Audiolite s'inquiète de la lenteur de la reprise du secteur culturel
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Audiolite s'inquiète de la lenteur de la reprise du secteur culturel

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Parmi les premiers touchés par la crise sanitaire, les secteurs de l'événementiel et de la culture seront probablement aussi les derniers à se remettre en route. Une situation qui inquiète les dirigeants d'Audiolite, le principal prestataire d’équipements scéniques en Bretagne.

Si le finistérien Audiolite a pu reprendre ses chantiers d'installation de système de sonorisation et d'éclairage fixes, son activité de location et de prestation pour les événements culturels est au point mort depuis début mars. — Photo : © Audiolite

« La situation n’a pas vraiment changé depuis le déconfinement », soupirent Franck Fily et Sylvain Turpin, deux des trois coprésidents du prestataire d’équipements scéniques Audiolite (13 salariés, 4,5 M€ de CA), implanté à Guipavas (Finistère) et à Rennes. « La seule différence, c’est que notre activité de vente et d’installation d'équipements scéniques et audiovisuels à demeure a repris à 70 %. Mais elle ne représente que 50 % de notre volume d’affaires global… En revanche, toute la partie location et prestation est à l’arrêt total depuis début mars », se désolent ceux qui emploient généralement 70 à 80 intermittents à cette période de l’année. « À ce jour, sur une équipe de 13 collaborateurs permanents, nous ne sommes que trois à être revenus travailler à plein-temps, et deux à temps partiel », détaille Franck Fily.

Deux mois de travail depuis le début de l'année

« Au global, on n'aura travaillé que deux mois depuis le début de l’année, ce qui nous conduit à estimer notre perte à 70 % notre perte d’activité pour 2020. On s’inquiète aussi pour nos confrères qui n’ont pas notre double activité ou dont la trésorerie est plus fragile que la nôtre », poursuit-il. Une situation également préoccupante pour les géants d’un secteur qui s’est récemment concentré de façon massive à grands coups de rachats. « À plus grande échelle, c’est encore plus compliqué d’avoir une marge de manœuvre », redoutent les deux dirigeants.

« Chacun attend que l’autre reparte en premier »

Autre source d'inquiétude : la vitesse à laquelle la reprise va s’effectuer dans le secteur culturel qui les inquiète. « On a l’impression d’un grand stand-by dans la profession, alors qu’on voit plein d’autres secteurs se réinventer », estime Sylvain Turpin. « Le volet économique a été correctement traité, avec des mesures pertinentes pour sauver nos entreprises. Par contre on ne voit toujours rien venir du côté du ministère de la Culture pour relancer l’activité. On est dans une espèce de no man’s land dans lequel chacun attend que l’autre reparte en premier. On sait bien que les craintes et les contraintes sont nombreuses, mais on n’a pas vraiment l’impression que les organisateurs poussent pour relancer la machine avant janvier 2021, ce qui risque de scléroser tout le système. On peut aussi comprendre que les artistes ne veuillent pas jouer devant des salles à moitié vides et avec un public masqué… Mais il faut bien avoir conscience que derrière il y a plein d’entreprises et d’intermittents qui souffrent. Peut-être pouvons-nous nous donner les moyens pour retrouver un modèle économique viable malgré ces contraintes ? Par exemple en imaginant de jouer deux fois dans la même soirée ? Je trouve la profession relativement molle sur ces questions… ».

Un public prêt à s’adapter ?

Les deux dirigeants s’inquiètent aussi de la disparité des établissements culturels au niveau national. « En Bretagne, quasiment tous les équipements culturels sont publics et leurs saisons se terminent généralement fin juin. Même s'ils essaient de faire bouger les choses, personne ne va pouvoir construire une programmation en si peu de temps et pour une période si courte. Du coup ils construisent une programmation hypothétique à partir de septembre et imaginent une pleine activité pour janvier. On voit pourtant bien que le public est prêt à revenir dans les bars dès à présent, malgré les contraintes... ».

Et si Franck Fily et Sylvain Turpin s’estiment chanceux d’avoir réussi à surmonter ces derniers mois, ils n’en restent pas moins lucides. « Les mesures de sauvegarde nous ont permis de traverser le confinement, mais si le chômage partiel ou les exonérations de charges s’arrêtent, notre trésorerie va rapidement se détériorer. Il faut bien entendu maintenir ces aides le temps que la situation se rétablisse, mais il faut aussi qu’on travaille avant tout ! ».

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