Depuis plusieurs mois, Guyot Environnement a entrepris une démarche dédiée à la valorisation de matière et énergétique. L'entreprise brestoise de recyclage a investi 10 millions d'euros dans deux projets structurants mettant au point deux nouveaux combustibles. La production a été lancée cet été.
« Jouer un rôle moteur »
Le déclic a eu lieu avec l'évolution annoncée de la réglementation alors que les dégâts de la crise de 2008 ne sont toujours pas effacés. « Elle a impacté et impacte encore fortement l'économie. Nous avons donc revu notre modèle économique en misant sur l'optimisation de la valorisation, explique Erwan Guyot, le directeur général de l'entreprise familiale. Des travaux de recherches ont permis d'élaborer ces deux process innovants. Ils permettent une valorisation matière et la fabrication de combustibles avec une logique de croissance verte. » Pour Guyot, participer à la création de nouveaux modèles économiques dits "vertueux", inscrits dans le développement des énergies renouvelables est devenu essentiel. L'entreprise entend désormais « jouer un rôle moteur dans le développement de l'économie circulaire en Bretagne. On a besoin de conforter les emplois au niveau régional. On ressent de la part des acteurs économiques et institutionnels, une volonté de relancer une dynamique et de faire confiance aux entreprises locales », se réjouit le directeur général.
Deux pôles de valorisation à Brest et Morlaix
Sur le site de Brest, le groupe collecte, valorise des métaux ferreux et non ferreux et broie de véhicules hors d'usage (VHU). Or une directive officielle fixe pour horizons 2015 un taux de 95 % de valorisation de ces véhicules. La R & D se met au travail. Le nouveau process permet d'apporter aux déchets générés par le traitement des véhicules et aux produits métallurgiques « une double perspective de valorisation matière et énergie. D'un côté des métaux destinés à l'industrie sidérurgique et de l'autre un combustible, explique Erwan Guyot. Le combustible à fort pouvoir calorifique est fabriqué à partir des résidus de broyage. C'est un process totalement inédit ». Pour le produire, le site s'est équipé d'un bâtiment de 1.600 m² abritant une nouvelle ligne de tri. L'objectif est d'arriver à zéro enfouissement pour 200.000 tonnes gérées. À Morlaix, le site a été transformé. Il s'apprête à produire un combustible solide de récupération issu du traitement des déchets industriels banals et des encombrants provenant des collectivités. Le groupe reçoit un volume de 45.000 tonnes de ces déchets. L'objectif est ici d'atteindre un taux minimal de 60 % de valorisation matière et énergie, contre 15 % aujourd'hui. Après extraction de produits valorisables (plastique, carton et bois), la matière résiduelle sera utilisée pour la fabrication de l'autre combustible. Celui-ci est destiné à des applications plus spécifiques. Un accord d'exclusivité a d'ailleurs été signé avec un fournisseur qui a élaboré un process de fabrication d'électricité via la gazéification de ce combustible. Guyot est également entré dans une procédure d'appel d'offres avec la ville de Saint-Brieuc pour un budget de 20 millions d'euros.
« Un à deux ans d'avance sur nos concurrents »
Des embauches sont prévues grâce à ce changement de stratégie : six à Brest et trois à Morlaix, où sept postes existants y sont aussi transférés. « Dans notre métier, la rentabilité est toujours un souci. On doit investir constamment justement pour l'améliorer, indique Erwan Guyot. On réalise aujourd'hui 80 M€ de chiffre d'affaires. On n'est pas focalisé dessus mais on vise à 100 M€ d'ici trois ou quatre ans. » Après 30 ans de stratégie de croissances externes, le groupe brestois prend le virage vert. « Pour répondre aux réglementations, on aurait pu choisir de sous-traiter en Belgique, mais on veut dynamiser l'économie locale, insiste Erwan Guyot. Grâce à ces innovations, on a gagné un à deux ans sur nos concurrents. »
Guyot Environnement
(Brest) Directeur général : Erwan Guyot 240 salariés 80 millions d'euros de chiffre d'affaires 02 98 80 03 30
