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Villages Vivants s'attaque à la vacance commerciale
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Villages Vivants s'attaque à la vacance commerciale

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Avec un modèle de foncière immobilière coopérative, Villages Vivants propose une solution à la crise des centres-villes en rachetant des boutiques vides qu’elle loue à moindre coût à des porteurs de projets. Après avoir levé 1 million d’euros fin mars, la société drômoise compte démontrer la preuve de son modèle pour essaimer dans d'autres régions.

Raphaël Boutin, Valérie Dumesny et Sylvain Dumas, cofondateurs de la société drômoise Villages Vivants, visent l'ouverture de 190 boutiques sous dix ans grâce à leur foncière — Photo : Villages Vivants

« Il y a un réel problème de désertification des territoires renforcé par une dévitalisation commerciale des centres-villes », explique Raphaël Boutin. C’est de ce constat et de sa rencontre avec Valérie Dumesny et Sylvain Dumas qu’est née, en 2017, l’association Villages Vivants. Transformée en juillet 2018 en société coopérative d’intérêt collectif (Scic), Villages Vivants (CA 2018 : 25 000 € / 6 salariés) s’attelle au délicat sujet de la vacance commerciale avec un concept de foncière.

1 million d’euros levé

Fin mars, la société, installée à Crest (Drôme), a bouclé une double levée de fonds pour près d’un million d’euros, réalisée grâce à une souscription de 250 000 euros en titres participatifs et auprès d’investisseurs (700 000 euros). « Notre foncière a pour but de racheter des biens immobiliers vacants pour les rénover et les mettre à la location auprès de porteurs de projets socialement innovants », détaille le cofondateur, qui espère lever 2 nouveaux millions d’euros d’ici à novembre.

Un concept qui permet à Villages Vivants de louer des boutiques vides à des porteurs de projets sélectionnés. « Alléger le poids du coût de l’immobilier pour assurer la pérennité de projets socialement forts est indispensable pour limiter le turnover, assurer leur pérennité et recréer du lien », note-t-il. Fin mai, une librairie coopérative ouvrira à Trévoux, dans l'Ain, grâce à ce modèle. Au printemps 2020, la commune de Boffres, en Ardèche, accueillera un café-restaurant multiservices. Enfin, deux acquisitions ont été réalisées à Crest et à Die (Drôme), pour lesquels des appels à projet sont en cours. La Communauté de communes du Diois songerait aussi à entrer au capital de la coopérative.

Le modèle repose sur la création d’une société coopérative immobilière qui acquiert par emprunt bancaire 40 % d’un bien, dont le montant moyen total est estimé autour de 175 000 euros. Le reste est apporté par la foncière. Un schéma de financement qui laisse entrevoir des ambitions élevées pour Villages Vivants. « Nous visons 190 ouvertures en dix ans », avance Raphaël Boutin.

Vers une couverture nationale

Ancrée dans le domaine de l’économie sociale et incubée par Ronalpia, l’entreprise drômoise agit sur deux autres leviers : « Nous proposons aux collectivités des prestations d’animation et de diagnostic à travers des outils de gouvernance des centres-villes et de sensibilisation des habitants. Nous accompagnons aussi des porteurs de projets ayant un impact territorial et social dans leur recherche de locaux », précise-t-il.

Si ces deux créneaux permettent à Villages Vivants d’améliorer sa visibilité auprès des collectivités, l’essentiel de l’activité sera réalisé par la foncière. « Pour parvenir à l’équilibre, il faut atteindre une taille critique avec suffisamment de biens immobiliers », précise le cogérant, qui l’espère pour 2022.

Et l’initiative convainc bien au-delà de la région. « De plus en plus de territoires et de collectivités se montrent intéressés. Nous souhaitons couvrir tout le territoire d’ici 7 à 8 ans », précise celui qui projette déjà l’ouverture de deux antennes, en Gironde et dans le Gers.

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