C'est l'histoire de trois professionnels nantais qui regrettaient de voir sur des chantiers "des déchets stockés à même le sol ou mélangés dans des bennes". Édouard Lefevre, directeur général du cabinet de géomètre-expert Ageis, Olivier Humeau, fondateur et PDG de Solution Recyclage, et Quentin Charoy, ex-directeur régional Loire-Atlantique-Vendée de Saint-Gobain, ont donc lancé il y a deux ans leur entreprise, Tri'n'Collect (31 salariés, chiffre d'affaires non communiqué), à Saint-Herblain près de Nantes.
Elle va atteindre cette année les 1 600 tonnes (16 000 m³) de déchets du BTP revalorisés, contre 207 tonnes en 2020, et 615 tonnes d'émissions en CO2 évitées. Soutenue par l'Ademe, la PME affiche comme partenaire industriel principal Saint-Gobain et prévoit des "dizaines d'embauches" en 2022.
Des stations de tri sur les chantiers
"Nous sommes sur des déchets pas si compliqués que cela à recycler, qui sont quasiment toujours les mêmes", relate Quentin Charoy, cofondateur. Contrairement à ses principaux concurrents, les mastodontes Veolia ou Suez, Tri'n'Collect n'utilise pas de bennes, dont le contenu est souvent trié a posteriori, mais des stations de tri sur chantier avec des panneaux explicatifs. Un tri "à la source" qui s'avère plus efficace et plus fin. Cartons, palettes, gravats, mousses, ferrailles, etc : treize catégories de matériaux se côtoient pour un taux de recyclage et de valorisation qui s'élève à 90 %. Seule exception notable, les déchets dangereux, qui ne sont pas pris en charge.
"Quand vous donnez l'opportunité aux gens de trier en les formant, ils le font majoritairement. Nous parions sur l'humain, poursuit Quentin Charoy. Nous sommes plus proches des ouvriers de chantier parce que nous descendons du camion, nous allons sur le chantier, nous transférons les déchets à la main."
Forfait de gestion des déchets
Les déchets sont ensuite évacués et stockés en masse dans les dépôts Tri'n'Collect de Nantes, Lorient, Rennes, Angers, Bordeaux, La Roche-sur-Yon et bientôt Brest, avant leur envoi dans des filières de réemploi adaptées. Le bois devient par exemple un biocombustible, le plastique est régénéré, les chutes de laine de verre utilisées par des particuliers pour l'isolation, et les gravats transformés en base pour le revêtement des routes. Les statistiques enregistrées permettent de fournir ensuite un certificat de recyclage au client.
Pour chaque chantier, l'entreprise se met d'accord avec l'artisan, le constructeur ou le promoteur – le service ne s'adresse pas aux particuliers – sur un forfait de gestion des déchets et non sur un paiement au poids. Le ratio s'élève environ à 3 tonnes de déchets (soit 10 m³) pour 100 m2 de travaux. "Il y a un trou dans la raquette sur les petits flux, relève Quentin Charoy, "car au final, après calculs, nous sommes moins chers qu'une évacuation par bennes, sans parler des amendes."
