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Thierry Sauvage : « Avec son stade, l'OL marche dans les pas du Bayern Munich et d’Arsenal »
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Thierry Sauvage directeur général d'OL Groupe Thierry Sauvage : « Avec son stade, l'OL marche dans les pas du Bayern Munich et d’Arsenal »

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Nouvelle salle, plan stratégique à cinq ans, rapprochement avec l’Asvel de Tony Parker... Thierry Sauvage, directeur général d’OL Groupe, revient sur les grands projets de développement du club de football lyonnais et montre sa satisfaction après un exercice 2019 record en termes de revenus.

D'après Thierry Sauvage, directeur général d'OL Groupe, la future aréna qui s'installera d'ici à 2022 à deux pas du Groupama Stadium représente un investissement de près de 100 millions d'euros — Photo : OL / Damien Gomez

Le Journal des Entreprises : L’OL Groupe affiche un chiffre d’affaires record pour 2018-2019, à 309 M€, en hausse de 7 % sur un an. Quel bilan tirez-vous de cet exercice ?

Thierry Sauvage : Nous sommes très satisfaits. Notre modèle économique construit autour de la propriété du stade se consolide d’année en année. La billetterie est passée de 10 M€ de recettes au stade Gerland à 42 M€ au Groupama Stadium. Les séminaires et visites ont progressé de 4,2 à 5,4 M€ en un an. Dans la catégorie « événements », les conventions d’entreprises et les salons professionnels offrent aussi d’intéressantes perspectives de croissance.

Quels sont les résultats liés à la propriété du stade ?

T.S. : Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 30 M€ supplémentaires en billetterie et 10 M€ sur les événements. On valorise également les partenariats. Mais nous pouvons encore nous améliorer, notamment sur la commercialisation des espaces VIP. Le Bayern Munich ou Arsenal ont atteint 100 % de commercialisation, mais il leur a fallu du temps. On marche dans les pas des références européennes !

L’OL se démarque des autres clubs de foot professionnels par sa politique de formation. En quoi ce modèle est-il pertinent ?

T.S. : Il fonde toute la stratégie du groupe. L’Académie a toujours été au centre de nos préoccupations pour délivrer de nouveaux joueurs. Pour nous, c’est le bon modèle quand on voit la valorisation de certains joueurs qui ont atteint une maturité à Lyon et ont ensuite été engagés dans de grands clubs européens (Alexandre Lacazette a été vendu à Arsenal pour 50 M€ en 2017, NDLR).

« L’Académie a toujours été au centre de nos préoccupations pour délivrer de nouveaux joueurs. »

Depuis quelques années, on l’a fait évoluer. On a acquis de jeunes talents qui n’ont pas été formés ici mais qui avaient besoin d’être valorisés. C’est le cas cette année avec Ferland Mendy, parti au Real Madrid (acheté 5 M€ hors bonus en 2017 au Havre FC et vendu 48 M€ en 2019, NDLR) ou de Tanguy N’Dombélé à Tottenham (acheté 8 M€ hors bonus en 2017 à Amiens et vendu 62 M€ en 2019, NDLR).

En février, vous présentiez le plan « Full Entertainment », visant à atteindre 400 M€ de chiffre d'affaires en cinq ans. Quels sont les leviers pour y parvenir ?

T.S. : Nous avons des pistes d’améliorations sur les abonnements et sur la billetterie. Nous devons également progresser sur les partenariats, à la fois sur l’équipe masculine mais aussi sur l’équipe féminine, qui suscite de plus en plus d’intérêt et dont la valeur s’apprécie. À partir de 2020, les droits TV progresseront de 60 %, ce qui va mécaniquement augmenter nos recettes (50,8 M€ en 2019, NDLR). Le renouvellement du naming du stade (Groupama actuellement, NDLR) et de notre sponsor Hyundai sont attendus en 2020. Les perspectives de croissance sont conséquentes sur toutes ces lignes. L’objectif est de pousser les curseurs traditionnels et de créer de nouveaux leviers de croissance.

