Le groupe Satys Aerospace (2 400 collaborateurs, siège à Blagnac), qui concentre les activités peinture et repeinture d’avions, étanchéité et traitement de surface pour l’aéronautique, voit son chiffre d’affaires 2023 porté au record de 190 millions d’euros (CA 2021 : 110 M€, CA 2022 : 155 M€). Fortement impacté par la crise du Covid, à l’instar de l’ensemble de la filière, avec une perte de 35 % de son activité en 2020-2021, il opère donc un redressement spectaculaire qui lui offre de solides perspectives de développement.
SPI, croissance externe réussie
“Nous bénéficions depuis la mi-mai 2022 d’une reprise forte de l’activité liée à la montée en puissance des cadences des principaux avionneurs, au premier rang desquels Airbus, dont le carnet de commandes est plein pour les dix prochaines années, et Dassault Aviation, explique Grégory Mayeur, son directeur général. Le deuxième phénomène accélérateur de notre chiffre d’affaires, c’est l’intégration en année pleine de la société SPI, rachetée en février 2022. Cette acquisition s’est faite avec succès, elle a vraiment magnifié nos activités avec Dassault et Airbus, notamment Airbus Atlantic. Enfin, nous avons augmenté nos capacités de peinture en ouvrant une nouvelle salle à Blagnac en 2023.” Le groupe avait mobilisé un investissement de 11 millions d’euros pour doter son site d’une sixième salle de peinture, principalement destinée aux avions régionaux de la compagnie ATR.
Croissance à deux chiffres
“Dans un contexte post-Covid qui n’est pas un long fleuve tranquille, tout ceci a été rendu possible par nos équipes qui sont extrêmement engagées”, insiste le dirigeant. Partenaire historique d’Airbus (Commercial, Helicopters et Defence & Space), Satys Aerospace compte parmi ses clients de référence Dassault, Boeing et ATR et de nombreuses compagnies aériennes qui font appel à lui pour le renouvellement de la peinture de leurs aéronefs. Au début de l’exercice 2024, le groupe affiche déjà une croissance à deux chiffres qui devrait se poursuivre dans les années à venir (10 à 12 %), avec une amélioration de sa rentabilité. Il envisage le recrutement de “800 à 900 collaborateurs dans le monde dans les trois prochaines années pour soutenir la croissance organique et la croissance liée à l’ouverture et à l’exploitation de nouveaux moyens industriels dans le monde”, indique Grégory Mayeur.
Un pied dans les écoles
“Jamais l’aéronautique civile et de défense n’aura connu une croissance aussi soutenue, poursuit-il. Il nous revient d’être à la hauteur des exigences des leaders en termes de performances opérationnelles et de respect des délais de livraison.” Pour contourner les difficultés du recrutement, le groupe a lancé son entité Satys Campus en juin 2023. “Nous ne trouvons pas sur le marché de personnes formées, alors nous avons nous-même mis en place notre plan de formation et de tutorat pour faire monter nos compagnons en compétences et les qualifier, précise le dirigeant. Nous allons aussi chercher à l’école les futurs peintres, étancheurs, traiteurs de surface. Nous voulons créer un lien en amont, avant que les jeunes arrivent sur le marché du travail, de façon à leur proposer de les embaucher avant les autres. Nous multiplions les connexions et les partenariats avec des écoles, des instituts, des centres d’apprentissage…”
22 millions d’euros investis en France
Satys Aerospace continue en parallèle d’investir dans ses moyens industriels. Un ticket de 15 millions d’euros, soutenu par la Région Centre Val-de-Loire, est mis sur la table pour améliorer son outil situé à l’aéroport de Châteauroux (Indre), où il exploite deux baies de repeinture “long range” pour l’A330 et l’A340. Les travaux en cours visent à augmenter la capacité de l’une des deux baies afin qu’elle puisse accueillir les avions à fuselage large (“wide body”), l’A350 et le 777 de Boeing. Sa livraison est prévue au tout début de l’année prochaine. Satys Aerospace investit également 7 millions d’euros dans l’installation d’une ligne anaphorèse pour le traitement de surface (lire par ailleurs) sur son site de Dugny (Seine-Saint-Denis), où elle opère pour Dassault Aviation. Inaugurée en janvier 2024, elle va permettre de produire les premières pièces avant l’été. Cette technique innovante, une première en Europe, répond au défi de la décarbonation que Christophe Cador, le président du groupe, a érigé en priorité pour Satys Aerospace.
À la conquête de l’Ouest
Rasséréné par la reprise soutenue de l’activité, Satys Aerospace se lance aussi dans une stratégie d’internationalisation. Déjà présent dans 13 pays dans le monde (Europe, États-Unis, Maroc, Chine, Singapour), le groupe ambitionne de faire du continent nord américain son deuxième marché après l’Europe. “Le continent nord américain a connu la reprise la plus rapide après le Covid, en termes de trafic aérien et de besoins dans nos métiers, détaille Grégory Mayeur. C’est un endroit du monde où nos clients actuels en Europe ont des volontés de s’implanter, de créer de nouveaux moyens industriels de peinture et de les faire exploiter par Satys. En 2025, nous opérerons ainsi au moins deux moyens industriels de repeinture, dans les domaines de l’aviation d’affaires et de la Défense aux États-Unis. Notre volonté est de nous développer sur le continent américain tous segments confondus, notamment sur celui de l’aviation commerciale, en nous développant possiblement par croissance externe. C’est notre priorité. Nous travaillons énormément pour Airbus en Europe mais pas aux États-Unis ni au Canada.”
Nouvelle salle de peinture à Dubaï
Satys Aerospace veut, enfin, étendre son champ d’action au Moyen Orient et en Asie. “Nous sommes en train de construire une salle de peinture “single aisle” (fuselage étroit) à Dubaï, pour adresser le marché de la repeinture locale, annonce le directeur général. Le Middle East est une zone du monde dynamique où se concentrent des flottes énormes. C’est un hub mondial. Une deuxième implantation est prévue, que je ne peux pas encore détailler, que l’on opérera dans un horizon de 18 à 24 mois. Nous voulons aussi massifier nos opérations en Asie du Sud-Est. Nous travaillons actuellement à une nouvelle implantation, notamment pour du MRO (maintenance, repair and operations) sur le segment du “long range” et “wide-body”. Le marché est mondial et notre savoir-faire doit être mondial.”
