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Avec la "Display Valley", Aledia veut investir 500 millions d'euros d'ici 2025
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Avec la "Display Valley", Aledia veut investir 500 millions d'euros d'ici 2025

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La société grenobloise Aledia, spécialisée dans une nouvelle technologie d’écrans à base de microLED vient de dévoiler un projet pharaonique, baptisé Display Valley. À terme, 500 millions d’euros seront investis à Champagnier, au sud de Grenoble, pour industrialiser cette technologie issue du CEA.

Giorgio Anania ambitionne de bâtir un site de production pour un montant total de 500 millions d’euros à Champagnier (Isère) — Photo : Pierre Lelièvre

"Un grand pari". C’est en ces termes que Giorgio Anania, PDG d’Aledia a qualifié le projet de la société grenobloise spécialisée dans les écrans microLED (180 salariés). D’ici 2025, ce capitaine d’industrie polyglotte veut façonner un écosystème dédié aux écrans microLED pour un montant total d’un demi-milliard d’euros d’investissement. Jeudi 2 septembre à Champagnier (Isère), en présence de la ministre déléguée chargée de l’Industrie, Agnès Pannier-Runacher et du secrétaire d’État chargé de la transition numérique et des communications électroniques, Cédric O, le PDG a inauguré le lancement de la Display Valley (Vallée des écrans).

Agnès Pannier-Runacher (à droite), ministre déléguée chargée de l’Industrie et le secrétaire d’État chargé de la transition numérique et des communications électroniques, Cédric O (au centre), ont acté le soutien de France Relance à hauteur de 5 millions d’euros pour le projet d’Aledia — Photo : Pierre Lelièvre

Installé au sud de Grenoble, Aledia a déjà lancé la construction des bâtiments de 15 000 m² sur une parcelle de 9,4 hectares (extensible à 11,5 hectares) pour un investissement de 50 millions d’euros. Une première tranche, soutenue à hauteur de 5 millions par le plan France Relance, répartie entre 40 millions d’euros pour les bâtiments (50 % sont financés par les fonds propres de la SCI détenue par Aledia, des banques et les collectivités locales et l’autre moitié par des prêts bancaires) et 10 millions pour les infrastructures (gaz), financé par Engie. Ce démarrage acte le début d’un projet colossal de près de 500 millions d’euros d’investissement en bâtiment et en équipements (450 M€).

Le premier bâtiment de la Display Valley est en train de sortir de terre sur une ancienne friche industrielle du sud de la métropole grenobloise — Photo : Pierre Lelièvre

À horizon 2025, près de six bâtiments sortiront de terre regroupant un centre de production, des salles blanches et des bureaux. Aledia compte créer plus de 500 emplois directs et participer à la création de plus de 1 500 emplois indirects sur le bassin grenoblois. Le lieu se destine également à accueillir des start-up du secteur, comme Microoled, spécialisée dans les afficheurs Oled pour la réalité virtuelle et augmentée. Le projet, soutenu par la Région Auvergne-Rhône-Alpes et les collectivités locales - garantes des prêts bancaires - permettra de revitaliser le sud de la métropole grenobloise en déficit d’attractivité et d’emplois avec la reconversion d’une ancienne friche industrielle.

Technologie de rupture issue du CEA

Aledia travaille depuis 2011 sur une technologie issue du CEA Leti de nouvelle génération destinée à faire des écrans à base de microLED. Moins énergivore que les technologies LCD ou LED, adaptée aux applications portables, bénéficiant d’un affichage amélioré et disposant d’une durée de vie plus longue, la technologie microLED développée par Aledia veut s’imposer sur un marché mondial des écrans estimé à 120 milliards d’euros. "Une vague d’innovation va s’abattre sur le monde dans les prochaines années et la France doit participer à ce pari et c’est le projet d’Aledia", expose Giorgio Anania.

La technologie d’Aledia repose sur des nanofils en nitrure de galium intégré à des plaquettes de silicium — Photo : Pierre Lelièvre

La technologie d’Aledia repose sur des nanofils de nitrure de galium émetteurs de lumière qui sont intégrés à des plaques de silicium. "Nous sommes prêts aujourd’hui à fournir des premiers produits l’année prochaine à nos premiers clients et à produire en grand volume à la fin 2023", détaille le PDG.

Face à la jeune société qui ne dégage encore aucun chiffre d’affaires mais qui a englouti plus de 170 millions d'euros d’investissement en R & D (200 brevets déposés) depuis sa création dont 55 millions d'euros rien que cette année, des géants se dressent déjà sur son chemin avec Apple, Facebook ou Samsung. Le pari est osé, et la société, attendue, alors qu’elle a levé près de 100 millions d’euros cette année. "À terme, nous aurons la capacité de produire 10 000 plaques d’écrans par semaine pour des applications diverses, allant de l’afficheur miniature à l’écran géant", précise Giorgio Anania.

Un écosystème dédié à la microélectronique

Le projet Display Valley résonne surtout avec l’écosystème grenoblois. Lorsque la société sera montée en charge avec son site de production, le bassin pourra capitaliser sur une triple expertise en électronique, dans les capteurs et dans les écrans. "Les écrans ont besoin des capteurs et de la microélectronique", rappelle le PDG. qui compte créer des synergies avec les autres acteurs du territoire.

De quoi créer une dynamique et un vivier d’attractivité pour les industriels. "Cette triple vallée va attirer les ensembliers", veut croire François Jacq, administrateur du CEA Leti. Des acteurs mondialement reconnus y sont déjà avec Soitec, ST Microelectronics, Lynred, Teledine Technologies, et le CEA.

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