« En décembre 2014 l'OSB avait organisé une soirée Nozvezh Ar Bloaz. Un moment exceptionnel avec Carlos Nuñez au TNB. Pour la première fois, l'OSB proposait une vente aux enchères après le concert afin de lever des fonds pour la Fabrik, le service dédié à l'action culturelle. Cette soirée réservée aux entrepreneurs bretons, était une forme innovante de mécénat au profit des actions pédagogiques menées par l'OSB à destination de différents publics : enfants, milieu carcéral, personnes souffrant de handicap, maisons de retraite, personnes en grande précarité...
Acte militant et rêve d'enfant
Je milite beaucoup pour le décloisonnement de l'entreprise et la création de ponts avec le monde des arts et de la culture. J'ai donc trouvé très enthousiasmante cette initiative de l'OSB porté par Marc Feldman, l'administrateur général. C'est très courant dans les pays anglo-saxons mais les patrons bretons sont encore trop timides sur le sujet. C'est donc avec beaucoup de plaisir que j'ai tenté ma chance dans cette vente aux enchères « solidaire ». Et chose incroyable, j'ai remporté ce lot exceptionnel : une baguette de chef d'orchestre et la réalisation d'un rêve d'enfant, diriger un orchestre symphonique ! Et me voilà mercredi 16 septembre juché sur le pupitre, baguette en main, face à 43 musiciens qui me saluent d'un « bonjour Maestro » et dans mon dos 600 personnes ! Un moment magique et inoubliable pour moi. Heureusement le nouveau directeur musical de l'OSB, le gallois Grant Llewellyn, m'a enseigné quelques bases indispensables et surtout m'a mis en confiance. Nous avons eu plusieurs répétitions avec l'orchestre.
Costume inhabituel
Les musiciens et Grant ont été particulièrement patients et bienveillants avec moi, ce qui m'a permis de m'épanouir véritablement dans ce costume inhabituel. Diriger un orchestre est une belle métaphore du rôle de chef d'entreprise ou de manager. D'abord, un orchestre est un groupe d'hommes et de femmes qui ont chacun un rôle précis et défini dans le collectif avec un but commun : satisfaire le « client » amateur de musique qui a acheté sa place. Puis, il y a l'importance du rythme, du tempo que l'on insuffle aux musiciens comme à son équipe en entreprise. On doit s'attacher à maintenir la cohérence entre les mouvements de l'orchestre comme entre les actes que l'on pose en entreprise. Moi qui suis très attaché au management centré sur l'humain, dans un orchestre comme en entreprise il est essentiel de veiller aux aspirations et aux besoins des membres de l'organisation. Le chef d'orchestre comme le manager doit être à l'affût des signaux faibles qui peuvent être annonciateurs de problématiques managériales (conflit entre personnes, insatisfactions, frustrations...) qui auront un impact négatif sur la qualité du travail si on ne les traite pas à la source !
Manager chef d'orchestre
Un bon manager est en fait un chef d'orchestre qui se doit de donner la mesure afin de permettre à chaque musicien de donner le meilleur de lui-même tout en étant en phase avec les besoins de la partition. Savez-vous qu'il existe plusieurs écoles de direction d'orchestre comme il existe plusieurs styles de management ? Il existe la direction d'orchestre historique, de tradition allemande, et la direction contemporaine, à la française par exemple. Un orchestre est une entreprise à part entière et l'on peut filer la métaphore du chef d'orchestre quasi à l'infini à un « bémol » près tout de même et il est central : dans le monde de l'entreprise d'aujourd'hui, on ne mène plus une équipe à la baguette ! »
Dirigeant de la Feuille d'Érable, entreprise d'insertion à Rennes, Éric Challan-Belval a gagné aux enchères une baguette de chef d'orchestre. Un défi inédit, celui de diriger l'OSB, qu'il a raconté au Journal des entreprises. Témoignage.
