Six conseils pour réduire sa facture d'électricité au bureau
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Six conseils pour réduire sa facture d'électricité au bureau

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Face à l’augmentation du prix de l’électricité et du gaz, le gouvernement a pris une série de mesures. L’occasion de rappeler que des gisements d’économies existent en entreprise. Car l’énergie la moins chère reste toujours celle qui n’est pas consommée.

Immeuble de bureaux, de nuit — Photo : nfrPictures

Réduire sa facture énergétique au bureau s’impose plus que jamais. Pour deux raisons. D’abord, la récente flambée des prix invite à la sobriété. Cette hausse est telle que le gouvernement a brandi "un bouclier", bridant notamment la hausse du tarif réglementé de l’électricité. Par ailleurs, à partir de 2022, le "décret tertiaire" impose de réduire les consommations énergétiques des bâtiments tertiaires dont la surface de plancher est égale ou supérieure à 1 000 m². Précisément de 40 % d’ici 2030 (comparé à l’année 2010). Et même de 60 % d’ici 2050… Voici donc quelques conseils pour réduire sa facture d’électricité.

1. Éclairage LED avec détection de mouvement

L’un des éco-gestes les plus simples à réaliser consiste à s’équiper d’un éclairage LED, dont la performance et la durée de vie dépassent celle des néons et lampes halogènes. Au passage, l’entreprise peut opter pour un système avec détecteur de mouvement et variation d’éclairage en fonction de la lumière du jour. Un sacré plus : "En remplaçant par exemple des tubes fluorescents de 4x18 watt par des LED incorporant un système de gestion d’éclairage, on peut atteindre jusqu’à 75 % d’économie d’énergie", calcule Bruno Laffite, ingénieur à l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe).

Cet établissement public chiffre même le gain en euros. Une bonne rénovation de l’éclairage peut générer une économie d’énergie de 39 kWh par mètre carré de bureau. Ce qui représente 8 euros par mètre carré et par an d’économie (5 euros de moins sur la facture d’électricité, 3 euros sur la facture de maintenance). Question pollution, on évite l’émission de 2,6 kg de CO2… Côté investissement, "l’amortissement d’une rénovation performante de l’éclairage est inférieur à trois ans", précise l’Ademe.

Quel que soit l’équipement de l’entreprise, il reste toujours conseillé d’éteindre l’éclairage intérieur la nuit, le week-end et les vacances. Tout comme de réduire l’éclairage extérieur, notamment publicitaire.

2. Réduire la facture numérique

Tourner l’interrupteur s’applique aussi au parc informatique. Mieux vaut éteindre ses ordinateurs inutilisés le midi et la nuit ou encore programmer la mise en veille des appareils au bout d’un certain temps. " Allumé 24 heures sur 24, un seul ordinateur peut coûter jusqu’à 100 euros d’électricité par an", informe l’Ademe. Arrêter son PC après le travail allonge par ailleurs sa durée de vie. Rien que la mise en veille réduit déjà la facture, l’appareil n’ayant alors besoin que de 20 à 40 % de sa consommation habituelle. Enfin, "les ordinateurs portables consomment 50 à 80 % de moins qu’un poste fixe", toujours selon l’Ademe. Car ils ont été optimisés "de manière à prolonger au maximum l’autonomie des batteries". Ces dernières plombent néanmoins leur impact environnemental, ajoute l’agence.

"Ensuite, le matériel doit être adapté à l’usage. Si vous utilisez un logiciel de design graphique puissant qui oblige votre vieil ordinateur à fonctionner à 100 % en continu, vous consommerez plus d’électricité qu’avec un PC performant", rappelle John Creamer, de l’Institut français pour la performance du bâtiment (Ifpeb). Quant à l’usage des smartphones et tablettes, il ne faut pas hésiter à désactiver des options énergivores (GPS, Wifi et Bluetooth…), quand elles ne sont pas utiles. Autre option possible, mutualiser des équipements. "Supprimez par exemple les imprimantes personnelles faisant doublon avec les imprimantes partagées", conseille John Creamer.

