Brexit : toujours plus d'incertitudes pour les acteurs économiques des Hauts-de-France
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Brexit : toujours plus d'incertitudes pour les acteurs économiques des Hauts-de-France

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Ce mardi 15 janvier, le Parlement britannique a rejeté l'accord de sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, négocié par la Première ministre Theresa May avec Bruxelles. Une situation qui plonge un peu plus les acteurs économiques des Hauts-de-France dans l'incertitude.

— Photo : Pixabay

Le 29 mars 2017 marquait officiellement le début du processus de sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. Presque deux ans plus tard, force est de constater que les modalités du Brexit sont toujours aussi floues. Les lentes négociations, menées par la Première ministre Theresa May auprès de Bruxelles, se sont soldées par un cuisant échec ce 15 janvier 2019. Le Parlement britannique a ainsi rejeté, par 432 voix contre 202, l’accord de sortie construit par la chef du gouvernement. Cette nouvelle, qui pourrait remettre en cause jusqu’à l’échéance même du Brexit, maintient les acteurs économiques des Hauts-de-France dans l’inquiétude.

Eurotunnel appelle à clarifier les règles

Voisine et partenaire économique majeur du pays dissident, la région Hauts-de-France est aux premières loges de ce Brexit. La majorité des échanges commerciaux entre le Royaume-Uni et l’Union européenne passe en effet par la région. Autant dire que les enjeux sont grands, et tout particulièrement pour les ports ou le groupe Getlink (ex-Eurotunnel). Ce dernier n’a d’ailleurs pas manqué de réagir, sitôt le rejet acté.

« Seules des règles claires permettront aux acteurs économiques de continuer à investir et à créer des emplois. »

« Eurotunnel appelle les responsables politiques à préciser dès que possible la nature des accords douaniers à mettre en place entre le Royaume-Uni et l’Union européenne. Seules des règles claires permettront aux acteurs économiques de continuer à investir et à créer des emplois et de préserver la dimension humaine, sociale et culturelle des échanges entre la Grande-Bretagne et l’Union européenne. Pour rappel, 26 % des échanges commerciaux entre le Royaume-Uni et l’Union européenne passent par le Tunnel, représentant plusieurs centaines de milliers d’emplois », souligne-t-il.

Les ports, vent debout

Du côté des ports, les incertitudes sont, elles aussi, légion. L’été dernier, ces derniers montaient au créneau pour avoir été exclus du corridor maritime entre l’Irlande et l’Europe continentale, redéfini par la Commission européenne, dans le cadre du Brexit. Depuis, la situation ne s’est pas améliorée et le Port de Calais s’est récemment insurgé de voir le gouvernement britannique prêt à accorder 100 millions de livres à trois compagnies maritimes (DFDS, Brittany Ferries et Seaborne), afin que celles-ci ouvrent de nouvelles lignes contournant les ports de Douvres et de Calais. L’objectif affiché étant d’éviter un engorgement de ces ports, en raison des nouveaux contrôles douaniers.

Dirigeant du port de Calais, Jean-Marc Puissesseau dénonce fermement cette mesure, affirmant que les infrastructures nécessaires seront prêtes à temps. Et il a quelques arguments à faire valoir dans ce contexte : « Je pense qu’il faudra reparler des accords du Touquet (traité bilatéral sur l'immigration conclu en 2003, NDLR)… Ou alors les Anglais financeront ce que nous coûte le contrôle de chaque camion par an, c’est-à-dire plus de 15 millions d’euros. »

5 500 entreprises en attente

Suite à ce rejet de l’accord négocié par Theresa May, les entreprises restent, elles aussi, dans l’attente. D’après les chiffres de la CCI Hauts-de-France, 5 500 entreprises régionales ont des relations commerciales régulières avec le Royaume-Uni, et 2 200 en sont très dépendantes. En 2016, les exportations des Hauts-de-France vers le Royaume-Uni s’élevaient à 4,3 milliards d’euros, soit 9,4 % du total des exportations régionales. Par ailleurs 26 entreprises de la région ont au moins une filiale au Royaume-Uni.

Toutes ces sociétés devront patienter encore pour connaître les nouvelles règles du jeu, sachant que le risque majeur dans le cas d’un Brexit sans accord, est l’application des règles de l’OMC (Organisation mondiale du commerce) et donc un retour des droits de douane.

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