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Pionnier de l’éco-construction, Filiater accélère
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Pionnier de l’éco-construction, Filiater accélère

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Avec la terre et les granulats naturels issus des terrassements, Filiater fabrique des blocs et du béton de site qu’il utilise pour construire des bâtiments d’habitation ou tertiaires. Ces matériaux géosourcés sont depuis plus de 25 ans la spécialité de l’entreprise niçoise, qui lève des fonds pour accélérer son développement.

Avec Filiater, Michel Oggero (au centre) s’est lancé dans l’éco-construction dès 1997, fabriquant notamment ces gros blocs de terre comprimée ou de béton de site — Photo : Cyril Sollier

Filiater révolutionne la construction. À son échelle, bien sûr, mais qui commence à faire tache d’huile. Lauréat de l’Ademe à plusieurs reprises et du programme Horizon Europe, soutenu par Bpifrance et la région via Région Sud Attractivité, ainsi que par Alphi, société savoyarde spécialiste du coffrage et de l’étaiement, l’entreprise niçoise est actuellement en levée de fonds avec l’objectif de recruter et doubler ses effectifs à 20 personnes, et de financer la fabrication et le déploiement de ses machines qui lui permettent de produire ses blocs de terre comprimée et de béton de site.

Des techniques anciennes

Sur la petite commune de Charleval dans les Bouches-du-Rhône, la maison de santé que construit Filiater est une nouvelle démonstration de son savoir-faire si particulier, s’agissant d’un bâtiment fabriqué à partir des 572 tonnes des déblais du site (terre et granulats naturels). Rien ne se perd, tout se transforme : pas de terre envoyée à la décharge, pas de va-et-vient de semi-remorques. Une démarche écologique innovante, bas carbone, dans l’air du temps, dont Filiater (10 collaborateurs, CA : 700 000 euros) a pourtant l’expertise depuis plus de 25 ans déjà, en tant que constructeur, bureau d’études et centre de R & D.

"Dès les années 90, alors dans l’immobilier, je me suis beaucoup intéressé au bâti ancien, à l’isolation naturelle, au bois, au chanvre et à la laine de bois qui commençaient à arriver, aux enduits à la chaux, explique Michel Oggero, président fondateur de l’entreprise, géologue de formation, diplômé en droit immobilier et urbanisme. Et en 1995, je suis tombé sur un terrain à Magagnosc près de Grasse, qui a été le point de départ de notre histoire. J’ai eu une vision, je voulais faire "un vieux projet", avec des techniques anciennes de terre et de pierre. J’y ai réalisé une greffe de village. Nous avons recyclé l’entièreté des terrassements, à savoir 1 000 m3 de terre : au lieu de les envoyer à la décharge, nous les avons insérés aux bâtiments. Nous avons mis dix ans pour construire seize maisons. Aucune banque ne me suivait !"

À Magagnosc près de Grasse, les maisons au premier plan ont été construites par Filiater en pierres et mortier de terre issue du site — Photo : Filiater

Par la suite, il y aura aussi des maisons en béton de poudingue (terre du site à base de sable et de galets), là encore en zone sismique, à Nice. D’autres à Levens, dans le haut pays niçois, intégrant pierres et mortier de terre et briques de terre comprimée. Et bientôt donc, une maison de santé de 750 m2, prévue pour être livrée à la fin de cette année à Charleval. Le chantier est réalisé dans le cadre du projet MacroTerre, lauréat de l’appel RRVDB (Réduction, Recyclage et Valorisation des Déchets du Bâtiment) de l’Ademe.

Objectif : une machine par région

Pour ce projet, Filiater a développé sa propre machine, un immense assemblage de 30 tonnes, œuvre du prototypeur de l’entreprise créée de toutes pièces, parmi lesquelles une presse de 7 tonnes datant de 1963. "Elle a un vérin de 1 000 tonnes de compression. Nous l’avons achetée à la casse, dans les Vosges où elle servait à tester le béton utilisé dans la construction de barrages." Une deuxième machine est en cours de fabrication pour être opérationnelle à l’automne. Une troisième suivra l’an prochain, permettant de doubler la cadence de production des blocs de terre comprimée.

Filiater a créé sa propre machine mobile pour produire ses matériaux de construction en terre et géo-sourcés — Photo : Filiater

Prototypage, développement, essais de matériaux, tout est réalisé dans le centre technique de 500 m2 dont dispose Filiater à Cipières, au-dessus de Grasse. Son dirigeant est à la recherche d’un terrain plus important, entre 800 et 1 000 m2, pour y installer son nouveau centre dès 2024, inclus également dans le projet MacroTerre. Chaque machine nécessite un investissement entre 500 000 et 600 000 euros.

D’où l’enjeu de cette levée de fonds. Elle vise 5 à 6 millions d’euros d’ici la fin de l’année et "autant l’an prochain, pour assurer un modèle de développement qui nous permettra d’avoir une machine par région, soit une trentaine d’unités de production d’ici 2027." Un plan de développement qui devrait, à cet horizon, porter son chiffre d’affaires à 30 millions d’euros, étayé par ailleurs par des ambitions à l’international.

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