Vendée : HP2A, une technologie à base d'argile comme alternative au ciment
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Vendée : HP2A, une technologie à base d'argile comme alternative au ciment

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BÂTIMENT Il a repris la briqueterie Gillaizeau à 25 ans, puis lancé une gamme d'enduits. Julien Blanchard mise aujourd'hui sur une solution à base d'argile, conçue comme un alternative au ciment dans la construction. Soutenu par Airbus et Total, il a déposé un brevet. Et projette d'ouvrir une nouvelle usine...
— Photo : Le Journal des Entreprises

Airbus group, Michelin et Total développement régional ont apporté leur soutien à Julien Blanchard, 35 ans, dirigeant de la briqueterie Gillaizeau, dont les fours tournent à Chaillé-sous-les Ormeaux depuis 1850. L'appui se matérialise sous forme de prêts à taux zéro, d'une aide à l'international ou de la possibilité de faire appel aux laboratoires de ces mastodontes. De beaux soutiens !

Et pour cause, sa nouvelle innovation baptisée HP2A a pour ambition de proposer une solution à base d'argile « alternative au ciment Portland », autrement dit « le plus utilisé au monde », dans tout un tas d'applications pour le bâtiment, dixit le jeune dirigeant. Deux brevets pour la France et l'international ont déjà été déposés, pour lesquels Bpifrance lui a donné un coup de pouce (50.000 euros de subventions).



Blocs d'argile
Pour présenter le projet HP2A, Julien Blanchard commence par apporter un petit bloc d'argile : « C'est réalisé sans ciment, sans chaux, sans cuisson, pourtant c'est aussi dur que du béton armé ». HP2A désigne avant tout une technologie d'activation alcaline à froid de l'argile.

« Dans la nature, la pierre se décompose en argile, nous faisons le chemin inverse, en recollant les particules d'argiles au niveau moléculaire », vulgarise Julien Blanchard. Le fruit d'un travail entre le Vendéen et un ingénieur chimiste, David Hoffmann, qui lui a présenté l'ébauche du procédé en 2014. Celui-ci fabriquera le prémix, un mélange d'argile et autres composants. L'acheteur le mélangera ensuite à des agrégats (sable, chanvre...).


Une usine prévue en 2017
Encore en train de définir les futures applications, le Vendéen cible les ouvrages de génie civil, les matériaux de construction pour l'habitat et la décoration (le mobilier urbain et des dalles spécifiques font partie des réflexions). Prévoyant un début de production l'an prochain, Julien Blanchard espère ouvrir « une nouvelle usine d'environ 5.000 m² » d'ici là, pour un investissement « de plusieurs millions d'euros ». Les effectifs cumulés de Gillaizeau et d'Argilus, soit 15 personnes, devraient doubler d'ici trois ans.




« Empreinte carbone réduite »
Comment compte-t-il percer ? Revendiquant des coûts de fabrication similaires, voire moindres, que le ciment, HP2A, lance deux arguments pour convaincre. D'abord, l'accessibilité du produit, avec des blocs d'argiles et autres applications « pouvant être réalisés un peu partout ». « L'argile reste l'une des matières premières les plus répandues au monde, et les sables
qu'on utilise sont accessibles, assure Julien Blanchard. Une grande différenceavec le ciment, qui recourt au calcaire et à des sables nobles, et non pas des sables du désert ou de la matière issus de la récupération sur chantiers, par exemple. Du coup, beaucoup de pays sont obligés d'importer. »

Second argument: l'empreinte carbone. « Notamment à cause des opérations de cuisson à haute température, une tonne de ciment génère une tonne de CO2, HP2A 10 à 20 fois moins ! », annonce Julien Blanchard.




Levées de fonds

Après la fabrication de briques en terre cuite, notamment pour la restauration du patrimoine, comme récemment à l'hôtel Crillon de Paris ou pour les caves de maisons de Champagne, le site de Gillaizeau s'était déjà diversifié. Il y a quelques années sont apparus les enduits de façade intérieur et extérieur, avec 165 teintes différentes, livrés dans 100 points de vente.

Via une seconde société créée pour l'occasion, Argilus, ce créneau a permis de maintenir l'activité du site de Chaillé sous les Ormeaux et ses 2,5 hectares de carrières (Les terres cuites Gillaizeau pèsent environ 500.000 euros de CA contre 1,5 million d'euros générés par Argilus aujourd'hui).

Porté par la nouvelle société Argiwest, le projet HP2A a déjà récolté 500.000 euros auprès d'entrepreneurs privés, dont des Vendéens, entrés au capital en début d'année. Une seconde levée de fonds du même ordre, doit intervenir d'ici fin 2016.


www.hp2a-technologies.fr

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