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Saint-Gobain PAM remplit son carnet de commandes à l’international
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Saint-Gobain PAM remplit son carnet de commandes à l’international

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Disposant d’un outil de production pleinement opérationnel, le fabricant de canalisations en fonte ductile basé à Pont-à-Mousson, Saint-Gobain PAM, va pouvoir répondre à la demande venant de l’Italie et de l’Angola. Un signal important pour l’industriel, qui investit 20 millions d’euros dans la décarbonation de son outil de production.

Saint-Gobain PAM enregistre deux belles commandes sur les marchés internationaux — Photo : Jean-François Michel

Pour Arnaud Treguer, le directeur commercial Europe du Sud et export de Saint-Gobain PAM (4 500 salariés, CA : 1,1 Md€), c’est un contrat "exemplaire". Le fabricant de canalisations en fonte ductile basé à Pont-à-Mousson, en Meurthe-et-Moselle, vient de remporter un appel d’offres pour le compte de la Compagnie des eaux Acquedotto Pugliese, en Italie.

La production de 623 kilomètres de canalisations va démarrer sur les sites de Foug et de Pont-à-Mousson, pour être ensuite tirées dans le sud du pays, au cœur de la région des Pouilles. "Le gouvernement italien va investir, sur une période de deux à trois ans, un total de 4,3 milliards d’euros, grâce notamment à des Fonds européens, dans les réseaux d’eau potable, d’eau usée et d’irrigation", se félicite Arnaud Treguer.

Un projet pour donner accès à l’eau en Afrique

Plus au Sud, en Afrique, les équipes de Saint-Gobain PAM ont reçu une commande importante venue d’Angola, pour la réalisation du projet BITA, dirigé par le ministère angolais de l’énergie et de l’eau, et cofinancé par la Banque Mondiale et la Banque internationale pour la reconstruction et le développement. "Les premiers contacts autour de ce projet ont eu lieu il y a 12 ou 13 ans", rappelle Arnaud Treguer. BITA est un projet d’approvisionnement en eau potable qui doit permettre d’offrir un nouvel accès à l’eau à environ 3,8 millions de personnes, dans la zone sud-ouest de Luanda, la capitale de l’Angola.

Arnaud Tréguer, directeur commercial Europe du Sud et export de Saint-Gobain PAM, alerte sur le sous investissement chronique dans les réseaux d’eau en France — Photo : Archives - Le Journal des Entreprises

Pour le directeur export de Saint-Gobain PAM, si les canalisations de l’industriel lorrain ont été retenues, "c’est parce que les équipes ont su suivre au quotidien le projet. L’aboutissement est positif, grâce à la volonté du client, à notre savoir-faire technique, mais aussi grâce au support de Bpifrance sur la réassurance, qui participe au montage financier". Les livraisons des tuyaux de grands diamètres, soit 1 600 mm, vont débuter en 2024 et occuper une bonne partie de l’année 2025.

Fin des problèmes techniques sur le haut-fourneau n°2

"Nous démarrons 2024 dans la continuité de la baisse d’activité que nous avons connue depuis l’été 2023, mais désormais, nous nous préparons à une forte montée en charge", décrit Christophe Regnault, le directeur industriel de Saint-Gobain PAM. Liés à la forte humidité, les problèmes techniques sur le haut-fourneau numéro 2, qui avaient marqué la fin de l’année 2023, sont désormais résolus : les équipes de Saint-Gobain PAM vont pouvoir produire pour honorer les contrats. "Dans cette affaire, les équipes ont montré leur savoir-faire et nous avons désormais un haut-fourneau qui, tant dans le thermique que dans la chimie des matières qui sortent, fonctionne très bien", résume Christophe Regnault.

Produisant actuellement 750 tonnes de fonte par jour, le sidérurgiste lorrain va augmenter progressivement les cadences, pour arriver à exploiter, dès le mois d’avril 2024, quasiment à 100 % le haut-fourneau numéro 2, outil industriel capable de produire 200 000 tonnes par an. En parallèle, le four électrique, baptisé Thor, va entrer en jeu, pour arriver à produire "au-delà de 1 000 tonnes par jour" afin de "répondre aux succès commerciaux", précise Christophe Regnault.

