Winco Technologies (15 salariés, 9 M€ de CA en 2022), qui conçoit et commercialise des membranes incombustibles pour le bâtiment, a été racheté en juillet par le groupe américain RPM International. Un mastodonte aux 17 300 collaborateurs et aux 7,3 milliards d’euros de chiffre d’affaires, qui possède des dizaines de sociétés dans le monde dans le domaine des matériaux pour la construction.
"Nous les intéressions pour nos membranes de façades et celles de toitures qu’ils n’avaient pas", explique Éric Faubry, le cédant, qui va rester dans l’entreprise jusqu’en 2025 en qualité de DG. Et pour cause, puisque les produits conçus par l’entreprise costarmoricaine, les membranes incombustibles, utilisées principalement dans le domaine de la rénovation, n’ont presque pas d’équivalents en Europe. "Nous sommes quasiment les seuls à les faire et possédons la gamme la plus large d’Europe, avec des membranes de façades, de toits, pour le bâtiment intérieur, réflectives, imperméables, isolantes…", décline le chef d’entreprise, qui avait racheté la PME en 2014 après une carrière de salarié dans l’électronique grand public.
Explosion à l’export attendue
Si ces membranes incombustibles constituent une niche, elles bénéficient de nouvelles normes réglementaires imposant leur utilisation dans les bâtiments. Par exemple en Angleterre, pour les bâtiments de plus de 17 mètres de haut, à la suite de l’incendie de la tour Grenfell, qui a fait 72 morts en 2017. C’est le cas également dans certains pays du Golfe persique, où Winco Technologies a obtenu la certification de ses produits. De même, les pays sensibles à la chaleur, comme la côte ouest des États-Unis ou l’Australie, tendent de plus en plus à promouvoir ou imposer les matériaux de construction (bardages, membranes, isolants…) incombustibles.
Il n’est donc pas étonnant que Winco Technologies réalise déjà 15 % de son chiffre d’affaires en Angleterre et 45 % au total à l’export. Mais elle le faisait avec les moyens d’une PME. Avec ce rachat par une multinationale, elle va pouvoir compter sur la force de frappe commerciale mondiale de son propriétaire. "Le groupe a par exemple 40 commerciaux en France et plus encore en Allemagne et au Royaume-Uni", se félicite le dirigeant de la PME bretonne. Une fois les équipes formées aux produits de Winco Technologies, son activité devrait même exploser.
Rapatriement de la production
"Notre potentiel de croissance, c’est faire fois 5 ou fois 6 en quelques années", anticipe Éric Faubry. Cette explosion des volumes pourrait amener l’entreprise basée à Ploufragan (Côtes-d’Armor), qui poursuit parallèlement son gros travail de R & D, à rapatrier dans ses locaux une production jusqu’à présent sous-traitée en Corée du Sud pour les membranes réflectives, et en Europe pour les autres. Quitte à agrandir le bâtiment de 1 200 m². "C'est l’un des dossiers auxquels je vais m’atteler dans les prochains mois. Mais nos produits seront également potentiellement fabriqués dans d’autres unités de production du groupe proches de leurs marchés."
En attendant, le chef d’entreprise a dû rassurer des salariés inquiets par la taille et la nationalité de RPM. Neuf d’entre eux ont commencé une formation en anglais. Pas Éric Faubry, qui a pu mener les longues de négociations du rachat en distanciel, sans avoir rencontré les dirigeants de la multinationale. Des équipes des sièges français et européens du groupe sont cependant venues dans les Côtes-d’Armor pour mettre en place certains standards du groupe dans le domaine des finances, de l’informatique ou de la sécurité.
