En 2003, Acepp est une TPE brestoise de quatre personnes. Fondée par Thierry Matthews cinq ans plus tôt, elle est spécialisée dans la gestion et le pilotage de projets et la maîtrise d'oeuvre pour les industriels du secteur de l'énergie, notamment nucléaire (démantèlement), du parapétrolier offshore ou encore du Naval Défense. Elle travaille pour DCNS, Areva, EDF. À cette époque, ces grands donneurs d'ordre décident de faire le ménage dans leurs sous-traitants. «Ils ont considéré qu'Acepp était une trop petite structure pour eux», se souvient Thierry Matthews. C'est une grosse perte potentielle de marchés pour l'entreprise. «On a croisé plusieurs PME dans le même cas, du secteur de la radioprotection ou encore de la sûreté nucléaire, poursuit le dirigeant d'Acepp, qui avait déjà l'habitude de travailler avec d'autres sociétés sur certains projets, en groupement momentané d'entreprises (GME). Mais cette fois, on voulait pérenniser dans le temps.» C'est ainsi que le cluster Alfadir voit le jour, en mai2005. Il regroupe sept sociétés, en majorité du Sud-Est. «Nos principales activités étaient dans la vallée du Rhône. Quand on travaille dans l'énergie, c'est assez logique», ajoute le Brestois. Pour lui, cependant, pas question de déménager: «Ce n'est pas forcément simple, mais je tiens à ce que l'on reste ici. Nous y avons aussi une activité de maîtrise d'oeuvre dans le bâtiment, avec des chantiers délicats, par exemple dans des écoles qui doivent continuer à fonctionner malgré les travaux.»
+ 64% de chiffre d'affaires
Les compétences des sept membres sont complémentaires, quelques-unes sont identiques. «Ces "recouvrements" permettent de donner une assurance au client. Si une entreprise est défaillante, il y en a une autre derrière.» Le cluster a pris la forme juridique d'une SAS dont l'actionnariat est partagé entre les entreprises, personnes morales, et les dirigeants de celles-ci, personnes physiques, qui constituent le bureau. Le président, élu est Benoît Marc, de la société D & S à Bagnols-sur-Cèze (Gard), où se situe également le siège d'Alfadir. Une fois le cluster constitué, les dirigeants sont partis vendre le modèle aux donneurs d'ordre. «On a été bien accueilli par EDF et Areva. Notre concept leur permettait de toujours faire travailler des "petits" tout en fonctionnant comme ils le souhaitaient, avec des projets complets et un seul interlocuteur», explique Thierry Matthews. Car Alfadir sert de chef d'orchestre. Les compétences, elles, restent dans les entreprises. Celles-ci continuent d'ailleurs de travailler en dehors du cluster. «Alfadir représente 37% du chiffre d'affaires d'Acepp. La part tend à croître car on ouvre à d'autres secteurs d'activités et on commence même à chercher des marchés à l'étranger, poursuit le dirigeant d'Acepp.Sur les cinq premiers exercices, le cluster se concentrait sur le nucléaire, pour valider ce mode de fonctionnement.» Le pari est plutôt réussi puisque chaque société s'est largement développée. L'exemple d'Acepp est marquant. La PME est passée de quatre personnes en 2004 à 57 aujourd'hui pour un chiffre d'affaires de 5,3M€. Et ce, malgré une baisse de régime en 2010 due à la crise. «On l'a prise de plein fouet avec un effet retard. En 2010, on ne fait que 2,5M€ de CA quand 3,4M€ sont prévus. J'ai décidé de garder tout le monde, d'engager un directeur commercial et de diversifier notre portefeuille», raconte le "general manager". La stratégie porte ses fruits. En 2011, Acepp a rattrapé sa courbe de business plan avec un bond de 64% du chiffre d'affaires (4,1M€). «Aujourd'hui, on fait 28% de nucléaire, 33% de Naval/Défense et 28% d'énergie (gaz, thermique, etc.) et 10% de bâtiments, mais avec plus de clients dans chaque secteur.26 en tout, contre quatre, cinq grands donneurs d'ordres auparavant», détaille-t-il. L'objectif est de continuer dans cette voie pour atteindre 100 personnes et 8,3M€ de CA en 2015.
Acepp
(Brest) Dirigeant: Thierry Matthews 57 salariés 5,3M€ de chiffres d'affaire 02 98 43 48 53
