Le carnet de commandes est plein mais les caisses sont vides. C’est dans ce contexte que la société clermontoise ACC Ingénierie et Maintenance (CA 2018 : 19,78 M€ / 275 salariés) a été placée en redressement judiciaire au début du mois.
Centenaire depuis cette année, l’entreprise clermontoise est détenue depuis les années 90 par une trentaine d’anciens cadres. « La plupart sont décédés ou inactifs aujourd’hui », précise Anthony Vedeau, délégué CGT. L'entreprise a été confiée à Grégory Wautot, administrateur judiciaire, tandis que l'actuel PDG, Jean-Marc Couderc, n'a pas souhaité s'exprimer.
L’an dernier, ACC a réalisé un C.A. de 20 M€. « Notre société a besoin d’un second souffle, estime le responsable syndical. Nous nous sommes battus pour décrocher des contrats, d'une valeur de 100 M€ décrochés auprès de la RATP, SNCF ou Sytral. Nous espérons faire entrer un actionnaire qui a du cash et de nouvelles idées de développement. » Quatre candidats à la reprise sont connus : le groupe Bombardier, la société TTH basée à Lisses (Essonne), spécialisée dans la construction de voies ferrées, Cegelec Défense et le groupe industriel auvergnat NSE (Allier).
Les salariés veulent croire à une deuxième chance : spécialisé dans la rénovation de véhicules roulants ACC restaure également depuis plusieurs année les célèbres voitures de L’Orient Express. « Tous les hivers, nous rénovons ce train mythique afin d’offrir la meilleure qualité de service qui soit aux clients de l’Orient Express. Nous sommes les seuls au monde à faire cela » argumente le représentant de la CGT.
C’est sans doute ce savoir-faire historique et unique qui a séduit les repreneurs, malgré des capitaux propres dans le rouge (- 9,1 M€) et un résultat net à -3,5M€. « Notre entreprise est en difficulté financière car nous n’avons plus de trésorerie », explique Anthony Vedeau. En 2015, touchée par la crise, ACC Ingénierie et Maintenance a dû siphonner ses réserves pour continuer d’exister. « Nous sommes restés plusieurs mois sans contrat. Ça a été très dur ».
Audience le 24 octobre
Les repreneurs n'ont pas tous la même vision pour ACC. Certains convoitent la division ferroviaire d’ACC Ingénierie et Maintenance, d’autres l’activité militaire. Car l’entreprise clermontoise produit également des positionneurs d’antennes satellites pour toutes les armées du monde. « Le ferroviaire représente 75 % de l’activité d’ACC et le militaire 25 % », rappelle Anthony Vedeau. « Jusqu’au dernier moment, nous négocierons l’amélioration des offres », prévient le délégué syndical.
L’audience au tribunal de commerce de Clermont-Ferrand est prévue le 24 octobre prochain. La décision sera connue quelques jours plus tard. « Ce que nous demandons, c’est un vrai projet industriel et bien sûr le maintien de tous les emplois. » La branche ferroviaire d’ACC Ingénierie et Maintenance emploie 230 personnes, la militaire compte 45 salariés. « Nous espérions cette situation. La torture va s’arrêter et nous allons redémarrer une activité plus sereine pour enfin revivre un peu. » Et ouvrir un nouveau chapitre de la longue et riche histoire de l’entreprise de maintenance ferroviaire clermontoise.