« En ce moment, on ne fait pas les malins », confie Guy Bœuf. En raison de la crise liée au Covid-19, le PDG du groupe spinalien Bragard (CA : 30 M€ ; effectifs : 200) anticipe une perte de chiffre d’affaires d’environ 50 % pour 2020 et compte une grande partie de ses salariés en activité partielle. « La torpeur est partout. Des investissements ont été gelés et nous avons signé des accords pour protéger nos personnels. Nous avons un savoir-faire exceptionnel, il faut absolument le préserver ».
En dépit des difficultés, le fabricant de vêtements pour les professionnels de la restauration et de l’hôtellerie, ne délaisse pas ses engagements caritatifs : dons à l’association Emmaüs 88, aide financière pour le CFA de Gérardmer et ventes aux enchères en soutien à plusieurs associations ainsi qu’à la fondation Paul Bocuse qui accompagne les jeunes dans le métier. « Nous avons une responsabilité de marque et ce n’est pas un événement dramatique comme l’épidémie qui va remettre en cause nos actions, poursuit Guy Bœuf. Au contraire, la période que nous vivons nécessite que nous en fassions encore plus », ajoute Laura Collot, cheffe de produit.
Responsabilité sociétale
La preuve encore cet hiver avec la distribution de polaires haut de gamme aux sans-abri, en partenariat avec l’Université de Lorraine et l’entreprise nancéienne Tricoteur 4F. Au lancement de l’opération en 2018, Bragard avait distribué 150 vestes dans quelques villes de la région. Elle s’apprête désormais à en donner plus de 500 dans tout le Grand Est mais aussi à Paris, Lyon et Stuttgart. L’initiative pourrait même revêtir une envergure internationale dès l’an prochain, via les sept filiales du groupe spinalien. « Le but est de montrer que nous pouvons être utiles en dehors du business », glisse Guy Bœuf. « Et si nous pouvons donner des idées à d’autres, c’est encore mieux, abonde Cécile Gindre, cheffe de projets. Par exemple, la marque vosgienne Bleuforêt donne des chaussettes et une association de marcheurs locaux tricote des bonnets ».
Pour ses doudounes comme pour le reste de sa production, Bragard souhaite privilégier les fournisseurs locaux. Un partenariat a d’ailleurs été signé avec la préfecture afin de revitaliser le tissu économique du département. « L’éco-responsabilité est un de nos grands objectifs en matière de RSE », explique Cécile Gindre. « Nos chutes de tissus sont transformées en pochettes pour les masques ou en emballages pour les magasins. Nous récupérons également les vestes de nos clients à Lyon, Paris et Milan pour leur donner une nouvelle vie ». Par ailleurs, plusieurs industriels vosgiens sont sollicités pour élaborer une nouvelle filière de recyclage des fibres. « Nous avons des produits à base de polyester recyclé et de coton bio, rappelle Guy Bœuf. Nous voulons être cohérents avec nos clients car, eux aussi, utilisent des produits locaux et bios ».
Désormais paralysés par les fermetures administratives, ces clients bénéficieront bientôt d’un coup de pouce de la part de leur fournisseur. À travers son opération « Un chef (fe) pour deux », Bragard vient de débloquer pour chacun de ses 200 salariés et une personne de leur choix, une enveloppe supérieure au ticket moyen de la restauration en France. Un objectif : remplir les restaurants, dès que possible.
