Coronavirus : comment le secteur électronique peut s'affranchir de sa dépendance
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Coronavirus : comment le secteur électronique peut s'affranchir de sa dépendance

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Les crises sanitaire et économique du coronavirus ont mis en lumière la nécessité d’une relocalisation de certaines productions en France. Dans le secteur électronique, se pose aussi la question des approvisionnements et de la relocalisation. La dépendance à des pays étrangers, en particulier la Chine, reste en effet particulièrement importante.

Photo : fotoblend - Pixabay CC0 Creative Commons

Dans le secteur de l’électronique, la France exporte pour 22 milliards d’euros chaque année tandis qu’elle importe, à 67 % hors d’Europe, pour 26 milliards d’euros de produits, équipements et composants. 7,2 milliards proviennent de Chine, l’Allemagne étant le second pays importateur avec 2,7 milliards d’euros, devant les États-Unis, le Vietnam et l’Italie. « Avoir cette ambition en France n’est donc pas impossible, explique le président du groupe Lacroix Vincent Bedouin, par ailleurs président du Technocampus de l’Électronique, basé à Angers, dans le Maine-et-Loire, et membre du conseil d’administration de la Fieec, fédération des industries électriques, électroniques et de communication. La crise du Covid-19 a permis une prise de conscience de l’ampleur de la dépendance. Lorsque la Chine a fermé, on était en rupture de composants, comme pour la fabrication de cartes dans le secteur automobile. »

10 milliards d’euros à étudier

Cette dépendance n’est pas nouvelle : entre les années quatre-vingt-dix et la crise de 2008, la France a privilégié la R & D et la production dans le secteur de l’électronique. Les produits grand public sont partis sous d’autres cieux et si en France, a commencé de refleurir une industrie électronique B to B, la dépendance existe encore : « On ne peut pas tout relocaliser et il faut rester lucide, complète Vincent Bedouin, pour des raisons de coût et de compétences que nous n’avons pas ou plus. Mais sur les 26 milliards d’euros, il y a environ 10 milliards qui valent la peine d’être étudiés. Ce sont des semi-composants, des circuits intégrés, certains équipements de communication ou des appareils de régulation et des automates. Pour les 16 milliards restants, que l’on devra nécessairement importer, il faudra sécuriser et diversifier les sources d’approvisionnement pour atténuer les risques. »

Chiffres à l’appui, la filière a commencé à proposer au gouvernement d’identifier des catégories de produits ou de services qui pourraient être relocalisés pour diminuer la dépendance. Mais cette liste reste liée à la volonté d’une politique industrielle forte, l’électronique étant une filière transversale qui fournit quasiment tous les secteurs d’activité. « Ces 10 milliards d’euros, ajoute Vincent Bedouin, c’est le terrain de jeu réaliste, mais ça peut être plus car certains de ces secteurs seront en croissance. L’automobile et l’aéronautique sont aujourd’hui en difficulté mais on est sur du temps long et je ne crois pas aux résultats immédiats. Cela sera probablement quand même plus rapide avec les secteurs de la défense, de la smart city ou encore des réseaux intelligents. » Des domaines liés à la commande publique, où il importera peut-être pour l’État et les collectivités de jouer le jeu des entreprises ou consortiums françaises, voire européens, pour qu’ils restent dans la course.

C’est en effet sans doute à cette échelle européenne que la question de la relocalisation et de la sécurisation des approvisionnements sera à se poser. La tendance est déjà amorcée et depuis dix ans, les importations intra-européennes augmentent, en même temps que diminuent celles des autres continents. Avec bien d’autres arguments que la sécurisation des sources : l’impact carbone, la compétitivité des entreprises ou encore la cybersécurité sont en effet autant de raisons qui encouragent à s’affranchir d’une partie de la dépendance.

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