3. Baisser le chauffage de 1°C

À lui seul, le chauffage reste le plus gros poste de dépense énergétique d’un bureau. Là aussi, des pistes d’amélioration existent. Il est possible de moduler la température moyenne : environ 19 ℃ pour les pièces occupées (voire un peu plus sur des postes très statiques), puis 16 ℃ hors période d’occupation, 8 ℃ si les lieux restent vides plus de deux jours, selon la recommandation de l’Ademe. "Réduire d’un degré seulement la température se traduit par 5 à 10 % d’économie à l’échelle d’un bâtiment", souligne John Creamer. D’où l’importance de prendre de bonnes habitudes et de ne pas rechigner parfois à mettre un pull. Pour mesurer et régler plus finement la température, John Creamer conseille d’installer des "têtes thermostatiques" sur les appareils de chauffage. Mais aussi d’en profiter pour lancer au passage des opérations de sensibilisation des salariés.

4. Limiter la clim'

L’idéal étant de pouvoir s’en passer, notamment en aérant le bureau aux heures fraîches, en utilisant au mieux stores et volets. En cas d’utilisation, "réglez la climatisation au maximum à 4 ℃ sous la température extérieure et sans descendre sous les 26℃. Si l’écart entre la température de la pièce et l’extérieur est trop grand, il y a risque de choc thermique", conseille l’Ademe. Comme pour le chauffage, un petit degré pour l’homme constitue un grand pas pour la planète et la facture. Tolérer 1℃ de plus réduira de 5 à 10 % la consommation annuelle de l’équipement.

Mais le système D fonctionne aussi. Responsable du programme Cube, un concours d’économies d’énergie organisé chaque année, et qui réunit des entreprises comme Orange, Carrefour ou BNP Paribas, John Creamer a observé une foule d’initiatives locales. Notamment celle d’une société basée à Marseille, qui occupe des bureaux aux façades vitrées. "Lors des pics de chaleur en journée, les salariés désertent systématiquement les salles de réunion orientées au soleil. Et se retrouvent dans une pièce plus ombragée. Ils coupent ainsi la clim' dans la première salle et en utilisent beaucoup moins dans l’autre", cite-t-il en exemple. Enfin, il ne faut pas oublier que la consommation électrique d’un ventilateur est 20 fois inférieure à celle d’un climatiseur individuel…

5. Installer des équipements performants

Un grand levier pour réduire son empreinte écologique. Qu’il s’agisse de changer son chauffage, son chauffe-eau, sa climatisation… À titre d’exemple, une chaudière à condensation consomme 25 à 30 % d’énergie en moins qu’une chaudière âgée de 25 ans. Certains misent aussi sur la récupération d’énergie. Natixis a ainsi installé un système de froid autonome pour climatiser une salle de marché, associé à un récupérateur de chaleur destiné à produire de l’eau chaude sanitaire notamment", cite John Creamer.

Seul bémol, s’équiper s’avère plus coûteux que les éco-gestes… Et ces opérations se réalisent souvent à l’échelle d’un immeuble. Pour une PME locataire, il peut toutefois être intéressant de contacter ses voisins d’immeuble, en vue d’échanger avec le propriétaire sur ces questions. Et pour convaincre, l’argument du décret tertiaire n’est pas totalement neutre… Car celui-ci prévoit une amende allant jusqu’à 7 500 euros pour les personnes morales (1 500 euros pour une personne physique). "En cas de non-respect des objectifs, propriétaire et locataires seront tous deux pénalisés par les amendes, certes peu élevées, mais aussi par la pratique du name & shame, les mauvais élèves allant être mentionnés sur un site web de l’État, indique John Creamer. Dans tous les cas, les propriétaires vont devoir financer des installations et rénovations énergétiques. Une opportunité pour l’entreprise locataire d’initier une discussion sur les améliorations possibles, voire de partager certains investissements."

6. Réaliser un diagnostic

Pour aller plus loin dans les économies d’énergie, la réalisation d’un audit énergétique (via un bureau d’études ou un ingénieur-conseil), aide aussi d’identifier des pistes d’amélioration. Sur la méthode, les experts conseillent aussi de réunir ses équipes en vue de faire remonter les idées, motiver les troupes et mettre en place un plan d’actions. Le jeu en vaut la chandelle : "Une entreprise peut facilement réaliser 10 à 15 % d’économies d’énergie, sans dépenser beaucoup. Et plus de 30 % via des investissements plus conséquents", assure John Creamer.

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