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Sigma : "Nous revisitons notre modèle d’affaires pour développer une offre numérique à impact"
Témoignage Nantes # Informatique # RSE

Sigma : "Nous revisitons notre modèle d’affaires pour développer une offre numérique à impact"

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Le groupe nantais de services numériques Sigma s’engage dans une nouvelle étape de son chantier de transformation. Après être devenu entreprise à mission en juin 2023, il revisite son offre pour proposer des solutions informatiques à impacts positifs pour lui-même, ses clients et l’ensemble de la société.

Philippe Oléron, président de Sigma, veut faire du groupe un pionnier du numérique responsable — Photo : Sigma

L’année 2024 représente une nouvelle étape dans la transformation du groupe nantais Sigma. Engagée de longue date dans une démarche RSE, militant pour un numérique responsable, entreprise à mission depuis juin 2023, l’entreprise de services numériques s’est donné pour objectifs de réduire de 40 % par rapport à 2019 ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2026 et de proposer 50 % de solutions écoconçues. Cette trajectoire implique, pour l’entreprise, une remise à plat de son mode de fonctionnement et de son modèle d’affaires. "Je crois profondément que notre engagement vers un numérique à impact est une démarche de long terme. Le premier enjeu est culturel. Il faut impulser l’idée, puis se mettre en mouvement pour acquérir les différents ingrédients permettant d'acculturer toutes les parties prenantes", expose Philippe Oléron, président du groupe de 700 salariés qui réalise un chiffre d’affaires de 74 millions d’euros.

"Révolution culturelle"

Au cours de cette première étape qui s’est étendue sur les années 2022 et 2023, la priorité a donc été accordée à la transformation interne. Les collaborateurs ont été invités à travailler sur les scenarii de l’Ademe. Une centaine d’entre eux s’est impliquée, à raison d’une à deux heures par semaine, dans des ateliers sur l’entreprise à mission. Tous les nouveaux arrivants dans l’entreprise sont désormais initiés à la fresque du climat pour les aider à comprendre le fonctionnement, l'ampleur et la complexité des enjeux liés aux dérèglements climatiques. Certains salariés sont formés à cet outil pour devenir eux-mêmes formateurs au sein de Sigma et, aussi à l'extérieur. "Nous avons effectué un travail de fond qui représente un investissement important. Mais cette révolution culturelle était nécessaire pour partir sur des fondamentaux solides et veiller à embarquer les collaborateurs avant de décliner le plan d’actions", commente Philippe Oléron. Ce travail d’acculturation passe également par des mesures, telles que le remplacement de l’avion par le train comme moyen de locomotion, dès que c’est possible. "Cela apprend à travailler différemment, en s’inscrivant dans un temps plus long, moins haché. Et puis, il y a des bénéfices secondaires : les collaborateurs sont moins fatigués, ils ont davantage le temps de se poser sur un sujet", analyse le dirigeant.

Sigma a adopté la même démarche pour partager sa réflexion avec ses clients et partenaires, en les invitant participer à des temps forts, tels que la croisière à la voile - séminaire The Arch.

Écoconception des offres

L’étape suivante consiste à décliner les objectifs en plan d’actions et en différents chantiers. "Cela impacte aussi bien notre offre qu’il faut revisiter que notre façon de travailler. Par exemple, nous avons fait la promesse au marché de fournir des solutions écoconçues. Et bien, cela nous amène à former nos collaborateurs pour les faire monter en compétences sur les outils et méthodes permettant le développement de solutions écoconçues et mieux accompagner nos clients vers le numérique responsable", avance Philippe Oléron. Au-delà, cette promesse engage également Sigma à revisiter l’ensemble de son offre (produits techniques, logiciels, services…) à travers le filtre de ses impacts sur l’environnement.

Vers de nouveaux modèles d’affaires

Ce sera l’une des priorités de l’année 2024 qui doit être une année d’accélération. "Il nous faut pousser encore plus loin la démarche. Ce qui implique de commencer à élaborer de nouveaux modèles d’affaires en intégrant davantage d’innovation et de rupture que ce que l’on a fait jusqu’à présent. Nous avons, en effet, l’ambition de nous inscrire dans un raisonnement systémique en cherchant à créer de l’impact positif pour l’entreprise, pour le client et la société en général", annonce Philippe Oléron.

Renoncer à du business ?

Pour construire cette offre neutre en carbone, Sigma ne conçoit plus de solution sans examiner avec le client si elle est "utile, utilisable et utilisée." "Nous nous engageons à ne pas produire quelque chose qui ne servirait pas derrière. Nous challengeons énormément nos clubs d’utilisateurs sur l’utilité finale de leurs solutions. L’étape ultime sera de renoncer à du business pour respecter nos engagements. Mais nous ne sommes pas encore mûrs aujourd’hui", confie le dirigeant. À l’avenir, Sigma pourrait, par exemple, renoncer à produire un logiciel qui faciliterait la destruction d’espèces.

Pour l’heure, le dirigeant a conscience d’être en avance de phase par rapport au marché, mais se veut confiant : "de plus en plus de clients se montrent intéressés et sensibles à la notion de numérique à impact. Le sujet est désormais partagé et rencontre un écho positif. À terme, je suis persuadé que notre positionnement sera générateur de business. Sans compter que cela facilite le recrutement de nouveaux collaborateurs", analyse Philippe Oléron. Ce dernier point constitue un atout sur un marché des compétences numériques en tension.

Mesures d’impact

Par ailleurs, pas de trajectoire, ni de plan d’actions sans outils de pilotage. Pour ce faire, Sigma s’est doté d’instruments de mesure. Un bilan carbone est réalisé et publié chaque année, de même qu’un rapport RSE. Plus récemment, le groupe informatique a mis en place un baromètre du numérique responsable. Celui-ci laisse entrevoir des marges de progression sur le sujet, puisque seulement 37 % des entreprises françaises se déclarent familières avec la notion de numérique responsable. Enfin, Sigma avance sur le chantier de la comptabilité en triple capital pour intégrer les enjeux environnementaux et sociaux dans ses bilans et compte de résultat. "Nous avons en ce moment des ateliers pour consolider notre compte de résultat social et environnemental. Pour moi, la comptabilité en triple capital est un élément important qui doit nous permettre à l’avenir d’éclairer nos choix en termes d’offres mises sur le marché", conclut Philippe Oléron.

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