
Le loueur d’avions électriques Green Aerolease, créé en 2021, vient d’annoncer une levée de fonds de 12 millions d’euros réalisée auprès de la Banque des Territoires, trois investisseurs privés et trois banques (CMB, CIC et BPGO). Cette enveloppe va permettre à l’entreprise brestoise, fondée par Charles Cabillic (W3, Épopée Gestion) d’accélérer sur le déploiement de sa flotte 100 % électrique.
Une flotte de 70 avions
Pour l’instant, Green Aerolease ne propose à la location qu’un avion léger biplace monomoteur, le Velis Electro du constructeur slovène Pipistrel, premier avion électrique au monde à recevoir une certification de l’Agence européenne de la sécurité aérienne.
Avec 30 avions loués pour environ 3 000 heures de vol cumulées, la société est aujourd’hui un peu en deçà de ses objectifs malgré une présence en France, aux Pays-Bas en Espagne et au Danemark. “Nous n’avions pas pris en compte le fait que nos clients, les aéroclubs, ont parfois des processus de décision très longs, analyse Charles Cabillic. Mais désormais, il y a une vraie prise de conscience sur l’intérêt de passer à l’électrique et notre modèle intéresse aussi les écoles de formation de pilotes professionnels.” Green Aerolease a ainsi décroché un contrat avec l’École nationale de l’aviation civile (Enac) pour 20 appareils, dont deux sont déjà déployés.
Dans un premier temps, la levée de fonds va permettre à Green Aerolease d’atteindre une flotte de 70 Pipistrel. “Nous avons aussi identifié une dizaine de projets d’avions électriques ou hybrides ou hydrogènes qui seront prêts d’ici 2025-2026 avec des capacités de passagers entre 6 et 19 places pour passer la seconde étape”, explique le dirigeant, pour qui l’enjeu principal est d’aller vite pour préempter des avions. “Il y a deux ans d’attente pour précommander. Il est très important d’anticiper avant que les États-Unis ne fassent un appel d’air. Car la production ne sera pas suffisante pour tout le monde”, prévient-il.
Des avions plus grands à partir de 2025
La start-up brestoise suit notamment le constructeur israélo-américain Eviation Alice, qui conçoit un avion électrique de 9 places pour 2026. Un autre constructeur, Universal Hydrogen, propose pour sa part du retrofitting d’ATR avec de l’hydrogène. Enfin, à Royan, VoltAero travaille sur un 6 à 9 places à moteur hybride. “Concrètement, cela permettrait d'assurer la transition écologique de ce qu’on appelle pompeusement les jets privés, avec une aviation à la demande plus verte pour des courts trajets d’une heure permettant de désenclaver les régions”, note Charles Cabillic.
Un Pipistrel affiche un prix public de 240 000 euros environ. “Il faudra compter en millions d’euros pour les avions plus grands qui arrivent”, indique le dirigeant. Et c’est là toute la difficulté de la transition écologique de l’aviation car elles concernent des appareils neufs, coûteux et sur lesquels les banques, les assurances, les autorités de certification, les équipes de maintenance, etc., n’ont aucun recul. “Green Aerolease est pertinent dans cet environnement car nous fournissons à nos clients aéroclubs, écoles de formation de pilotes et demain petites compagnies un service clé en main”, assure le dirigeant.