La SAS Meilleurs Voisins (deux associés, pas de chiffre d’affaires) est en passe de racheter le fonds de commerce du Relais de Beaucemaine (CA non communiqué), établissement hôtelier de 45 chambres situé à Ploufragan (Côtes-d’Armor). Les deux associés de l’entreprise née en juin 2021, vont investir 350 000 euros à partir de ce mois d’avril afin de réaliser des travaux de rénovation et d’adaptation des lieux. Victor Baduel (le président) et Tanguy Lequiller (le DG) veulent en effet y installer leur première auberge de seconde jeunesse. Ils espèrent en ouvrir 19 autres sur le même modèle d’ici 2027.
Rompre l’isolement des personnes âgées
Ce concept inédit, développé par les deux diplômés d’école de commerce âgés de 30 ans, a pour vocation de rompre l’isolement et la solitude des personnes âgées. "Les auberges de seconde jeunesse sont constituées de trois parties", expliquent les deux hommes. "Une colocation entre séniors, où chacun a son logement avec kitchenette mais partage des parties communes constituées d’une cuisine, d’un salon et d’une salle à manger. Un hôtel, qui accueille des voyageurs, qui côtoieront les séniors notamment dans les parties restauration, bien-être, jardin ou la bibliothèque. Et une partie événementielle, qui mêle les séniors, les voyageurs mais aussi la population locale."
Les 70 - 80 ans ciblés
L’ensemble sera géré par un staff de cinq personnes, dont un responsable de l’hôtel, un responsable de la colocation, deux chargées du ménage et un veilleur de nuit. "Il y aura une présence 24 heures sur 24", signalent les deux associés. La cible, pour les colocations, est représentée par les retraités, autonomes (qui ne nécessitent pas une médicalisation lourde), plutôt âgés de 70 à 80 ans. "C’est dans cette phase que les séniors peuvent avoir perdu leur conjoint, souffrir de l’éloignement de leur famille, sentir le poids d’un logement devenu trop difficile à entretenir…" Meilleurs Voisins se rémunérera avec les loyers des co-locations (entre 700 et 800 euros, toutes charges comprises) et les revenus hôteliers.
Partir du client
Le modèle économique a, au départ, peiné à convaincre les banques (le tour de table comprend également deux business angels et un fonds breton). "Elles ont eu une oreille mi-attentive, mi-craintive car l’hôtel de Ploufragan sera le premier du genre et la silver economy n’est pas le domaine qui attire le plus d’entrepreneurs", racontent Victor Baduel et Tanguy Lequiller, les deux Normands qui ont rapatrié le siège de leur entreprise de Cherbourg à Ploufragan après avoir étudié leur marché en interrogeant leur communauté de 800 personnes réunie sur les réseaux sociaux. "Nous sommes partis du client pour construire notre offre", expliquent encore les associés.
"C’est l’une des difficultés de la silver economy : elle se fait par des gens comme nous qui sommes jeunes et ne sommes pas confrontés directement aux besoins des séniors. Il est donc important d’être le plus à l’écoute possible des séniors."
La première auberge de seconde jeunesse devrait ouvrir ses portes en septembre.
