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Coronavirus - Jeumont Electric : « Nous redémarrons avec les productions déjà bien avancées »
Interview Nord # Industrie

Brahim Ammar président de Jeumont Electric Coronavirus - Jeumont Electric : « Nous redémarrons avec les productions déjà bien avancées »

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L'industriel nordiste Jeumont Electric redémarre progressivement sa production, qui est restée deux semaines à l'arrêt. Pour cela, ce fabricant de moteurs, d'alternateurs et de systèmes de contrôle commande associés, se concentre sur les productions qui étaient déjà avancées à plus de 90 % avant la crise.

— Photo : Jeumont Electric

Le Journal des Entreprises : Comment s’organise la reprise partielle de l’activité de Jeumont Electric (CA 2019 : 120 M€, 500 salariés) après deux semaines d’arrêt ?

Brahim Ammar : Face à la crise sanitaire, Jeumont Electric a cessé ses activités du 16 au 30 mars. Dès la semaine 13, nous avons envisagé un retour progressif de l’activité. Nous avons pour cela identifié les productions avancées à plus de 90 %, car elles ne sont tributaires ni de sous-traitants, ni de fournisseurs. D’autant que nous produisons des équipements technologiques et unitaires, avec des délais de fabrication de 9 à 24 mois. Nous avons également identifié les activités essentielles pour l’État, car nous intervenons beaucoup dans les domaines du militaire et du nucléaire, qui représentent jusqu’à un tiers de nos activités en temps normal.

En parallèle, nous avons réfléchi aux mesures permettant à nos salariés de reprendre le travail en toute sécurité. Nous avons donc acheté 4 000 masques chirurgicaux, fabriqués en France. Nous avons aussi fabriqué des visières avec nos propres imprimantes 3D et installé des distributeurs de gel hydroalcoolique. La température des salariés est contrôlée systématiquement à l’entrée de l’entreprise et ils doivent remplir un questionnaire pour vérifier leur état de santé. Nous avons condamné les machines à café, le restaurant d’entreprise et passé un accord avec un traiteur. Sans oublier le nettoyage systématique de tout ce qui est accessible aux salariés.

Quel est l’impact de cette crise sur votre activité ?

Brahim Ammar : Nous comptions une soixantaine de salariés en production dès la semaine 15 et nous envisageons une montée en puissance progressive. Nous réalisons actuellement 10 % de notre activité habituelle en production et un quart de notre activité totale, télétravail inclus. Nous ne connaîtrons pas de pénurie d’activité jusqu’à septembre. Nous pouvons nous appuyer sur notre carnet de commandes mais pour la suite, il faut qu’il se renouvelle. Ce qui nous fait le plus peur, c’est plutôt 2021. Il faut que le redémarrage des affaires se fasse…

Nous réalisons les deux tiers de notre chiffre d’affaires à l’export, or tous les pays ne sont pas dans la même situation face à cette crise. Quand nous sortirons du confinement, d’autres y entreront. Et quand nous reprendrons notre activité de manière plus soutenue, des clients étrangers seront peut-être à l’arrêt. Je pense que le gouvernement a mis beaucoup de choses en place pour passer l’année 2020. Nous ne dépasserons pas les 120 millions d’euros de chiffre d’affaires réalisés en 2019, mais il est encore trop tôt pour donner des estimations. Nous pouvons compter sur le soutien du groupe Altawest, dont Jeumont Electric est une filiale, pour passer cette crise.

Quels sont les grands changements que cette crise va induire dans l’entreprise ?

Brahim Ammar : Nous sommes en train de préparer des bureaux supplémentaires pour pouvoir respecter les règles de distanciation. Même si les salariés qui sont actuellement en télétravail vont être les derniers à reprendre. D’ailleurs, grâce à cette crise, nous avons désormais une opinion favorable sur le télétravail. Nous ne nous attendions pas à ce niveau d’implication et d’efficacité. Cette crise nous a montré qu’une autre organisation est possible : nous envisageons de poursuivre le télétravail après le déconfinement, avec un jour par semaine pour les salariés concernés, en rotation.

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