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Ribégroupe muscle ses activités en misant sur la croissance externe
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Ribégroupe muscle ses activités en misant sur la croissance externe

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Le négociant picard Ribégroupe conforte ses activités en relançant une vague d’acquisitions. Fin 2021, les rachats de ses homologues PVM et Heintz-Actifrais lui ont permis de passer de 80 à 130 millions d’euros de chiffres d’affaires. D’autres rachats, moins structurants, sont prévus pour muscler ses plus récentes diversifications. Une manière de faire face au contexte inflationniste.

Acteur du commerce de gros sur le grand nord de la France et dans l’Est, Ribégroupe réalise 75 % de son chiffre d’affaires avec l’activité fruits et légumes — Photo : Ribégroupe

Du maraîchage jusqu’au négoce, en passant par le commerce de détail, la famille d’entrepreneurs à l’origine de Ribégroupe s’est positionnée sur plusieurs activités de la chaîne alimentaire au cours de ses huit dernières décennies. Basée à Ribecourt-Dreslincourt, dans l’Oise, cette entreprise familiale a officiellement vu le jour sous sa forme actuelle dans les années soixante-dix. Elle est désormais pilotée par la quatrième génération de dirigeants, en la personne de Jérôme Lavaire. Une histoire de famille qui n’est pas près de s’éteindre, puisque la fille du dirigeant a récemment intégré l’entreprise. À présent, c’est le commerce de gros qui occupe à plein temps Ribégroupe, qui a fait le choix de se séparer de ses derniers magasins dans les années quatre-vingt. "Nous ne pouvions plus maintenir l’activité de commerce de détail aux côtés de celle de commerce de gros, car elle venait concurrencer nos clients dans la grande distribution", explique l’actuel dirigeant.

Exclusivement grossiste depuis les années quatre-vingt-dix, Ribégroupe affiche trois activités principales : les fruits et légumes (près de 75 % du chiffre d’affaires), les fleurs et plantes (15 %), les produits de la mer (10 %). L’ETI en démarre une quatrième, la crémerie, charcuterie et volaille, appelée à se développer ces prochaines années. Sa clientèle se compose de la grande distribution et de la restauration, sur le grand nord et l’est de la France, un terrain de jeu qui n’a pas vocation à s’étendre. "Nous avons encore des parts de marché à gagner sur cette zone. De plus, Ribégroupe appartient au réseau de grossistes Vivalya (1,3 milliard d’euros de CA, NDLR), dont je suis le vice-président. Ses 21 membres ont des territoires d’action cohérents, l’idée n’est pas d’aller s’étendre sur celui des autres."

Une stratégie de croissance externe

Si l’expansion géographique n’est pas au programme, Ribégroupe entend bien poursuivre son développement sur d’autres axes. Le groupe affiche désormais un chiffre d’affaires de 130 millions d’euros, avec 480 salariés, contre 80 millions d’euros sur 2020-2021. Cette croissance a été portée par deux acquisitions majeures : celle de ses homologues PVM, basé dans les Yvelines et Heintz-Actifrais, installé en Meurthe-et-Moselle, qui pesait chacun un chiffre d’affaires de 25 millions d’euros au moment du rachat. Ribégroupe reste à l’affût d’opportunités et compte se renforcer via la croissance externe, une stratégie déjà conduite dans les années 1990 et 2000 et que l’entreprise vient de relancer.

Ces deux opérations, concrétisées en octobre 2021 pour PVM et en décembre pour Heintz-Actifrais, se sont présentées sous la forme d’opportunités. "Les dirigeants de ces deux sociétés souhaitaient passer la main et il n’y avait pas de repreneurs sur les rangs. Leur volonté était de pérenniser leur entreprise, en trouvant un candidat avec des valeurs proches. Nos entreprises respectives affichaient de plus une complémentarité géographique", explique Jérôme Lavaire.

Il lui faut à présent prendre le temps d’intégrer ces entreprises, mais le groupe dispose d’une solide expérience en la matière. De 1992 à 2015, Ribégroupe a développé son activité de négoce n’intégrant pas moins de six entreprises, avant de marquer une pause, jusqu’en 2021. "En 2018, j’ai pris conscience que j’étais seul à la direction de l’entreprise et j’ai voulu la structurer, pour qu’elle soit pilotable sans moi. Il y avait une volonté de pérenniser les choses. J’ai donc structuré le groupe en recrutant un secrétaire général, un responsable RH, un responsable qualité, etc." Une fois la nouvelle structure en place, la crise sanitaire est arrivée et elle a été l’occasion pour l’entreprise de se concentrer sur des opérations d’optimisation, par exemple des flux logistiques, avant de relancer une politique d’acquisitions.

Un accompagnement capitalistique

"Deux acquisitions de cette taille et sur la même période, cela ne m’arrangeait pas forcément, reconnaît le dirigeant. C’est beaucoup d’investissement en temps, en déplacements et en conduite du changement. Mais ce sont aussi des opportunités rares". Pour les financer, Ribégroupe a accueilli au capital le fonds d’investissement régional Turenne Groupe, fin 2021, à hauteur de 10 %. Un autre fonds régional, Picardie Investissement, qui détient 5 % du capital depuis 2007, est resté présent à cette occasion. Les 85 % restants sont détenus par la famille.

Si cette recapitalisation a permis de réaliser ces deux dernières opérations, elle laisse au groupe la possibilité d’en envisager d’autres ces prochaines années, moins structurantes. Le dirigeant évoque notamment une opération à hauteur de 3 millions d’euros, réalisée courant mars, afin de conforter le poids d’un entrepôt existant. De prochains rachats doivent également venir conforter les activités de marée et de charcuterie. "La croissance externe nous permet une montée en puissance plus rapide sur ces activités récentes. Cela nous fait gagner 5 à 10 ans, par rapport à une création depuis zéro : nous avons besoin de légitimité, d’antériorité et de flux suffisants".

Miser sur les économies d’échelle

S’il est important pour le groupe de croître rapidement sur ces activités, c’est aussi parce qu’elles lui permettent de réaliser des économies d’échelle, dans un contexte compliqué. En ce début d’année 2022, Ribégroupe n’était pas encore complètement sorti de la crise sanitaire. "Les jauges et le télétravail, même assoupli, ont représenté une baisse de chiffre d’affaires de 20 % en moyenne par semaine dans la restauration collective. C’est un impact important pour nos clients et donc pour nous, même s’il est difficile de prévoir les conséquences sur l’exercice 2022-2023". Sans oublier l’inflation, venue renforcer les coûts pour le groupe, en particulier en matière de livraison. Ribégroupe dispose de sa propre flotte de camions, avec 250 cartes grises. "Nous livrons près de 4 000 clients au quotidien, d’autres le sont plusieurs fois par semaine… Ces livraisons se font en moyenne sur 300 kilomètres. Nous les optimisons grâce à un remplissage plus important des camions, en intégrant des produits de marée et de charcuterie aux côtés des fruits et légumes". L’activité marée devrait d’ailleurs prendre son envol ces prochaines années, grâce à un investissement de 3 millions d’euros dans un entrepôt dédié à Beauvais (Oise), de près de 1 500 m², qui sera opérationnel dès juin 2023. "Cette activité représente près de 10 % du chiffre d’affaires. Nous voulons la doubler d’ici cinq ans et les dernières acquisitions vont nous y aider", annonce le dirigeant, qui revendique par ailleurs une croissance organique à hauteur de 7 % par an.

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