Le canal Seine-Nord Europe n'en finit plus de faire parler de lui. Alors que le premier coup de pioche devait être donné cette année, le projet a été mis en pause fin juin par le gouvernement d'Emmanuel Macron. En cause ? Un projet trop onéreux étant donné l'état actuel des finances nationales. Pour débloquer les choses, le président de la région Hauts-de-France Xavier Bertrand a proposé à l'Etat, durant l'été, que les collectivités régionales lui avancent jusqu'en 2019 la somme que celui-ci devait engager dans la réalisation du Canal Seine-Nord, à savoir 1,1 milliard d'euros. L'idée n'a toutefois pas fait mouche auprès du Premier Ministre, Edouard Philippe, qui s'inquiète également des 780 millions d'euros manquant dans le plan de financement du canal. Ces derniers doivent être empruntés par une société de projet, un établissement public national, pesant ainsi sur les comptes de l'Etat.
Vers une société de projet locale
Lors d'une grand messe à Péronne mi-septembre, rassemblant élus et acteurs économiques, les collectivités régionales ont fait un pas de plus pour décider l'Etat. Leur argument ? Décentraliser le projet de canal Seine-Nord. La région Hauts-de-France propose cette fois à l'Etat de supporter davantage le risque financier, en changeant les statuts de la société de projet. Celle-ci passerait d'établissement public national à établissement public local. Avec cette proposition, le pilotage du Canal Seine-Nord reviendrait aux collectivités régionales, pour qui la charge financière serait donc accrue : elles devront supporter la garantie de l'emprunt de 780 millions d'euros et en assurer le remboursement. « C'est la dernière réunion sur le canal Seine-Nord où je me permets d'accepter des sommes supplémentaires pour le département », a commenté Jean-René Lecerf, président du département du Nord. Et d'ironiser : « Le gouvernement est fauché, il n'a pas un rond pour financer les 1,1 milliard promis. Cela fait une similitude entre le département du Nord et le gouvernement, ça devrait nous rapprocher...» Au moment où nous écrivons ces lignes, l'Etat ne s'est pas encore prononcé, mais assure réfléchir à cette proposition. À suivre.