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Simorep et Compagnie lance la production de butadiène biosourcé
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Simorep et Compagnie lance la production de butadiène biosourcé

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Sur 63 hectares au cœur de la zone industrialo-portuaire de Bassens, Simorep et Compagnie, filiale de Michelin, poursuit le développement de ses technologies dédiées à la fabrication de la bande de roulement des pneus. S’inscrivant dans la stratégie de sa maison mère engagée dans la course au "pneu vert", le Girondin rêve de son usine de butadiène biosourcé, et lance son démonstrateur.

Au sein du démonstrateur de Bassens a lieu la catalyse qui permet de fabriquer du butadiène vert à partir d’éthanol — Photo : © Francois Blazquez

D’aucuns la nomment encore la société du caoutchouc synthétique Michelin. Depuis 1964, celle qui est devenue Simorep et Compagnie (450 salariés, CA non communiqué), filiale à 100 % de Michelin, s’est spécialisée dans l'élaboration d' élastomères de synthèse pour en produire 200 à 250 tonnes par jour. "Nous fabriquons des caoutchoucs qui vont amener de la performance aux pneus, en particulier de la baisse de résistance au roulement, et donc de la diminution du rejet de CO2 au niveau des véhicules", présente le directeur du site, Guillaume Bouquant. Pour ce faire, il faut à Simorep et Compagnie se fournir en matières premières, dont la principale : le butadiène, élément du caoutchouc synthétique qui représente 25 % d’un pneu, qui arrive de raffineries normande, du bassin de Fos et minoritairement de Hollande.

Caoutchouc durable

Dans un contexte de raréfaction des ressources fossiles et de sécurisation des approvisionnements pour Michelin, Simorep et Compagnie lance la production de butadiène vert, au sein de son usine pilote dédiée au projet de recherche et développement Bio-Butterfly (BBF). Un investissement de 25 millions d’euros qui emploie 25 salariés. "Ce démonstrateur industriel préfigure une usine capable de produire 100 000 à 150 000 tonnes de butadiène par an à partir d’éthanol biosourcé. Ce programme a été lancé voilà dix ans aux côtés de partenaires : l’Institut Français du pétrole, l’IFP, et sa filiale Axens", rappelle Pierre Séré-Peyrigain, responsable du développement industriel des élastomères synthétiques.

Alors que cette usine pilote entre dans sa phase de test, notamment des 750 instruments de suivi et de contrôle qui la composent, la prochaine échéance est posée fin 2023. "Au-delà de la faisabilité, il s’agira de vérifier que le butadiène fabriqué ne contient pas trop d’impuretés pour faire du caoutchouc. Il s’agira aussi de son prix de sortie", précise le directeur du site.

Changement d’échelle

Jusqu’alors, ce sont 5 kg par heure, soit 20 tonnes an qui vont être produites à Bassens. Quant à savoir où sera construite "la vraie unité industrielle" : "c’est une décision stratégique qui interviendra en 2024, ou 2025 au niveau du groupe Michelin. Bassens est une option que nous poussons bien sûr", poursuit Guillaume Bouquant.

"Au sein de l’objectif d’aller vers des matériaux durables que nous a confié le groupe, l’enjeu est aussi de sécuriser toute une filière de matières premières durables et d’utiliser de la biomasse de deuxième, troisième, voire quatrième génération pour ne pas être en concurrence avec la consommation humaine ou animale", explique Pierre Séré-Peyrigain.

En attendant, Simorep et Compagnie est engagée dans un autre programme autour de matériaux non plus biosourcés mais recyclés, aux côtés de la start-up canadienne Pyrowave. Le projet Star, conduit également depuis Bassens et de sa zone sud dédiée à la R & D, doit transformer le polystyrène usagé en styrène, autre matière première utilisée dans la fabrication de la bande de roulement des pneus. Bassens espère accueillir le démonstrateur Star et produire 7 000 tonnes de cette matière première, elle aussi indispensable à l’élaboration d’un pneu durable. Réponse dans un an.

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