
C’est une solution très utilisée au Québec, où se trouve la maison mère de Techno Pieux : installer des pieux vissés en acier pour les fondations de tous types de bâtiments. "Là-bas, ils ont de gros dégâts de sol, car il gèle à moins 1 mètre 50 tous les ans, donc ils se sont adaptés", explique Yves de Franssu, dirigeant de Techno Pieux France, 40 millions d’euros de chiffre d’affaires. Une technique que l’entreprise a commencé à développer dans l’hexagone à partir de 2006, avec une trentaine de concessions installées un peu partout sur le territoire. "Visser des pieux dans le sol a plusieurs avantages par rapport au béton notamment, détaille le dirigeant, il n’y a pas de temps de séchage donc c’est plus rapide, pas besoin de terrasser, on est également moins cher, et c’est une technologie sûre et maîtrisée, qui s’adapte à toute nature de sol".
Un site de production en France pour limiter les coûts
Face à la demande qui s’accroît, l’entreprise a donc décidé d’installer sa propre usine à Poix-de-Picardie, dans la Somme, en 2020, pour le marché français mais aussi européen. D’abord simple usine d’assemblage, le site de 4 000 m2 est devenu aujourd’hui un site de fabrication de pieux, avec une trentaine de salariés, et un chiffre d’affaires en 2022, de 15 millions d’euros. Le dirigeant table sur deux recrutements par an, pour faire face à la croissance. Un site indispensable pour "être plus réactif face à la demande". C’est également plus écologique et économique, "nous n’importons plus du Canada. L’acier vient maintenant de chez Arcelor Mittal, cela permet de compenser l’augmentation des coûts de transports et des matières premières, l’acier a pris 30 % ces derniers mois". Le plus gros marché de l’entreprise s’articule autour de l’habitat, ses clients sont à 60 % des particuliers. Le reste concerne des collectivités, des entreprises qui souhaitent installer des modules provisoires, les pieux pouvant se dévisser, ou encore des maîtres d’œuvre.
Une solution face aux changements climatiques
La technique de pieux vissés commence à s’imposer dans le milieu de la construction pour la partie fondation, encore largement dominé par le recours au béton, "un puissant lobby, mais le tournant s’amorce, ajoute Yves de Franssu, et les modes de production évoluent". Face aux changements climatiques, et aux sécheresses plus nombreuses "nous avons un rôle à jouer", insiste-t-il. "Aujourd’hui, selon moi, cela devient déraisonnable de tout bétonner, même si je n’ai rien contre le béton. À force d’imperméabiliser les sols, quand il pleut, l’eau se déverse ailleurs et provoque des dégâts". Le dirigeant est convaincu que la maison sur pilotis est l’avenir. "Rien qu’à la fin de l’été, nous avons beaucoup d’appels de personnes dont les maisons se fissurent à cause de la sécheresse". Si l’entreprise travaille à 95 % pour des clients français, elle souhaite se développer en Europe dans les années à venir, avec l’objectif d’atteindre à terme plus de la moitié du chiffre d’affaires à l’export. "Je me focalise en ce moment sur l’Angleterre, car c’est proche, mais aussi sur la Suisse et l’Espagne".