Pêche : « Nos professionnels demandent à être aidés ! »
# Conjoncture

Pêche : « Nos professionnels demandent à être aidés ! »

S'abonner
Après deux mois d'intempéries, la pêche finistérienne est affaiblie. Jean-Jacques Tanguy, président du comité des pêches du Finistère réagit.
— Photo : Le Journal des Entreprises

A
près ces deux mois d'intempéries, quel est l'état d'esprit des professionnels ? Nos pêcheurs ne sont pas abattus. Mais n'oublions pas qu'ils sont payés à la part. Donc pas de pêche signifie pas de chiffre d'affaires et donc pas de revenus. Depuis la première tempête du 23 décembre 2013, nous avons enchaîné les intempéries. Les petits bateaux n'ont pas pu sortir. Certains gros l'ont fait, mais quelques-uns l'ont payé par des avaries (l'un d'eux s'est échoué dans le port de Saint-Guénolé). Nous n'avons eu que de petites fenêtres de tir. Ces dernières semaines, seule la pêche à la coquille Saint-Jacques aux Glénan a plutôt bien fonctionné.










Qu'attendent-ils aujourd'hui ?

Ils demandent à être aidés. Une réunion avait lieu avec Frédéric Cuvillier (ministre de la Pêche) le 25 février. Un report des charges a été négocié. La date de paiement des cotisations sociales du dernier trimestre 2013 a été décalée du 5 mars au 5 juin 2014. Des facilités de paiements de ces cotisations seront mises en place, et pour les entreprises les plus touchées il y aura même des remises gracieuses. De notre côté, nous avons la caisse intempéries qui indemnise les cotisants sur un maximum de 30 jours par an. Mais le système est imparfait, car la cotisation se fait sur la base du volontariat. De plus, nous sommes en mars et nous avons déjà largement dépassé les 30 jours. L'année va être longue. Il y a de nouveaux outils à inventer, que cela soit au niveau régional ou européen.




La pêche baigne dans un contexte économique difficile. Est-elle toujours compétitive face aux équipages étrangers ? C'est vrai que nous subissons une concurrence frontale avec des bateaux irlandais, anglais et espagnols. Rien d'anormal, si ce n'est qu'ils n'ont pas les mêmes charges et les mêmes niveaux de salaires que nous. Cela devient de la concurrence déloyale. D'autant plus que beaucoup d'entre eux, faute de main-d'oeuvre locale, embauchent des ouvriers étrangers, aux conditions sociales de ces pays. Comment voulez-vous que nous luttions ? Des bateaux non rentables chez nous sont rachetés (et les quotas avec) pour être réexploités là-bas, à moindre coût, et deviennent rentables. Sur 70 chalutiers hauturiers en Cornouaille, 8 ont été vendus en 2013, et 4 autres depuis le 1er janvier 2014. Ici, beaucoup de bateaux sont à vendre, mais personne n'a les fonds pour réinvestir. D'autant que la pêche au large n'intéresse plus. Nous avons encore la chance d'avoir des marins locaux. Mais petit à petit, nos jeunes recrues préfèrent la pêche côtière, réputée moins difficile. Ce qui est faux ! Qui dit que nous ne serons pas amenés à embaucher une main-d'oeuvre étrangère ?







Quelles solutions pour enrayer le déclin de la filière pêche ?

Nous sommes la première région de pêche française. Mais nous connaissons une crise continue depuis 1992. Le problème, c'est que celui qui investit aujourd'hui dans un bateau n'a aucune idée de la manière dont il l'exploitera dans 20 ans. Les règles changent en permanence. Certains travaillent sur le bateau du futur. Mais il est déjà à côté de la plaque ! Il a 30 ans de retard ! Ce qu'il nous faut aujourd'hui, c'est un marin du futur : un vrai chef d'entreprise, responsable, qui respecte la ressource en pêchant mieux.

# Conjoncture