si son activité est perturbée par le reconfinement, Davy Dao, fondateur de la société qui porte son nom, veut aider les entreprises qui souffrent le plus. Pour nourrir ses équipes, le dirigeant de 40 ans a décidé de faire appel aux restaurateurs locaux. Malgré les fermetures contraintes, certains assurent des livraisons. Ainsi, pendant tout le mois de novembre, il s’est engagé à prendre en charge les repas de ses 13 salariés à hauteur de 90%. « Pour le restaurateur, c'est un gain de 150 à 200 euros à chaque fois, détaille le créateur de mode. Nous encourageons toutes les entreprises à faire de même pour un effet boule de neige. Comme nous n’avons pas de gros soucis financiers, nous nous devons de faire cet effort. C’est notre façon à nous de soutenir les commerces du coin ».
En effet, l’entreprise créée en 2012 se porte bien. Sa croissance est à deux chiffres depuis trois ans et l’année 2020 restera dans les annales avec 2,3M€ de chiffre d'affaires, soit dix fois plus que l’exercice précédent. Comment expliquer cette envolée ? « Tout est parti des masques », répond le Nancéien. Début mars, l’atelier de jeans s’est transformé en fabrique de masques pour les offrir aux personnels soignants. Trois semaines plus tard, le conseil départemental de Meurthe-et-Moselle passe une commande vertigineuse de 200 000 unités certifiées. Une usine est créée de toutes pièces à Maxéville. La fusée Davy Dao peut décoller. « Du jour au lendemain, de nouveaux clients se sont intéressés à notre cœur de métier : la mode éthique et durable ». Résultat : la boutique de vêtements a fait le plein tout l’été.
Un engagement local et environnemental
L’origine du succès réside, en partie, dans la matière utilisée : le coton bio et recyclé. Pour ne plus le faire venir du Japon et donc diminuer son empreinte carbone, Davy Dao s’engagera prochainement avec des fournisseurs européens. Sans oublier son produit phare : le jean en lin. Cultivée entre Caen et Dunkerque, l’espèce a l’avantage de consommer peu d’eau. Le produit est ensuite tissé dans les Vosges et à Montbéliard. Une douzaine de PME sont ainsi sollicitées dans la région. « Une deuxième collection arrivera au printemps, glisse le patron. Mais avant, nous préparons Noël de pied ferme. Confinés ou pas, nous sentons un vrai regain de patriotisme commercial chez nos clients ».
Pour répondre à la demande dans ce contexte sanitaire, un système de click and collect est mis en place. Sont également annoncées la création d’un site internet flambant neuf et l’embauche d’un spécialiste en marketing et communication. Quant à la production de masques, Davy Dao n’en a pas terminé. Rendue obligatoire pour les plus de six ans à l’école, la protection est de nouveau sollicitée par les parents. Mise en sommeil pendant plusieurs semaines, la production de masques est relancée : près de 15 000 unités d’ici la fin de l’année.
