Tensions sur le prix du bois : "Le bâtiment réclame une neutralisation des pénalités de retard"
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Damien Dorne président des métiers du bois à la FFB Auvergne-Rhône-Alpes "Le bâtiment réclame une neutralisation des pénalités de retard"

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Damien Dorne, président régional des métiers du bois à la FFB Auvergne-Rhône-Alpes — Photo : FFB Auvergne-Rhône-Alpes

La hausse du prix du bois a-t-elle des conséquences sur l'activité construction : allongement des délais ? hausse des coûts ? baisse des marges ?

Il y a vrai risque d'arrêt de chantiers faute de matériaux. Nous craignons des retards assortis de pénalités pour les entreprises qui ne pourront pas respecter les délais. Les marges des entreprises sont aussi fortement impactées. C'est l'effet "ciseau", avec d'un côté une augmentation importante des coûts et de l'autre côté aucune possibilité de répercussions immédiates dans les marchés.

Quels sont les acteurs le plus lourdement touchés ?

Tous les acteurs de la filière sont impactés. Dans les marchés publics, il revient à l'acheteur de déterminer le seuil à partir duquel il considère les hausses de prix des matières premières suffisamment importantes pour justifier l'introduction d'une formule de révision des prix. Dans le privé, la liberté contractuelle est la règle, et la plupart des marchés de travaux ne comportent aucune clause de révision de prix.

Depuis quand ce phénomène est-il observé et comment la filière s'organise-t-elle pour y faire face ?

Il s'agit d'un phénomène national. Les hausses sont observées depuis décembre 2020 et les premières alertes datent de janvier 2021. Olivier Salleron, président national de la Fédération Française du Bâtiment, a écrit le 21 mars au ministre de l'Économie afin de l'alerter sur ces difficultés pour les entreprises du secteur. La plupart des marchés restent signés à prix ferme, non actualisables ni révisables, et prévoient des pénalités de retard. La FFB réclame donc une neutralisation de ces pénalités de retard lorsqu'elles sont liées à des ruptures d'approvisionnement indépendantes de la volonté des entreprises. Il souhaite aussi que le gouvernement communique sur l'importance d'indexer les marchés. Pour faire face à cette situation, la FFB incite aussi les entreprises à inclure deux clauses dans les contrats : une clause d'indexation pour faire évoluer le prix du marché en fonction de l'évolution d'un indice préalablement sélectionné, et une clause d'imprécision pour prévoir contractuellement les modalités de renégociation des termes du marché lorsque survient un événement préalablement identifié de nature à rendre l'exécution des travaux particulièrement difficile pour l'entreprise.

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