Des investissements dans l’usine de Foug

Dans l’usine de Foug, à quelques kilomètres de l’usine de Pont-à-Mousson, Saint-Gobain PAM produit des pièces essentielles à la pose des réseaux de distribution d’eau, tels que celui qui sera livré en Angola : "Ce sont les raccords de grands diamètres", souligne le directeur industriel de Saint-Gobain PAM. Le groupe vient de lancer les opérations de génie civil qui doivent permettre de mettre en service un nouveau four électrique dans l’usine de Foug, baptisé Vulcain.

"C’est quasiment la copie conforme de Thor", précise Christophe Regnault, en décrivant ce nouvel investissement de 20 millions d’euros qui, une fois en service, va permettre d’éviter l’émission de 30 000 tonnes de CO2. "Nous allons remplacer le moyen de fusion existant à Foug, qui est un cubilot (four vertical de fusion des métaux par la combustion de coke, NDLR) nécessitant de brûler du coke, par un four utilisant 100 % d’énergie électrique, qui pourra alimenter deux cuves fonctionnant en tandem".

Liés à la forte humidité, les problèmes techniques sur le haut-fourneau numéro 2 sont désormais résolus — Photo : Jean-François Michel

Baisse sensible des prélèvements en eau

Affichant une capacité totale de 100 000 tonnes, contre 70 000 pour l’actuel cubilot, le nouveau four électrique doit entrer en service en septembre 2025. Non content d’émettre moins de CO2, ce four va aussi permettre à l’industriel lorrain de réduire de 2 millions de mètres cubes ses prélèvements en eau, soit une baisse de 90 %. "Nous allons fonctionner en circuit fermé", précise Christophe Regnault. "Aujourd’hui, le cubilot est refroidi grâce à un circuit ouvert."

Point le plus complexe du chantier, les opérations de raccordement électrique de Vulcain ont débuté en 2022 et devraient s’étaler sur près de trois ans. "Cela nécessite de nombreuses études d’impact et il faut prendre toutes les précautions. Mais le chantier se déroule dans les temps habituels d’une électrification et le planning sera respecté", assure le directeur industriel de Saint-Gobain PAM.

Un marché français qui peine à se relancer

Se voulant "par nature prudent", car travaillant sur des marchés "cycliques", le directeur commercial Europe du Sud et export de Saint-Gobain PAM décrit une situation "paradoxale". "Nous avons de bonnes nouvelles des marchés internationaux qui nous permettent de voir 2024 avec les meilleures perspectives. Mais le marché français reste en berne…", regrette Arnaud Treguer.

Décrivant un marché français se contentant de renouveler ses réseaux d’eau, en déclenchant des "investissements routiniers", le directeur commercial export de Saint-Gobain PAM estime qu’il faut "changer de braquet". "Maintenant, il faut complètement changer d’échelle, faire des grands projets d’infrastructures, réfléchir sur l’impact des réseaux et leur résilience face au changement climatique".

Mettant en parallèle les 470 millions d’euros injectés par le gouvernement français dans le Plan eau et les 4,3 milliards d’euros débloqués par l’Italie sur le même sujet, Arnaud Treguer cite une étude européenne chiffrant l’investissement nécessaire dans les réseaux d’eau à deux milliards d’euros supplémentaires chaque année. Et pour le directeur commercial export de Saint-Gobain PAM, l’outil qui doit permettre aux collectivités d’investir tout en faisant tourner l’industrie européenne existe déjà : c’est la clause de réciprocité européenne.

Sur l’appel d’offres de la Compagnie des eaux Acquedotto Pugliese, les autorités italiennes sont arrivées à choisir des tuyaux de Saint-Gobain PAM du fait de l’utilisation de ces clauses de réciprocité. "C’est pour cela que ce contrat est exemplaire, parce qu’il met en œuvre une clause de réciprocité européenne, un mécanisme qui existe en France, dans le code de la commande publique, mais qui n’est pas suffisamment appliqué : c’est l’article 2153-1", souligne Arnaud Treguer. Ces clauses permettent notamment d’écarter les pays, comme l’Inde, la Chine ou la Turquie, qui n’ont pas signé les accords sur les marchés publics. Pour le directeur commercial export de Saint-Gobain PAM, "cela permet d’avoir une concurrence équitable".

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