Jean-Michel Caz es : Infatigable bâtisseur

Jean-Michel Caz
es : Infatigable bâtisseur

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Figure emblématique du monde viticole bordelais, Jean-Michel Cazes, propriétaire notamment de château Lynch-Bages à Pauillac et du relais et château Cordeillan-Bages, est à presque 75ans un infatigable bâtisseur. Son dernier défi: finir la rénovation de son village, Bages, devenu un haut lieu de l'oenotourisme en Médoc.
— Photo : Le Journal des Entreprises

Il voulait être médecin, il fera l'École des Mines. Il voulait travailler dans l'industrie pétrolière, il sera ingénieur informaticien chez IBM. Il n'avait jamais imaginé revivre dans le Médoc, il sera agent d'assurance à Pauillac pendant 30 ans. Il n'avait jamais travaillé la vigne, il deviendra une figure emblématique du monde viticole bordelais, bâtisseur d'un empire développé en famille. Il, c'est Jean-Michel Cazes, propriétaire du grand cru classé château Lynch-Bages, de château Haut-Bages, de château Cordeillan-Bages, de château Ormes de Pez, de château Villa Bel-Air, de l'Ostal Cazes en Languedoc, du Domaine des Sénéchaux à Châteauneuf du Pape, du village de Bages, du relais et château Cordeillan-Bages où officie Thierry Marx - deux étoiles au Michelin -, du Chapon fin à Bordeaux - une étoile -, de l'école du Bordeaux, de l'école de cuisine, et de Bordeaux saveurs voyage. Sa fortune est estimée par le magazine Challenge à 61M€.




Retour inespéré à Pauillac

Pour autant Jean-Michel Cazes n'est pas de ces hommes inaccessibles, retranchés dans une tour d'ivoire. Bien au contraire. «J'aime la simplicité, dit-il avec le sourire. Ma famille est d'origine modeste vous savez. J'ai juste eu la chance de me trouver au bon endroit au bon moment.» 1973, l'année charnière. Il décide, alors qu'il travaille à Paris, de changer de vie et de s'installer à Pauillac. «Mon père était agent d'assurance. Il souhaitait vendre château Lynch-Bages, hérité de mon grand-père, mais dont il n'avait pas le temps de s'occuper. Je trouvais dommage de s'en séparer. Je lui ai proposé de venir travailler à ses côtés et de reprendre la propriété. Il m'a traité de fou! À l'époque, la viticulture était sinistrée. Mais je suis resté sur mon idée. J'ai racheté les parts de mes oncles et je suis venu vivre dans le Médoc.» Rapidement, Jean-Michel Cazes trouve plus d'intérêt à la vigne qu'aux assurances même s'il conservera son cabinet jusqu'en 2001. Il prend des cours à la faculté de Bordeaux, embauche un oenologue, Daniel Llose, et décide à la fin des années 70 de moderniser la propriété familiale pour faire des vins de meilleure qualité. Le début d'une véritable success story. Car Jean-Michel Cazes a aussi le sens des affaires. Dans les années 80, il développe son activité en rachetant d'autres châteaux, il crée sa propre maison de négoce J.-M.Cazes Sélection qui distribue les vins de la famille Cazes, et sa marque commerciale, Michel Lynch. Amateur de voyages, il a la conviction qu'il faut ouvrir le marché du vin au monde entier. Il est ainsi l'un des premiers dans les années 80 à promouvoir ses vins aux États-Unis mais aussi en Chine. Il sera également l'un des pionniers en matière d'oenotourisme. Ce savoir-faire poussera son ami Claude Bébéar, alors président d'Axa, à lui proposer en 1986 la direction d'Axa Millésimes qu'il gérera pendant 16 ans. «Une des plus belles expériences professionnelles de ma vie», dit Jean-Michel Cazes. Aujourd'hui retiré de la gestion opérationnelle de ses domaines, c'est son fils Jean-Charles qui a pris les manettes en 2006, Jean-Michel Cazes n'en demeure pas moins actif. Il ne prononce d'ailleurs pas le mot retraite. Il possède toujours un bureau au château Lynch-Bages où il s'occupe avec passion de son dernier projet: la rénovation du petit village de Bages entamée en 2003.