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Tourisme, événementiel, commerce : nouveau coup de massue pour les entreprises finistériennes
Finistère # Événementiel # Conjoncture

Tourisme, événementiel, commerce : nouveau coup de massue pour les entreprises finistériennes

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L'annonce d'un nouveau confinement pour un minimum de quatre semaines est un véritable coup de massue pour bon nombre d'acteurs économiques finistériens. Entre résignation et colère, les secteur du tourisme, du commerce et de l'événementiel sont une fois de plus particulièrement touchés.

Les Brestois se pressaient dans la rue de Siam, le 29 octobre dans l'après-midi, pour effectuer leurs derniers achats avant le nouveau confinement. — Photo : © Jean-Marc Le Droff / Le Journal des entreprises

« Ça va être compliqué », soupire Pascal Goulaouic, le président de Rêves de Mer (75 salariés, 5,50 M€ de CA en 2019), groupe finistérien qui exploite 11 centres d’hébergements et six centres de glisse situés le long des côtes bretonnes et sur l’Île d’Yeu. « Nous n’avons pu réaliser que 70 % de notre activité habituelle cet été, détaille-t-il. Nous allons devoir remettre nos équipes au chômage partiel dès la semaine prochaine. Heureusement que nous rentrons dans une période habituellement plus creuse en termes d’activité. Mais je suis inquiet pour la suite, comme beaucoup de chefs d’entreprise de mon entourage. Nous allons nous concentrer sur la préparation de l’année prochaine, mais il ne faudrait pas qu’un nouveau confinement intervienne en mars », confie-t-il.

« Pourquoi ne ferme-t-on pas les grandes surfaces plutôt que les petits commerces ? »

Une crainte partagée par Françoise Le Gall, la présidente des Vitrines de Brest. « Je suis atterrée, souffle-t-elle. Les petits commerçants ont fait tellement d’efforts pour suivre les consignes sanitaires, ils ont tellement investi dans le matériel de protection, le gel, les masques, les plexiglas, etc. Ceux qui n’ont pas eu la chance de refaire un peu de trésorerie vont tomber entre janvier et mars, c’est certain. Je ne peux pas m’empêcher d’avoir un sentiment d’injustice, car je trouve qu’on demande toujours aux mêmes de faire des efforts… Alors que pendant ce temps les grandes surfaces et des géants comme Amazon vont pouvoir continuer à travailler à l’approche des fêtes. Cet effort supplémentaire va être très difficile à faire accepter à mes collègues. On nous dit que l’État a fait le nécessaire pour renforcer les capacités hospitalières ? Je n’ai rien vu passer… Et je crains qu’on doive à nouveau être confinés en février ou en mars, car le gouvernement va probablement encourager les gens à ressortir vers le 15 décembre. Et là, le commerce de centre-ville sera vraiment à terre », redoute-t-elle.

« Ce ne sont pas des aides que l’on demande, c’est de pouvoir travailler ! », poursuit-elle. « Nous n’avons d’ailleurs obtenu qu’un report de charges, pas une exonération qui aurait été notre seule option pour refaire un peu de trésorerie. Pour ma part, je me retrouve actuellement à payer le double de charges pour anticiper le remboursement ! », s’agace-t-elle. Et de citer l’exemple de nos voisins d’outre-Rhin. « En Allemagne, ils ont commencé par rouvrir les surfaces de moins de 300 m². Pourquoi ne ferme-t-on pas les grandes surfaces où les gens s’agglutinent, plutôt que nos petits commerces où nous ne recevons jamais plus de cinq clients à la fois ? Alors bien sûr, on va faire le dos rond, une fois de plus. Mais je suis vraiment amère… ».

« On sait que cette situation va durer au moins deux ans »

L’ambiance n’est pas plus réjouissante du côté de l’événementiel. À Guipavas, Franck Fily, le coprésident d’Audiolite (13 salariés, 4,50 M€ de CA en 2019), principal prestataire d’équipements scéniques en Bretagne, est parvenu à maintenir une partie de son activité de vente et d’installation de matériel à demeure. Une activité qui ne représente cependant que 50 % de son chiffre d’affaires. « Nous avons aussi pu continuer à travailler sur des prestations de visioconférences, mais certains de nos confrères qui ne font que de la location ont perdu jusqu’à 95 % de leur chiffre d’affaires ! », s’inquiète-t-il. Les aides du gouvernement lui permettront-elles de passer ce cap difficile ? « On arrivera peut-être à en avoir, mais pour l’instant on ne rentre pas dans les cases ». Seule lueur à l’horizon, les représentants de l’État semblent être à l’écoute du secteur. « Nous avons beaucoup avancé au niveau politique. Nous avons pu expliquer les contraintes et les mécanismes de nos métiers. Il y a une véritable écoute à ce niveau », reconnaît-il. « Mais aujourd’hui on sait pertinemment que cette situation d’activité partielle va perdurer a minima pour les deux ans à venir. Car une fois que les restrictions seront levées, il va se passer du temps avant que les mécanismes du spectacle se remettent en route. Et pour lors, tous les grands faiseurs seront à genoux. Il va aussi falloir que le public reprenne confiance, ce qui ne se fera pas en un jour… ».

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