La manufacture creusoise Pinton s’apprête à emménager dans un nouveau bâtiment de 1 800 m2 à Croze, à une dizaine de kilomètres de son premier atelier de Felletin. Le bâtiment, dans lequel 2,5 millions d’euros ont été investis - abondés par des aides de 750 000 euros de France Relance et 300 000 euros du conseil régional - mise en partie sur l’automatisation. "Nous avons acheté un robot qui pourra fabriquer des tapis de dix mètres sur cinq. Si le procédé fonctionne bien, nous prévoyons d’en acquérir d’autres tout en continuant notre activité traditionnelle de tapis tufté main", explique Lucas Pinton, PDG de la société.
Le nouvel atelier, qui devrait faire travailler une quinzaine de personnes, doit être livré entre fin 2023 et début 2024. Il regroupera la partie fabrication de tapis, la plus importante en termes de chiffre d’affaires, dans un bâtiment "de plain-pied sans cloison pour simplifier et maîtriser nos flux de production". Le groupe, qui emploie désormais 110 à 120 personnes, aimerait à terme y installer une teinturerie. L’ancien bâtiment, construit en 1987, reste en place. "Nous gardons toute la partie tapisserie que nous allons étendre sur d’autres ateliers, bureaux, design et l’administratif."
Raviver l’export
La société a changé de visage depuis l’entrée au capital de Jacana Invest en 2015, dans le but de conquérir de nouveaux marchés. Le tapissier décorateur s’est exporté vers l’étranger, où il réalise aujourd’hui environ 60 % de son chiffre d’affaires. Il a ouvert une première filiale à New York en 2020 et une seconde à Hong Kong fin 2021.
"Cette filiale n’est pas encore rentable, mais nous sommes confiants pour qu’elle le soit l’année prochaine. Nous avons déjà des commandes et des projets en cours, mais ça prend du temps", explique Lucas Pinton. Grâce à une opportunité apportée par le fabricant de meuble sur mesure aindinois Moissonnier, l’entreprise vient d’ouvrir un espace showroom à Dubaï (Émirats arabes unis), en plus de ceux de Nice et de Paris.
Diversification de marchés
Pinton a aussi racheté en 2021 Art de Lys, fabricant depuis 1890 de tissages jacquart à Lys-lez-Lannoy (Nord) et la Manufacture Royale du Parc, en février 2023 après son placement en redressement judiciaire. Vingt-six salariés ont été repris pour relancer l’une des plus anciennes manufactures d’Aubusson, fondée en 1751 et spécialiste du tissage de moquette haut de gamme (wilton).
"Elle travaille pour le ferroviaire, l’aéronautique et fabrique les moquettes pour les cages d’escalier d’immeubles. Nous voulons ouvrir un quatrième marché vers la décoration et l’international en développant des collections de luxe", révèle Lucas Pinton, pour l’heure affairé à "remettre la boîte en service pour retrouver une productivité, un investissement sur plusieurs années entre 300 000 et 1,5 million d’euros".
L’an dernier, il a recruté une spécialiste de la restauration, une nouvelle activité qui répond à ses premiers appels d’offres cette année. "La restauration ne prend pas encore une personne à temps plein. C’est un marché d’institutionnels et de musées dans lequel nous devons faire notre place." Avec une clientèle en grande majorité professionnelle (des livraisons notamment pour des grands hôtels, des showrooms ou le Palais de l’Élysée en 2021), Pinton œuvre désormais à "faire marcher tous ces investissements dans le bon sens, trouver des énergies communes et rationaliser".
