La crise du Covid-19 aura permis à Froilabo (CA 2020 : 7,5 M€ ; 88 salariés) de changer d’échelle. La PME spécialisée dans la conception, la fabrication et la distribution d’équipements frigorifiques et climatiques installée à Meyzieu (Rhône), fait figure de petit Poucet sur un marché dominé par des géants tels que PHP (Panasonic), Thermo Fisher ou Haier. Mais depuis mars 2020, elle voit les commandes affluer.
Il s’avère en effet qu’elle est la seule entreprise française à proposer des supercongélateurs permettant de stocker des produits pharmaceutiques à moins de 80 °C. "Dès le déclenchement de la crise, nous avons enregistré une forte demande des laboratoires pour nos congélateurs grand froid car ils souhaitaient poursuivre leurs recherches sur la souche du coronavirus", explique Tony Grandménil, directeur général délégué de Froilabo, détenue par le groupe hongkongais Techcomp.
Une dynamique renforcée en fin d’année avec l’arrivée sur le marché du premier vaccin fabriqué par Pfizer/ BioNtech, nécessitant un stockage à moins 70 °C. "En novembre, nous avons reçu un afflux de commandes, en volume et en fréquence, pour la conservation de ce vaccin. Sur l’année, l’augmentation de nos ventes est de l’ordre de 20 %", précise-t-il. Encore aujourd’hui, et malgré l’arrivée de deux autres vaccins sur le marché français, l’activité perdure à un haut niveau. "Nous répondons à beaucoup de consultations", assure le dirigeant.
Investissement anticipé
Avec son siège et une unité de fabrication dédiée aux produits à forte valeur ajoutée à Meyzieu (Rhône), Froilabo est aussi doté d’un site de production pour les grandes séries en Roumanie. Les supercongélateurs sont fabriqués et assemblés en Europe de l’est avant d’être envoyés dans le Rhône où ils sont testés avant leur distribution chez le client. "Nous ne pouvons nous permettre d’expédier directement des produits destinés à conserver des vaccins sans être certain de leur fiabilité. Les enjeux sont trop importants", explique Tony Grandménil, qui concède travailler à recentrer, dès cette année, en Roumanie cette étape de vérification. La société peut aussi compter sur sa filiale, Société Craponne Tôlerie, basée à Messimy (Rhône) pour la fabrication des caisses en tôle qui entrent dans la conception des congélateurs.
Pour autant, la forte hausse des commandes a pu être digérée grâce aux investissements de la PME avant la crise. "En 2019, nous avons investi plusieurs centaines de milliers d’euros dans notre site en Roumanie pour multiplier par trois nos capacités de production. Cette année, nous allons augmenter notre production de 40 % grâce à l’important travail d’optimisation de la production que l’on a mis en place", précise-t-il aussi.
75 % de l’activité sur les supercongélateurs
D’une centaine de supercongélateurs fabriqués par mois, la PME pense pouvoir atteindre les 150 unités cette année. Trois quarts de ses revenus proviennent des congélateurs très basse et basse température. Le reste de l’activité est réalisée sur les étuves, incubateurs, banques réfrigérées pour les laboratoires mais aussi sur les conditionneurs d’air qu’elle adresse aux acteurs de l’aéronautique. "Ici, notre double expertise dans le froid et le chaud trouve des débouchés", souligne Tony Grandménil. Ce conditionneur d’air permet par exemple de passer de températures extrêmes (de -80 ° à 200 °C) en quelques secondes pour tester des pièces et équipements d’avion.
