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Ronan Guivarc’h (Altec Industrie) : « Il fallait être présent pour les salariés, réfléchir à la reprise »
Interview Bordeaux # BTP # Conjoncture

Ronan Guivarc'h président d'Altec Industrie Ronan Guivarc’h (Altec Industrie) : « Il fallait être présent pour les salariés, réfléchir à la reprise »

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Ronan Guivarc’h a racheté la société Altec Industrie (15 salariés et CA non communiqué), basée à Léognan au sud de Bordeaux fin janvier. Altec, spécialisé dans l’installation électrique, a vu son activité chamboulée par le confinement, une situation déstabilisante pour son repreneur.

Malgré la crise sanitaire du coronavirus, Ronan Guivarc'h, repreneur d'Altec Industrie depuis le 30 janvier, estime avoir fait le bon choix au vu de la bonne santé de l'entreprise — Photo : Altec

Comment avez-vous vécu la crise ?

Ronan Guivarc’h : L’activité de chantier a été complètement arrêtée pendant trois semaines, la majorité de nos salariés ont été au chômage partiel. Nous avons gardé les bureaux ouverts pour gérer l’administratif, le personnel, le paiement des fournisseurs mais aussi la mise en place des mesures sanitaires. À la fin mars, nous étions à la recherche d’équipement de protection. Nous avons pu reprendre la deuxième semaine d’avril.

Vous avez repris Altec quelques semaines avant la crise sanitaire, comment vous êtes-vous senti à l’annonce du confinement ?

Ronan Guivarc’h : J’étais en mode survie. J’avais deux choix : soit je pleurais sur mon sort, soit je prenais les choses au jour le jour. Je ne me suis pas vraiment posé la question : je suis resté lucide, mais pas serein. Il fallait être présent pour les salariés, réfléchir à la reprise. Le rôle du chef d’entreprise, c’est de garder la tête froide dans une situation pareille. Heureusement que la société était très saine, avec un bon niveau d’activité sinon nous n’aurions pas tenu. Nous avons perdu environ 50 % de notre activité entre mars et mai, sur l’année cela devrait représenter 15 à 20 %. Maintenant, des questions vont se poser pour le moyen et le long terme.

Que voulez-vous dire ?

Ronan Guivarc’h : Les projets de nos clients seront-ils maintenus dans les délais prévus ou est-ce qu’ils vont être décalés voire annulés ? Aujourd’hui, la crise a peu d’impact réel. Nos chantiers ne sont pas annulés, et nous recommençons à être sollicités pour des devis. Sur le plus long terme, les évènements que nous traversons nous donnent l’occasion de travailler autrement, miser un peu plus sur le travail à distance pour ne laisser que les ouvriers sur les chantiers, par exemple.

Dans le bâtiment, les corps de métiers dépendent les uns des autres pour avancer. Vous disiez avoir repris mi-avril, comment vous êtes-vous organisés avec vos confrères ?

Ronan Guivarc’h : C’est vrai que les acteurs du BTP sont très liés. Sur la majorité de nos chantiers, nous nous sommes coordonnés avec nos confrères pour reprendre tous en même temps et au même rythme, afin d’éviter les décalages. À Bordeaux, nous avons ainsi été parmi les premiers à redémarrer en avril grâce à cette coordination. Heureusement que nous sommes beaucoup de PME sur ces chantiers : nous pouvons être flexibles en termes de calendrier et il est plus facile de s’entendre.

Maintenant que la reprise est amorcée pour vous, quels enseignements tirez-vous de la crise sanitaire ?

Ronan Guivarc’h : Dans une situation pareille, une PME ne peut se permettre d’être attentiste. Il faut agir vite pour se relancer. Nous avons déjà fait face à des crises sanitaires, la grippe H1N1 par exemple. Pour le coronavirus, la région a été très peu touchée, mais cela a eu d’énormes conséquences sur l’économie. L’avantage c’est que si cette situation devait se reproduire, nous serions prêts à nous protéger. Il faut évidemment travailler en toute sécurité, mais le risque zéro n’existe pas. Nous regardons maintenant vers l’avenir pour rebondir. La première étape sera de déclencher un prêt garanti par l’État dans les semaines qui viennent.

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