En passant du stade de Gerland au Groupama Stadium, l’OL a quadruplé ses revenus de billetterie (42 M€) — Photo : OL / LOFTI DAKHLI

L’annonce d’une nouvelle salle d’événementiels et le rapprochement avec le club de basket professionnel Asvel forment-ils les piliers de cette stratégie ?

T.S. : Lyon ne dispose pas d’infrastructures suffisantes par rapport à d’autres villes. Les équipements existants ne sont pas à la hauteur de la métropole. Nous souhaitons avoir d’ici à 2022 une aréna (à proximité du Groupama Stadium, NDLR) qui propose des concerts toute l’année et puisse accueillir du sport, sans club résident. L’Asvel viendra jouer ses matchs d’Euroligue devant 12 000 personnes. Nous accueillerons également des événements sur le segment de l’e-sport ou l’organisation de grands séminaires, sans être limités par la capacité d’accueil.

Vous tablez sur une enveloppe de 100 millions d’euros d’investissement. Qui portera le projet ?

T.S. : Cet investissement sera porté a priori par OL Groupe. Nous travaillons actuellement sur le financement, l’administratif et les partenariats commerciaux, comme celui établi récemment avec l’Asvel. Concernant la commercialisation de la future salle, nous sommes plus avancés qu’on ne l’était au même moment avec le stade.

Quelle sera la valeur ajoutée du groupe pour l’Asvel ?

T.S. : Nous apportons notre concours financier de l’ordre de 3,4 M€ (soit 25 % du capital du club, NDLR) pour les garçons et 0,3 M€ (10 % du capital, NDLR) pour les filles. Notre accompagnement porte sur la partie commerciale mais aussi sur une collaboration dans la gestion financière et une participation dans la gouvernance. Nous gérerons la commercialisation des produits de l’Asvel : billetterie, sponsoring, séminaires et participation au développement du merchandising.

En 2018, plus de 1,8 million de visiteurs sont passés par OL City. Avec la nouvelle aréna, on peut espérer dépasser 4 millions de visiteurs.

Et Tony Parker, l'ancien international français devenu président de l'Asvel, devient ambassadeur de l’OL !

T.S. : L’idée est de développer la marque OL à l’international. Nous avons déjà des académies à travers le monde : cinq en Chine avec notre partenaire capitalistique IDG, mais aussi au Liban, au Vietnam, en Corée… Avec Tony Parker, nous souhaitons être plus visibles en Asie et aux États-Unis, notamment pour créer ou faire l’acquisition d’une franchise de football féminin - axe de développement de la marque - afin de capitaliser sur le succès de notre équipe.

L’événementiel est donc un axe de développement majeur du groupe...

T.S. : Les grands événements ont complètement trouvé leur place au Groupama Stadium, aussi bien sportifs comme l’Euro 2016 ou les grands concerts qui répondent aux exigences des tourneurs. Le stade est devenu une véritable destination. En 2020, la programmation s’annonce dense avec déjà deux dates pour le groupe Rammstein et notre festival de musique Felyn en juin. Pour la première édition, nous attendons 30 000 à 35 000 personnes par jour.

Le groupe développe également une offre de services annexes avec OL City. Qu’est-ce qui est prévu ?

T.S. : Nous nous inscrivons à la fois sur un modèle BtoB et BtoC, avec l’hôtel Kospter inauguré en octobre 2018 et l’immeuble de bureaux « Les Loges » qui va être livré en septembre. Les 5 600 m² sont déjà tous commercialisés. Il y a aussi un pôle médical depuis juillet et un laboratoire d’analyses médicales opéré par Unilians. À l’automne 2020, nous inaugurerons un pôle de loisirs de 23 000 m² (vague de surf, paddle, bowling…) et une offre de restauration conséquente. En 2018, plus de 1,8 million de visiteurs sont passés par OL City. Avec la nouvelle aréna, on peut espérer dépasser 4 millions de visiteurs.

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