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Les chocolats Cadiot-Badie, une ambition locale
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Les chocolats Cadiot-Badie, une ambition locale

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En deux décennies, l'entreprise Cadiot-Badie a plus que doublé son chiffre d'affaire et surtout inscrit le nom de Cadiot-Badie au panthéon des gourmandises bordelaises. Pour protéger ce statut, le dirigeant mise sur un développement très maîtrisé et local.

Dix-huit tonnes de chocolats par an sont façonnées par Cadiot-Badie dans le laboratoire de Pessac. — Photo : Anne Cesbron

La boutique historique Cadiot-Badie (1,8 million d'euros de chiffre d'affaires, 16 salariés permanents), allées de Tourny à Bordeaux, prépare une mue discrète. Quinze jours de travaux en février, quinze autres en mai vont voir les fresques murales recouvrer leur lustre d'antan et les moulures et rosace se couvrir de feuilles d'or. Au même moment, à dix kilomètres de là, à Gradignan, un nouveau point de vente, copie conforme de son homologue bordelais, accueillera les gourmands. Parmi les raisons du choix de cet emplacement : la possibilité pour les clients de stationner à proximité. « Il faut être visionnaire. Dans quelques années, il sera très compliqué de se garer dans le centre de Bordeaux », prévoit Serge Michaud, à la tête de la chocolaterie.

Un marché qui fait des émules

Un autre constat enjoint le chef d'entreprise à bousculer les habitudes de la maison fondée en 1826 : l'arrivée de nombreux autres commerces de bouche. Le chocolat est à la mode, les pâtisseries rivalisent d'ingéniosité pour croquer une part de ce délicieux marché. « Bordeaux est devenue très attractive. Mais qu'en est-il vraiment de son pouvoir d'achat et du potentiel économique de ces entreprises ? », s'interroge-t-il. Face à cette concurrence nouvelle et pour poursuivre sa croissance de 9 à 10 % par an, Cadiot-Badie fait le choix de la proximité. L'atelier de fabrication prend ses quartiers à Pessac en 2005, une boutique de vente directe lui est adjointe et réalise un tiers du chiffre d'affaires. « Si l'on veut préserver la fraîcheur de ce produit fragile, il ne faut pas qu'il voyage trop, sous peine de perdre 30 % des arômes. Difficile dans ces conditions d'avoir un magasin à Paris ».

Dégustations et sens du contact

Serge Michaud sait aujourd'hui de quoi il parle. Créateur du groupe Aquitaine Bordeaux Bureautique, il cède sa concession d'imprimantes en 1996, au japonais Ricoh. La suite, sa conversion au chocolat, c'est son histoire familiale qui l'explique. « Je suis issu d'une famille d'épicuriens, ma grand-mère avait un laboratoire en Alsace et je suis tombé très jeune dans les ganaches, les liqueurs et les pralinés ». Lorsqu'il entend qu'une vieille maison bordelaise est à vendre, il s'associe au maître chocolatier Yves Landry.

Reprendre une entreprise vieillissante et la développer constitue alors son cheval de bataille, « avec ce souci permanent de rester une entreprise à visage humain ». Les six salariés de l'époque regardent avec curiosité ce « col blanc, ce financier qui n'y connaît rien ». Mais lui apprennent rapidement à goûter, à confectionner quelques recettes. Aujourd'hui cette passion dévorante le transforme plusieurs fois par mois en animateur de dégustations. « Le plaisir du chocolat est associé au contact. Il faut le voir, le sentir ». La vente en ligne n'est donc pas la priorité. Gradignan doit permettre de produire 30 % supplémentaires. Pour cela, 40 000 euros ont été investis pour agrandir l'atelier de Pessac et acheter de nouvelles machines.

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