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Comment le fabricant de gants Rostaing veut garder un coup d'avance
Ain # Industrie # Innovation

Comment le fabricant de gants Rostaing veut garder un coup d'avance

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Le concepteur et fabricant de gants techniques Rostaing mise sur une politique d’innovation rigoureuse qui lui permet de proposer 120 nouveaux produits par an. Il recense 15 millions d’utilisateurs dans quelque 50 pays.

Rostaing met le cap sur le développement de sa business unit sûreté-sécurité — Photo : Rostaing

De la fabrication de chaussures en cuir à la conception des gants détecteurs de métaux. C’est peu dire que, depuis sa création en 1789 sur les bords du Toison à Villieu (Ain), cette tannerie devenue ganterie a su s’adapter à son époque. Joseph, Joannès, Léon, Jean et aujourd’hui Stéphane se sont succédé à la tête de cette PMI avec l'idée d'être au plus près de la demande des clients. « Notre croissance, de 3 à 5 % par an, est 100 % organique », décrit Stéphane Rostaing, entré en 2003 et devenu PDG en 2014 (CA 2018 : 24 M€ / résultat net : 550 000 €), qui, de par sa formation d’ingénieur itech, a une forte inclination pour l’innovation d’usage.

« La robotisation de l’industrie est un frein pour nous, dont le métier consiste à protéger les travailleurs manuels »

Au fil de son histoire, la SAS 100 % familiale a gardé 50 salariés dans l’Ain, essentiellement les équipes R & D, marketing et commerciales, et 300 dans ses usines du nord de Casablanca au Maroc, d’où sortent annuellement quelque 7 millions de paires (sur les 10 millions vendues). Au total, plus de 500 produits proposés dans l’industrie représentent 50 % du chiffre d’affaires, le libre-service - gants de jardinage, bricolage - pour une cible BtoC en constituent 35 % et la sécurité et sûreté (police, pompiers, armée) pèse pour 15 %. « La robotisation de l’industrie est un frein pour nous, dont le métier consiste à protéger les travailleurs manuels. Raison pour laquelle nous nous orientons vers la sécurité, la sûreté, le bricolage, le jardinage, etc. qui sont des marchés où l’intervention de l’homme reste indispensable », précise Stéphane Rostaing. Une stratégie multisectorielle « qui nous protège en cas de crise ».

En 2018-2019 pourtant, ce sont toutes ces gammes qui ont été touchées par les nouvelles normes de protection individuelle imposées par Bruxelles. Conséquence : 300 000 € de dépenses. « Plutôt que de faire certifier nos produits existants, nous avons choisi d’en repenser le design, de rajeunir les gammes. J’ai ainsi piloté les dépenses de développement et de traduction comme des investissements, même si comptablement, il s’agissait bien de coûts !», reconnaît le dirigeant qui consacre entre 3 et 5 % de son chiffre d’affaires dans la R & D, socle de l’entreprise depuis plus de 200 ans.
« Nous nous apprêtons à sortir de nouveaux concepts dans le domaine du BTP », confie-t-il sans plus de détails. Avec des cycles de vie de 5 ans en moyenne et la création de 120 nouveaux produits par an, il prend le parti d’être rapide pour « ringardiser la concurrence » et fait en sorte de ne déposer à l’INPI que ses marques de produits ou concepts, à l’image des gants « Attack6Pea » conçus pour les pompiers de Paris. « On ne dépose pas de brevets, trop coûteux et chronophages à défendre ».

Dans un marché tendu, avec des concurrents asiatiques offensifs dans le libre-service, Rostaing, qui exporte dans 50 pays (25 % du CA) mise aussi sur la vente en marque-blanche pour des tiers. Il a ainsi fourni les gants Ouvry pour le ministère de la Défense et est en discussion avec le suédois Husqvarna, spécialiste du bûcheronnage.

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