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Alexis Devillers (Alive Groupe) : « La crise du coronavirus nous a fait perdre 100 % de notre chiffre d'affaires »
Témoignage Nord # Services # Conjoncture

Alexis Devillers (Alive Groupe) : « La crise du coronavirus nous a fait perdre 100 % de notre chiffre d'affaires »

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A Tourcoing, la société d'événementiel Alive Groupe est touchée de plein fouet par la crise liée au Coronavirus Covid-19. En l'espace de quelques semaines, cette ETI a vu son chiffre d'affaires chuter de 100 %. Son dirigeant, Alexis Devillers, témoigne.

— Photo : Alive Groupe

Vous attendiez-vous à ce que la crise liée au coronavirus Covid-19 ait un tel impact sur l’activité d’Alive Groupe ?

Alexis Devillers : Non, la filière événementielle traverse actuellement une crise économique comme elle n’en a jamais connu. Nous avons eu récemment les Gilets jaunes et les grèves, que nous avons passés sans soucis. Mais cette fois, c’est différent. La crise liée au coronavirus représente pour Alive Groupe une perte de 100 % du chiffre d’affaires. Le ralentissement a démarré fin février, avec l’annulation dans un premier temps des gros événements puis de tous les autres… Nous avons anticipé cette montée en puissance et dès la semaine prochaine, 80 % des salariés du groupe seront au chômage partiel, sachant que nous comptons 330 permanents, et 100 ETP (équivalent temps plein) comme des intermittents du spectacle qui, eux, ne travaillent plus.

Quelles mesures avez-vous déjà prises pour faire face ?

A.D. : Alive Groupe dispose actuellement d’une belle trésorerie, qui va nous permettre de tenir quelques mois, mais qui peut aussi fondre. Nous sommes en train de solliciter les banques et les crédits-bailleurs, pour disposer de facilités durant cette période. Nous sommes en plein dans la préparation de dossiers en ce sens. L’énergie que nous mettions au quotidien dans le développement est désormais consacrée à passer le cap. J’ai pu constater une vraie solidarité de la part de mes équipes sur ce sujet. Le contrat de la femme de ménage arrivant à son terme, les collaborateurs du service comptabilité ont décidé de nettoyer eux-mêmes les locaux. D’autres ont proposé de baisser le chauffage de deux degrés, et de mettre des gros pulls pour compenser. Sur le mois de mars, la perte de chiffre d’affaires pour le groupe va s’élever à 3,5 millions d’euros, idem sur le mois d’avril et elle sera de 10 à 15 millions d’euros sur le mois de mai. Heureusement, le gouvernement se mobilise : il a compris qu’il valait mieux sauver les entreprises, pour y maintenir l’emploi, plutôt que d’assumer davantage de personnes au chômage à l’issue de cette crise.

Quelles sont vos perspectives pour le reste de l’année 2020 ?

A.D. : Notre secteur est le premier touché et il sera le dernier à reprendre… Nous prévoyons une reprise de l’activité en septembre et pas avant, en raison des vacances d’été. Il faudra que nos clients reconstituent un peu leur trésorerie pour faire à nouveau de l’événementiel. Parmi les gros événements annulés, beaucoup doivent être reportés, mais la fin de l’année est déjà une période très chargée en matière d’événements. Nous verrons donc ceux qui le seront réellement… Nous comptons récupérer du chiffre d’affaires de septembre à décembre, mais nous ne clôturerons pas l’année avec les 51 millions d’euros réalisés sur l’exercice 2019. Et s’il y a davantage d’événements en fin d’année, nous ne pourrons pas être sur tous les fronts. Il faudra avoir recours à de la sous-traitance, nous margerons donc moins. En termes de résultat, l’année 2020 ne sera pas bonne. Si cette crise se poursuit après le mois de septembre, elle pourrait être une vraie catastrophe pour notre filière.

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