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Plaidoyer pour un management bleu
Avis d'expert Finistère # Ressources humaines

Plaidoyer pour un management bleu

Les organisations du travail maritime privilégient le faire ensemble et la subsidiarité managériale pour confier l’organisation et le pilotage du travail à ceux qui le réalisent et qui en connaissent le mieux la réalité. Une source d’inspiration pour toutes les activités humaines.

Lionel Honoré, Professeur des Universités, IAE de Brest, Université de Bretagne Occidentale — Photo : DR

L’idée de management bleu résulte de l’observation des pratiques organisationnelles et managériales qui ont cours dans le monde maritime. C’est un monde où on entend encore parler de métier, celui de marin notamment. On y trouve des organisations du travail où la notion d’équipe renvoie toujours à l’idée de faire ensemble. C’est enfin un monde dans lequel on ne peut pas tricher avec l’environnement.

La mer permet et contraint le travail. Elle ne peut être ignorée et on ne peut reporter sans cesse les réponses à ses exigences. De ces caractéristiques, nous tirons trois principes pour un management bleu.

Se centrer sur le travail réel

Le premier principe consiste à se débarrasser de la vision technicienne du travail, d’un processus que l’on peut optimiser, mais aussi de la vision idéalisée du "travail bien fait". Il s’agit de se centrer sur le travail réel, celui qui se réalise dans les situations concrètes, avec ses aspérités, ses imperfections, ses solutions bricolées. Il s’agit également d’en finir avec l’idée que le travail peut être découpé en séquences, en sous-activités ou en bloc de compétences. Le travail est une activité globale, réalisée en situation par des personnes qui ont des métiers. Les personnes au travail s’approprient un rôle défini par la situation de travail et les relations professionnelles, mais aussi par des traditions, des codes, l’accumulation sur un temps long de connaissances, de savoir-faire et d’expériences.

Un management humble et pragmatique

Le deuxième principe correspond à la mise en œuvre de la notion de subsidiarité. Il s’agit de renverser la logique managériale classique. Le manager ne doit pas être celui qui sait et qui donne les ordres. Il doit être, le plus souvent possible, celui qui organise les prises de décision par ceux qui sont pertinents, quelle que soit leur position hiérarchique. Il s’agit de prôner un management humble et pragmatique au service du terrain et de la réalisation du travail. Il s’agit également de se délester de l’obsession du contrôle pour confier, chaque fois que possible, l’organisation et le pilotage du travail à ceux qui le réalisent et qui en connaissent le mieux la réalité.

Le troisième principe d’un management bleu consiste à élargir la vision. À prendre en compte le contexte global et notamment l’impact de l’activité sur les écologies environnementale et humaine ainsi que sa contribution au bien commun.

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