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Le tribunal de commerce de Lyon anticipe une vague de défaillances en 2021
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Le tribunal de commerce de Lyon anticipe une vague de défaillances en 2021

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La rentrée solennelle du tribunal de commerce de Lyon a donné l'occasion à son président Thierry Gardon, en fonction depuis un an, de rappeler les fondamentaux qui guident son action. Si le nombre d'ouvertures de procédures collectives a baissé de l'ordre de 50 % sur les neuf derniers mois, 2021 s'ouvre sur des perspectives plus sombres.

Le président du tribunal de commerce de Lyon Thierry Gardon (au centre), entouré des 18 juges autorisés à assister à la rentrée solennelle 2021 — Photo : © Audrey Henrion

Une rentrée solennelle éclair, pour une année qui s’annonce douloureuse. Devant une assemblée très parsemée, entouré de seulement 18 juges alors que le tribunal de commerce de Lyon en compte 69, Thierry Gardon, président de la juridiction depuis un an, a dressé un bilan express de 2020. "Le nombre d’ouvertures de procédures tant amiables que judiciaires est en forte diminution comparativement à 2019, avec des statistiques proches des données nationales. Nous recensons une baisse de 37 % de procédures en 2020 par rapport à 2019, et si l’on isole le premier trimestre 2020 qui n’a pas réellement été impacté par l’épidémie (de coronavirus), la baisse est de l’ordre de 50 % sur les neuf derniers mois de l’année", a indiqué cet ancien dirigeant d'entreprise.

Sans surprise, l’homme prédit pour 2021 "un niveau de défaillances très élevé cumulant le nombre de défaillances naturel au rattrapage de 2020 par rapport à 2019 et aux impacts de la pandémie". Selon Thierry Gardon, le point de vigilance doit se porter sur les micros mais aussi petites et moyennes entreprises, les plus fragilisées par la crise, "car souvent moins informées et accompagnées que les groupes et ETI". Les dirigeants de ces petites structures étant en outre très souvent impactés personnellement en cas de défaillance, note-t-il.

Interventionnisme économique

Se félicitant de l’installation d’un Comité départemental d’examen des difficultés de financement des entreprises, le président du tribunal de commerce a aussi rappelé l’installation en 2020 d’un collège de déontologie, et des juges formés dans le cadre formel fixé par l’École Nationale de la Magistrature. "Nous avons progressé en matière de motivation de nos décisions, considérant qu’Il ne suffit pas qu’une décision soit bien rendue encore faut-il qu’elle soit bien comprise", a-t-il pointé.

Dans cet esprit, devant le procureur de la République, la première adjointe de la Ville de Lyon Audrey Hénocque et le président de la CCI de région Auvergne-Rhône-Alpes Philippe Guérand, Thierry Gardon a cependant partagé une inquiétude très "politique" : celle de voir "l’interventionnisme économique du pouvoir exécutif, souvent salutaire mais dont le contrôle reste approximatif, perturber l’ordre concurrentiel dont le pouvoir judiciaire assurait la loyauté".

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