Qu’on se rassure. Les phénomènes de surfréquentation observés sur les ponts du mois de mai dans certaines villes du littoral en Bretagne (Saint-Malo, Carnac, Bréhat…) - et qui se reproduisent en août principalement - ne sont que "ponctuels" informe Jessica Viscart, directrice adjointe en charge du pôle observatoire et développement de Tourisme Bretagne, à l’occasion de la présentation de l’enquête Reflet, dédiée à la fréquentation touristique en Bretagne, le 23 mai à Rennes. "La Bretagne ne connaît pas de tourisme de masse", souligne-t-elle. Une chance pour le territoire et les acteurs économiques qui vivent de la filière qui peuvent encore voir venir. D’autant que la Bretagne jouit d’une très bonne image de marque. Selon l’enquête, plus de 95 % des visiteurs sont satisfaits, voire très satisfaits de leur séjour ou de leur visite dans la région. "L’accueil, que ce soit par les professionnels du tourisme ou par la population est un véritable atout, tout comme le sont nos paysages, nos plages, notre patrimoine et notre gastronomie."
109 millions de nuitées
Après plusieurs mois d’enquête et près de 40 000 questionnaires analysés (retombées économiques, territoires de séjours, résidence secondaire, attentes des clientèles…), l’organisme rattaché à la Région Bretagne a livré plusieurs éléments éclairants sur la manière dont les touristes "consomment" le territoire. Des données précieuses pour les hôtels-restaurants et autres structures d’accueil locales pour nourrir leur stratégie en phase avec les attentes et les comportements des voyageurs.
Un premier constat : depuis près de 20 ans, le volume de nuitées touristiques reste relativement stable. 109 millions de nuitées ont été comptabilisées en Bretagne en 2022, permettant à la région de renouer avec les niveaux de fréquentation d’avant-crise sanitaire. La clientèle, elle, évolue. La Bretagne est fréquentée majoritairement aujourd’hui par des... Bretons, sinon des résidents des Pays de la Loire ou de Normandie (36 % des nuitées). Le tourisme de proximité a le vent en poupe, donc. Du côté de la clientèle étrangère (21 % des nuitées globales), les Allemands ont remplacé les Britanniques sur la première marche du podium.
Par rapport à 2016, date de la dernière enquête Reflet, davantage de courts séjours sont observés, notamment en cœur de saison, signe d’une fragmentation des séjours. La progression des séjours en itinérance progresse aussi, avec 29 % des séjours qui comptent plusieurs étapes dans la région (+ 9 points par rapport à 2016). À noter que "l’excursionnisme" (visite pratiquée sur une seule journée, NDLR) augmente fortement, dopé à la fois par une augmentation de la population régionale et par un besoin accru d’évasion. "Avec le Covid, les Bretons se sont réapproprié leur territoire. Ils s’accordent plus de moments de pause. Ils ont envie de se reconnecter à la nature mais aussi de découvrir le patrimoine pour s’enrichir personnellement", renseigne Jessica Viscart.
5,9 milliards d’euros dépensés
Le secteur du tourisme en Bretagne pèse pour 8 % du PIB régional en 2022. Il fait travailler 80 000 personnes et 15 000 structures. Au regard de la consommation touristique, 5,9 milliards d’euros sont dépensés chaque année sur le territoire breton, révèle encore l’enquête, soit une augmentation de 17 points en six ans. Parmi les principaux postes de dépense des touristes figurent l’hébergement, la restauration et l’alimentation, et les visites et loisirs. Le poste des transports, avec l’augmentation du prix de l’essence, tend aussi à monter.
L’enquête ne délivre pas d’informations sur le tourisme d’affaires. Elles seront transmises avant l’été.
