Lyon
Yves Revol (Clasquin) : « Nous prenons des parts de marché aux États-Unis »
Interview Lyon # Logistique # International

Yves Revol P-dg de Clasquin Yves Revol (Clasquin) : « Nous prenons des parts de marché aux États-Unis »

S'abonner

Le transitaire international lyonnais Clasquin (CA 2018 : 308 millions d'euros ; 800 salariés) affiche un record de croissance sur un marché de la logistique pourtant chahuté par l'interminable bras de fer commercial entre Pékin et Washington.

Le transitaire lyonnais vient de finaliser le rachat de 80 % du canadien Cargolution (CA 2018 : 50 millions de dollars canadiens) — Photo : Clasquin

Clasquin affiche au troisième trimestre une croissance à 17,7 % de sa marge opérationnelle brute. Sur quels marchés en particulier se fait cette poussée record ?

Yves Revol : Une partie de cette croissance est concentrée sur les États-Unis et en particulier sur le flux États-Unis/Chine où nous avons pris cette année de belles parts de marché. Nous avons restructuré notre présence sur le sol américain en fermant une filiale et en renforçant notre management à travers le recrutement d’un nouveau patron américain et de plusieurs managers. Cette stratégie est payante. Nous avons également bien progressé au Maghreb via notre filiale LCI Clasquin.

"La hausse des droits de douane américains a un effet dépressif sur le commerce mondial mais cela n'impacte pas nos résultats"

Yves Revol, P-dg de Clasquin — Photo : Clasquin

Vos activités sont-elles malgré tout impactées par les sanctions douanières américaines et le long bras de fer commercial Chine-États-Unis ?

Y. R. : La hausse des droits de douane américains a un effet dépressif sur le commerce mondial, et spécifiquement sur les flux Chine-États-Unis. Cette situation se diffuse par effet induit et par capillarité sur nos métiers mais n’impacte pas directement nos résultats. Nous ne changeons donc pas de stratégie : nous continuons à nous renforcer sur la Chine, qui représente à elle seule 14,4 % de nos revenus et près de 30 % si l’on compte l’ensemble de nos flux (entrants et sortants) avec ce pays. Nous venons à ce titre d’ouvrir un nouveau bureau à Tianjin.

L’Afrique est aussi un axe stratégique fort pour Clasquin. Comment évaluez-vous les résultats de votre unité « Afrique » créée il y a deux ans et pilotée depuis votre bureau parisien ?

Y. R. : Nous avons commencé à mettre en place un réseau d’intermédiaires en Afrique subsaharienne, à Dakar notamment. Notre volonté est, à court terme, d’avoir des agents dans tous les pays d’Afrique francophone. C’est la mission de notre responsable Afrique, qui n’est autre que l’ancien directeur général de notre ex-concurrent Necotrans (groupe français de logistique, liquidé en 2017, NDLR)

Vous venez de finaliser le rachat à 80 % du canadien Cargolution (CA 2018 : 50 millions de dollars canadiens), spécialisé dans le freight forwarding. Comment avez-vous identifié cette cible sur un marché nord-américain réputé concurrentiel ?

Y. R. : Nous sommes en chasse permanente mais nous faisons finalement peu d’opérations de croissance externe. C’est toujours compliqué : il faut que la qualité du fonds de commerce et celle des dirigeants en place soient solides. Ce qui est le cas pour Cargolution. Mais c’est l’avenir qui nous dira si c’est une belle opération… En tout cas, cela nous permet de consolider notre empreinte sur ce marché stratégique sur lequel nous ne générons actuellement que 8 à 9 % de notre marge commerciale brute.

Cette opération de croissance externe au Canada intervient quelques mois après la fermeture de votre bureau australien. Tournez-vous définitivement le dos à l’Océanie ?

Y. R. : Absolument pas. J’espère que nous aurons l’opportunité de rouvrir ce bureau. C’est souvent une histoire de rencontres ; d’homme… Si nous trouvons le bon profil, il n’y a pas de raison que nous ne retournions pas en Australie.

À l’heure du e-commerce et de la densification des transports, quels sont les enjeux du marché ?

Y. R. : La valeur ajoutée d’un transitaire est évaluée sur sa capacité à bien gérer l’information. Ce qui suppose la mise en place d’outils performants. Voilà pourquoi, ces dernières années, nous avons investi plusieurs millions d’euros sur de nouvelles solutions. Nous avons opté pour le logiciel CargoWise, développé par l’australien WiseTech. Désormais, l’ensemble de nos opérations au niveau mondial se fait sur cet outil. C’est une des clés de notre croissance. Nous avons par ailleurs changé cet été notre outil gestion, en optant pour le logiciel américain Workday.

Clasquin a été l’un des premiers transitaires français à emprunter la voie ferrée Chine-Europe, opérationnelle depuis quelques années. Que représente pour le groupe cette alternative au transport maritime et aérien ?

Y. R. : Pour Clasquin, cet intérêt pour le rail est tout à fait stratégique, surtout pour nos activités du nord de la France. Nous assurons aujourd’hui deux départs par semaine en groupage depuis la Chine. C’est un produit unique sur le marché. Nous sommes capables d’acheminer sous douanes nos containers depuis le hub allemand de Duisburg jusqu’à nos bureaux de Lille. Nous répondons aux besoins de nos clients de la grande distribution en particulier. Cette option ferroviaire, plus rapide que l’option maritime, permet de fiabiliser nos flux en termes de délais. Et elle reste nettement plus abordable que l’aérien.

Lyon # Logistique # International