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Silvadec va créer des usines en Bretagne et en Allemagne
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Silvadec va créer des usines en Bretagne et en Allemagne

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Fabricant des lames de terrasses, clôtures et de façades en bois composite, Silvadec s’apprête à construire deux nouvelles usines. L’une sera basée en Allemagne pour renforcer les activités historiques de la PME morbihannaise. L’autre, construite en partenariat avec deux PME nantaises, sera basée en Bretagne et sera spécialisée dans le recyclage de plastiques.

Le morbihannais Silvadec est leader européen du bois composite — Photo : ©FBetermin - BETERMIN

Une usine peut en cacher une autre. Leader européen du bois composite en Europe, Silvadec s’apprête à construire, non pas un, mais deux nouveaux sites de production. Un défi de taille pour cette PME de 110 salariés, qui réalise 42 millions d’euros de chiffre d’affaires et dont le siège social est basé à Arzal dans le Morbihan. Le fabricant de lames de terrasses, clôtures et de façades dispose aujourd’hui de trois usines - deux dans le Morbihan et une troisième en Bavière. Pour accroître ses capacités et verdir sa production, Silvadec a lancé un important plan d’investissements.

Une nouvelle usine en Bavière

Celui-ci comprend la création d’une seconde usine Allemagne. "Nous disposons d’un site de production en Bavière depuis 2017 où nous employons une quinzaine de salariés. Nous investissons trois millions d’euros pour y doubler nos capacités de production", dévoile Bénédicte Jézéquel, la dirigeante de Silvadec. L’entité allemande de Silvadec a connu, comme le site historique d’Arzal, un boom de ses activités historiques post-Covid. "Nous avons vécu deux années complètement incroyables avec une demande très forte sur nos produits liés aux aménagements extérieurs." Lors de cette période, la PME s’est retrouvée en sous-capacité de production et a affiché des délais importants pour répondre à la demande.

Cette situation a guidé le choix d’investir en Allemagne : "Notre usine d’Arzal arrive à saturation et le foncier est rare localement. Nous avons donc fait le choix d’acheter 20 000 m² de terrains viabilisés en Bavière pour construire une nouvelle usine à l’horizon 2026-2027." Silvadec va investir dans ce projet industriel qui prendra la forme d’un bâtiment de 4 000 m², largement automatisé, qui fera passer les effectifs outre-Rhin de 15 à 30 salariés. L’entité allemande de Silvadec produit des lames de terrasses, clôtures et de façades pour le marché allemand et l’Europe de l’Est. "C’est un point avancé pour servir l’Europe centrale. Il faut aussi savoir que l’Allemagne est aujourd’hui le plus gros marché sur le bois composite."

Une usine pour recycler le plastique en Bretagne

Silvadec va aussi investir en Bretagne, dans une usine portée avec deux autres PME qui permettra à l’entreprise morbihannaise de verdir sa production. Affichant plusieurs certifications (Iso 14 001 et 50 001), Silvadec optimise depuis longtemps la gestion de ses eaux industrielles et a mené un important travail sur sa consommation énergétique, hausse des cours obligent. D’autant, qu’en France, elle a dû faire face à la flambée des prix énergétiques, contrairement à l’Allemagne, où la PME se dit "protégée actuellement des hausses tarifaires avec un contrat plus intéressant."

Pour soigner son impact environnemental, la PME morbihannaise entend aller beaucoup plus loin. Pour cela, elle se lance dans un ambitieux projet collaboratif : la construction d’une usine de "flakes", des pétales de plastiques, issues de déchets plastiques. Silvadec est partie prenante de ce futur outil industriel et elle en sera aussi la première cliente. En effet, ses lames de terrasse en bois composite incluent deux tiers de bois issus de circuits locaux mais aussi un tiers de plastiques. "Nous sommes très dépendants des pétrochimistes sur ce volet, avec des prix et des volumes très volatiles. Outre ce constat, nous trouvions regrettables de ne pas utiliser des déchets plastiques afin de réduire notre empreinte carbone", résume la dirigeante. Si Silvadec s’était déjà lancé dans la collecte d’anciennes lames de terrasses et d’autres produits de bois composites il y a plusieurs années, la volonté est d’aller plus loin pour une entreprise qui veut utiliser 99 % d’éléments recyclés dans ses produits d’ici à 2031.

Précurseurs d’une nouvelle filière de recyclage

Dans cette quête de recyclabilité des plastiques, Silvadec s’entoure de deux PME ligériennes : Acteco, basée à Nantes, qui est spécialisée dans le négoce de déchets plastiques auprès de collectivités, et MC Plast, installée à Divatte-sur-Loire (44), qui fabrique des pièces en thermoplastiques biosourcés. "Avec Acteco et MC Plast, nous avions l’envie de mettre en place un projet de filière bretonne de recyclage de déchets plastiques. C’est ainsi qu’Heuliad a vu le jour."

Après plusieurs années d’échange, Heuliad passe dans une phase plus concrète. La future usine Heuliad sera construite dans le Morbihan, à Elven, sur la zone du Gohelis. Elle devrait être opérationnelle en janvier 2025. Pas moins de 15 millions d’euros seront investis pour ce projet. Dans un premier temps, 12 millions d’euros seront consacrés à la production de ces matières plastiques recyclées. Une seconde phase d’investissements de l’ordre de 3 millions d’euros est prévue pour proposer des granulations ouvrant de nouveaux débouchés.

Silvadec apportera 47,5 % de l’investissement nécessaire à ce projet. Acteco investira le même montant. MC Plast financera les 5 % restants. "C’est un énorme enjeu. C’est enthousiasmant pour l’entreprise, nos collaborateurs de contribuer à la naissance d’une nouvelle filière de recyclage." L’objectif est de produire 10 000 tonnes de plastiques recyclés par an. Silvadec prévoit d’acheter 30 % des volumes d’Heuliad ; les trois porteurs du projet peaufinent actuellement leur offre auprès d'autres clients.

Un process mâture de recyclage du bois

Silvadec n’en est pas à son coup d’essai en termes de valorisation des matières. Ses lames de terrasses associent majoritairement le bois à du plastique ; de quoi garantir 25 ans ses produits avec l’assurance qu’ils soient imputrescibles. Ces bois sont en fait des farines issues de résidus de bois de la scierie Josso (100 salariés et 22 M€ de CA), située également dans le Morbihan, sur la commune de Val d'Oust. La transformation du bois se fait au sein de l’usine Silvadec Fibres (ex C2J), une joint-venture créée par ces deux acteurs du bois. "L’intérêt d’un tel site est sa proximité, la maîtrise du process mais aussi des coûts. Il y a de fortes tensions tarifaires sur le bois énergie. Avec Silvadec Fibres, nous avons mis en place une filière de valorisation et une économie qui restent locales. Mais aujourd’hui, nous arrivons au bout des possibilités sur la valorisation du bois. Il fallait donc s’attaquer au sujet du plastique." Forte de sa vingtaine d’ingénieurs en interne, Silvadec demeure en veille sur d’autres matières naturelles qu’elle pourrait recycler ou revaloriser. "Le 21e siècle sera l’ère de la valorisation des déchets, du recyclage et de la valorisation de la ressource", conclut Bénédicte Jézéquel.

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