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Quand les collectivités aident les entreprises à réduire leur facture énergétique
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Quand les collectivités aident les entreprises à réduire leur facture énergétique

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Créée il y a dix ans à Angers par la CCI des Pays de la Loire, l’association Orace a aidé une centaine d’entreprises en 2022. Cet automne est lancée une opération pilote à l’adresse des PME des alentours de Vertou (Loire-Atlantique) pour réduire leur facture énergétique. Cette expérimentation d’accompagnement gratuite d’un an financée par Nantes Métropole pourrait être généralisée.

Présentation de l’association Orace auprès de chefs d’entreprise, à Vertou, près de Nantes — Photo : Thibault Dumas

Les dix places n’ont pas tardé à trouver preneur. Dix PME industrielles du bassin de Vertou (Loire-Atlantique) vont être accompagnées gratuitement par l’association spécialisée Orace pendant un an pour réduire leur facture énergétique. "L’approche de ce "pack énergie" est d’abord collective avec l’apprentissage des bons gestes, etc. Puis elle est individuelle avec un plan d’action précis établi après audit des bâtiments ", détaille Marion Gégot, responsable du développement économique pour le sud-est de Nantes Métropole.

La collectivité finance ce dispositif expérimental porté par l’association, dispositif voué, s’il est concluant, à être généralisé à tout le territoire métropolitain. "L’idée est de semer une graine chez les dirigeants, de faciliter l’appréhension au quotidien de ces sujets-là afin qu’ils prolongent ensuite le travail de leur côté", poursuit Marion Gégot. Pour convaincre les entreprises, la proposition se diffuse à l’échelle d’une zone industrielle, comme ici celle de la Vertonne, à Vertou.

98 entreprises et plus de 2 500 tonnes de CO2

"C’est le bon niveau, fédérateur et accessible. Sur une zone industrielle, on se côtoie, on regarde ce que fait son voisin, on se parle, note Arnaud Guihard, directeur d’Orace. Une offre gratuite ne fait pas forcément venir les entreprises, qui sont plutôt méfiantes. Elles ont besoin d’avoir un interlocuteur identifié, de clarifier le parcours d’économies d’énergie ".

De quoi susciter, par exemple, l’intérêt du site d’Irestal à Vertou (7 salariés sur 40 en France), spécialiste depuis 25 ans du négoce d’inox et d’aluminium (53 millions d’euros de chiffre d’affaires). "Les enjeux pour nous sont de contenir les dépenses d’électricité, ainsi que de recycler la matière, sachant que l’inox peut l’être à l’infini", explique Fabienne Motheron, son attachée commerciale. "De plus, nous devons optimiser les tournées clientèle de notre camion de livraison, afin de réduire les frais déplacements".

Durant l’année écoulée, Orace a épaulé 98 entreprises avec ses programmes, payants ou non. Pour 1,33 million d’euros économisés en tout et une consommation énergétique cumulée réduite de 15 000 MW. Soit l’équivalent de l’émission de 2 583 tonnes de CO2. L’association, créée à l’origine en 2012 à Angers par la CCI des Pays de la Loire, intervient sur l’ensemble de la région et compte plus de 140 adhérents. Elle est financée par le Conseil régional, l’Ademe, par des projets avec les communes, et compte une dizaine de salariés aujourd’hui.

Orace revendique un rôle de facilitateur en amont du travail des bureaux d’études, avec un accompagnement qui va de la comptabilité énergétique à la certification de norme ISO 50001 – soit une gestion méthodique et amélioration énergétique continue. "On a longtemps prêché dans le désert. Quand il y a eu la flambée des prix à la pompe et des factures d’électricité et de gaz en 2022, notre standard a explosé. Mais au fil des mois beaucoup de dirigeants se sont résignés à payer plus sans rien changer", constate néanmoins Arnaud Guihard.

Cas pratique : Mecapack réduit de 30 % sa consommation électrique

Exemple inverse avec Mecapack, une PME bientôt ETI de 250 salariés, installée sur 6 000 m² à Pouzauges (Vendée). Ce fabricant installeur de machines à barquettes industrielles a pris en 2019 son indépendance du nordiste Groupe Proplast (rebaptisé Impact Group). Les 36 millions d’euros de chiffre d’affaires se répartissent ainsi : 50 % de clients dans l’agroalimentaire et l’industrie, et 50 % avec les collectivités locales. "Jusqu’ici nous gérions l’énergie en "bon père de famille" tout en sachant qu’il y avait d’énormes opportunités", retrace Amandine Ageneau, responsable RSE de Mecapack, poste créé en même temps que le démarrage de l’accompagnement par Orace, fin 2020.

Tout a commencé par une première journée de formation commune à la CCI Vendée, à La Roche-sur-Yon. Puis la phase individuelle de récolte des données du site industriel, sur plusieurs jours. "Quels sont les équipements ? Avec quelle puissance ? Quand fonctionnent-ils ? On analyse tout en détail, les factures, les contrats", égraine la responsable RSE. Orace fournit un fichier Excel modèle pour calculer la consommation par poste : éclairage, chauffage, équipement de production, etc. Les animateurs d’Orace se déplacent ensuite longuement sur place, pour scruter chaque poste en prêtant même du matériel (tel que des caméras thermiques). 25 salariés volontaires de Mecapack se sont aussi impliqués dans le processus, par thématique.

"On dresse alors une liste d’actions possibles, plutôt simples d’ailleurs. Par exemple, notre compresseur était réglé trop puissamment. Nous l’avons réduit de deux bars et coupé le week-end", illustre Amandine Ageneau. L’ensemble des néons a aussi été remplacé par des LED. Puis la toiture isolée, l’année passée. "Ça n’est pas fini, en fait, ça ne s’arrête jamais. C’est du suivi quotidien !", remarque la responsable de Mecapack. Finalement, la consommation électrique a été réduite de 30 à 35 % pour un investissement limité de quelques centaines de milliers d’euros.

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