« On a souvent besoin de plus petit que soi » disait Jean de la Fontaine. L’adage est mis en œuvre par le Nantais Sercel, groupe industriel spécialisé dans le marché des équipements sismiques. Après avoir subit d'importantes difficultés au point que son chiffre d’affaires a dévissé de 1 milliard d’euros en 2013 à 250 millions l’année dernière, entraînant la suppression de 112 emplois sur 910 à Carquefou (44), le groupe cherche à diversifier ses activités.
Il s’est rapproché d’Axandus, accélérateur industriel créé par l’équipementier automobile EFI Automotive (Pdt : Patrick Thollin, 1600 salariés, CA : 220 M€) pour reproduire sur son terrain le modèle de fertilisation croisée entre industrie et jeunes pousses. Ce partenariat avec l’accélérateur lyonnais qui mobilise aujourd’hui cinq salariés de Sercel, ne doit pèse sur la structure tout en faisant entrer l'ETI dans un processus de diversification et d’open innovation.
De la mécatronique à l’IOT
« Nous partons de notre savoir-faire, la mécatronique en BtoB, pour explorer de nouveaux secteurs, lesquels peuvent toucher le domaine du parapétrolier, des objets connectés, le monitoring des infrastructures, les smart city…» égrène Jean-Cédric Prouvost, vice-président de Sercel en charge de la stratégie et de la diversification. Parmi les deux start-ups nantaises accompagnées depuis le 1er septembre figure Stimio, un concepteur et fabricant industriel de solutions sur mesure pour le monde de l’IOT B2B. La jeune entreprise adresse les marchés du transport, de l’industrie et de l’agriculture en assurant l’acquisition, le transport et le traitement des données collectées.
Un chiffre d’affaires à la clé
Les prestations d’Axandus Nantes sont rémunérées par les start-up clientes avec un objectif de chiffre d’affaires d'un million d’euros à trois ans. « Nous offrons à ces start-up l’accès à notre puissance de frappe en matière d’achat, d’économie de temps et d’argent » argumente Thierry Roger, responsable d’Axandus-Nantes. Pour lui, cet outil est aussi un moyen de remobiliser "en mode projet" les collaborateurs de Sercel, et notamment les 200 ingénieurs et techniciens du site de Nantes.
L’arrivée de cet accélérateur dans une entreprise qui se remet d’un plan de licenciement a étonné en interne. Jean-Baptiste Yvon, qui a fondé et dirige l’accélérateur de Efi Automotive (Ain) il y a quatre ans alors que l’industrie automobile était elle aussi en souffrance y voit au contraire « le signe que l’entreprise, qui a fortement été impactée par la chute du cours du baril, veut rebondir et trouver de nouveaux débouchés ». La création d’Axandus avait été pensée par le dirigeant, Patrick Thollin, pour les mêmes raisons. « Alors en perte d’activité, nous avions perçu via Axandus le moyen de maintenir nos effectifs. Et on a bien fait car l’activité a redémarré » souligne-t-il. Ajoutant qu’il est toujours très productif de faire entrer des start-up qui « secouent » les équipes en place par leurs modes de pensées et leurs idées.
Rebondir
Depuis 2014, l’accélérateur basé à Miribel a accompagné 25 start-ups, accouchant notamment de EFI Lighting, une JV entre EFI Automotive et Brochier Technologies qui développe des tissus luminescents destinés à l’habitacle des véhicules. Axandus héberge aussi Primo 1D, qui produit des ondes RFID sur le site EFI Automotive de Beynost.
L’ambition de Jean-Baptiste Yvon : créer un réseau Axandus en France. « La culture d’entreprise est très orientée vers le partenariat, considérant que cette forme collaborative crée de la valeur sans générer de coût ni de risques. En mettant sur pied un réseau d’accélérateurs dans des ETI industrielles territoriales, nous bâtissons un tissus d’experts qui grandissent et progressent ensemble ».
