Banque de France Auvergne-Rhône-Alpes : "Un coup de frein inquiétant sur les investissements"
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Christian Berret directeur Auvergne Rhône-Alpes de la Banque de France "Un coup de frein inquiétant sur les investissements"

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Directeur de la Banque de France pour la région Auvergne-Rhône-Alpes, Christian Berret craint que le reconfinement impacte encore davantage l’absence de perspectives des chefs d’entreprise dans leurs projets d’investissement.

— Photo : Audrey Henrion

À quoi peut-on s’attendre au niveau de l’activité économique en Auvergne Rhône-Alpes avec ce deuxième confinement ?

Christian Berret : Nous avons constaté, après une forte reprise au sortir du premier confinement, un petit coup de frein sur l’ensemble de l’économie régionale en août et en septembre. Ce phénomène est similaire à ce que l’on a pu constater sur l’ensemble de l’économie nationale. Il y a des variations ici ou là en fonction des spécificités régionales mais le constat est celui-ci. Ce n’est pas inquiétant, ce n’est pas un recul. Néanmoins, nous sommes davantage inquiets du coup de frein ressenti sur les projets d’investissement et les consultations d’investissement des entreprises. À part pour l’immobilier où la tendance demeure élevée, on remarque un ralentissement que l’on n’espère temporaire. Vue l’incertitude actuelle et ce deuxième confinement, cela se comprend. Les chefs d’entreprise ont des difficultés à se projeter dans l’avenir dans un tel contexte.

Quelle conséquence pourrait avoir ce coup de frein ?

C.B. Qu’il y ait une pause, ce n’est pas étonnant dans le fonctionnement d’une économie. En revanche, l’absence de visibilité sur l’avenir pour les entreprises freine leurs décisions. Les projets d’investissement se rattraperont vraisemblablement mais pas le temps perdu. Aujourd’hui, nous n’avons pas de remontées nous faisant part d’annulations de projets d’investissement. On nous annonce plutôt des reports ou des intentions d’investissements pour 2020 qui ne pourront pas se réaliser. Il y a un attentisme très fort.

Pensez-vous que les entreprises sont prêtes à absorber ce nouveau choc ?

C.B. : Le deuxième confinement est différent du premier puisqu’il autorise certains secteurs à poursuivre leur activité, comme c’est le cas pour le BTP par exemple. D’autre part, la généralisation du télétravail associé à la possibilité pour les parents d’envoyer leurs enfants à l’école posera moins de difficultés dans la mise en place du travail à la maison. Les dirigeants se doutaient du risque d’un deuxième confinement, et l’avaient pris en compte dans leurs prévisions.

Quels vont être les secteurs les plus touchés par ces nouvelles restrictions ?

C.B. : Peu ou prou les mêmes qu’aujourd’hui. Les cafés, hôtels et restaurants bien sûr, l’événementiel et les commerces non essentiels. Des compensations ont été promises et nous pouvons imaginer que le gouvernement va prendre dans les jours qui viennent des mesures nouvelles ou qu'il va pérenniser certaines aides d’urgence existantes. De notre côté, nous aurions aimé que certaines mesures de soutien à l’investissement puissent être mises en place pour favoriser la reprise et maintenir l’emploi. Le Covid-19 rend la gestion de la crise beaucoup plus compliquée pour le gouvernement mais aussi pour les chefs d’entreprise et les banques.

Les problèmes de trésorerie ont marqué le premier confinement. Le risque aujourd’hui est-il similaire ?

C.B. : Globalement, les difficultés de trésoreries ne figurent pas en tête des craintes des chefs d’entreprise, exceptés pour les métiers très touchés depuis le début de la crise. Elles ont été plutôt bien préservées parce que les banques ont pour l’essentiel d’entre elles joué le jeu. Et les entreprises ont été prévenantes et prudentes. Enfin, les aides de l’État ont accompagné la souplesse des établissements de crédits.

Les services de la Banque de France demeurent ouverts ?

C.B. : Nous avons eu pour consigne de rester ouverts et accessibles comme tous les services publics. Nous assurons l’ensemble des services dont certains seront peut-être aménagés pour laisser une plus large place à la dématérialisation.

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