Docteur en robotique et spécialiste du mouvement, David Gouaillier a fondé, en 2018, à Nantes, la société Orthopus (9 salariés) avec l’ambition de rendre plus accessibles les solutions d’assistance robotiques pour les personnes atteintes d’une perte de mobilité du membre supérieur. "Alors que 15 % de la population mondiale est porteuse d’un handicap, 90 % de ces personnes ne peuvent s’offrir d’aides techniques, notamment en raison d’un prix trop élevé. Ce qui renforce leur exclusion et les enferme dans la pauvreté. L’industrie de la santé se caractérise par la recherche du profit, l’innovation exclusive et l’opacité. Avec Orthopus, nous voulons agir en faveur d’une santé plus inclusive, fondée sur des prix justes, l’innovation pour tous et la transparence vis-à-vis des utilisateurs", argumente David Gouaillier.
Des dispositifs médicaux à des prix accessibles
Depuis deux ans, Orthopus développe et teste, en partenariat avec des établissements de santé de la région nantaise, des assistants robotiques s’adressant aux personnes atteintes de myopathie, d’AVC, de maladies affectant la colonne vertébrale ou en cours de rééducation. "Les produits existants sur le marché sont chers et peu adaptables. Nos produits seront au contraire accessibles, utilisant des technologies robustes qui les rendent réparables. Ils sont aussi personnalisables grâce à l’impression en 3D et nous sommes transparents sur notre marge. Nous souhaitons proposer des prix deux fois moins chers que ceux du marché ", énumère le dirigeant.
Ces dispositifs médicaux seront fabriqués en France, près de Châteauroux, dans l'Indre. Le premier support de bras, qui sera suivi d’autres plus complexes en termes de robotique, sera commercialisé à partir de mars 2022. Un second produit devrait suivre en novembre. Ces dispositifs médicaux ciblent aussi bien le marché du BtoC, avec 30 000 personnes souffrant de troubles neuromusculaires en France, que celui du BtoB comprenant les établissements de santé et de rééducation, des associations comme l’AFM Téléthon… Ce dernier marché est estimé à dix millions d’euros en France. Orthopus envisage également de proposer ses assistants robotiques en location.
Levée de fonds
L'entreprise nantaise, qui vise la rentabilité à l’horizon 2024, prévoit de se déployer par étapes : d’abord en France, ensuite en Europe et, enfin, dans les pays émergents. Pour cela, le lauréat de Réseau Entreprendre Atlantique en 2020 prépare une levée de fonds de trois millions d’euros pour poursuivre sa R&D, industrialiser ses produits, recruter et attaquer le marché européen. Jusqu’à présent, l’entreprise a récolté 1,8 million d’euros auprès de Bpifrance, des banques et de deux investisseurs physiques : Bruno Maisonnier, fondateur de SoftBank Robotics, et Charles-Édouard Bouée, ancien dirigeant de la société de conseil stratégique Roland Berger. "Nous allons chercher des investisseurs à impact. Nous avons vocation à inventer de nouveaux dispositifs d’assistance dans le domaine de la santé", conclut David Gouaillier.
