Réforme des retraites : ce qu'il faut retenir des annonces d'Édouard Philippe
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Réforme des retraites : ce qu'il faut retenir des annonces d'Édouard Philippe

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Le Premier ministre Edouard Philippe a présenté la réforme des retraites ce mercredi 11 décembre, au Conseil économique, social et environnemental (CESE) en précisant le calendrier de mise en œuvre du nouveau système. Les syndicats mécontents appellent au renforcement du mouvement social.

Photo : DR

Édouard Philippe a tenté d’éteindre mercredi 11 décembre le feu social qui embrase depuis plusieurs jours l’Hexagone, paralysé par les grèves des transports, principalement à la SNCF et à la RATP. Dans un discours très attendu devant le Conseil économique, social et environnemental (CESE) à Paris, le chef du gouvernement a détaillé la future réforme des retraites en confirmant l’architecture déjà annoncée du régime de retraite « universel ». Un dispositif proposé par Emmanuel Macron lors de sa campagne présidentielle en 2017 et dont la partition a été transcrite par le rapport Delevoye publié en juillet.

Un système par points

L’objectif demeure : il s’agit de créer un système universel des retraites dans lequel un euro cotisé donne les mêmes droits à tous alors que cohabitent aujourd’hui quarante-deux régimes de retraite différents. Dans le nouveau système voulu par le gouvernement, les cotisations des actifs seront converties en points de retraite, eux-mêmes convertis en euros au moment du départ à la retraite. Des points « bonus » pourraient être accordés dans certaines situations (chômage, congé maternité, accompagnement d’un proche, etc.). Ce système demeure par « répartition », les cotisations des actifs servant à financer les pensions des retraités.

Introduction d’un âge pivot à 64 ans

Si l’âge de départ à la retraite n’est pas modifié (62 ans ou 60 ans dans certains cas comme les carrières longues, la pénibilité, etc.) un « âge d’équilibre » ou « âge pivot » à 64 ans est introduit dans le dispositif. En cas de départ à la retraite avant cet âge, la valeur du point est minorée et bonifie à l’inverse pour un départ après. La date d’entrée en vigueur de cet âge pivot (2025 ou 2027) sera fixée ultérieurement par les partenaires sociaux. Des dérogations seront prévues pour « ceux qui sont exposés à des missions dangereuses » (pompiers, policiers, militaires, gendarmes…) a noté le Premier ministre.

Point notable, alors que le rapport Delevoye prévoyait un retour à l’équilibre des comptes du système de retraite dès 2025 (le rapport du Conseil d’orientation des retraites prévoyait en novembre dernier un déficit compris entre 7,9 milliards et 17,2 milliards d’euros à l’horizon 2025) ? Édouard Philippe a annoncé, mercredi, renoncer à cette recherche de l’équilibre dès 2025.

Une pleine application en 2037

Le Premier ministre s’est par ailleurs engagé à ce que les réserves des régimes des professions libérales soient préservées et a confirmé que les futurs retraités nés avant 1975 ne seront pas concernés par le nouveau régime de retraite universel, le calcul de leur pension n’étant pas modifié par la réforme. Le gouvernement a décidé de n’appliquer sa réforme qu’en 2037. Jusqu’à cette date, les travailleurs affiliés à certains régimes spéciaux pourront continuer à partir à la retraite avant 60 ans.

Pour les futurs retraités concernés par la réforme et qui prendront leur retraite à partir de 2037, leur pension sera calculée d’une double façon : les années travaillées avant 2025 seront prises en compte selon les anciennes règles ; les années travaillées à partir de 2025 seront comptabilisées selon les règles du futur régime. La génération 2004 sera la première à entrer dans le futur système et cotisera au régime universel dès 2022, la transition vers un régime universel de retraite se terminant au moment du départ à la retraite de cette génération, autour des années 2065-2070.

Pour la CFDT, la « ligne rouge a été franchie »

Côté réactions les syndicats ont unanimement dénoncé le maintien de l’âge pivot à 64 ans en particulier la CFDT qui en avait fait un symbole et qui considère que la « ligne rouge a été franchie ». La CGT-Cheminots appelle de son côté à renforcer la grève. Geoffroy Roux de Bézieux, président du Medef se dit lui « plutôt satisfait » et estime qu’il y a « un bon équilibre entre une réforme qui est redistributive […] et la nécessité que tout ça doit être financé par quelqu’un et donc qu’il faut, quand c’est possible, qu’on travaille plus longtemps ».

Le Premier ministre Édouard Philippe a quant à lui fait savoir que sa porte restait « ouverte » à la discussion avec les organisations syndicales.

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